Pourquoi je n’ai pas signé le manifeste des 343 salauds pour la prostitution

Déjà, disons-le de suite, je n’ai pas été sollicité par ses initiateurs.

Ensuite, et c’est très personnel, je suis fatigué de voir la droite singer la gauche. On me répondra avec justesse qu’une partie des signataires sont de gauche et, donc, ne singent rien du tout. Étant opposé à l’avortement comme à sa légalisation, la référence au manifeste des 343 salopes me déplaît fortement. Ces deux manifestes ont d’ailleurs un point commun : la prostituée comme l’enfant, c’est le corps d’autrui.

La modernité comme excuse. Sur le fond, je pense qu’aller voir une prostituée n’est plus justifiable comme autrefois, où les mariages arrangés par les parents pouvaient créer une misère affective réelle, où la pudibonderie et le jansénisme étaient un fléau sociétal peut-être équivalent à (et, par le jeu du fameux balancier, cause de) la perte des repères moraux actuelle. Aller voir une prostituée il y a cent ans n’était pas excusable mais sans doute, dans certains cas, explicable. Aujourd’hui, les hommes et les femmes se choisissent librement et ils disposent du temps qu’ils souhaitent pour cela. La prostitution aurait donc dû disparaître. Sans doute la soi-disant libération sexuelle (qui confine à l’obsession) et le déracinement l’ont-ils en fait sauvée, avec ce qu’ils créent comme solitude. Les premiers clients de prostituées sont aujourd’hui les 20-34 ans, les mêmes que touche le fléau du célibat contraint, et selon une enquête du Nid, 65% des clients de prostituées sont célibataires. Il faut y ajouter les clients immigrés qui vivent loin de leur moitié restée au pays avec les enfants, ainsi que le montrent les nombreuses femmes sur le trottoir à Belleville, par exemple.

Touche pas à la famille ! Un petit tour sur le blog “Paroles de clients”, où sont compilés des témoignages de clients, montre à quel point la prostitution chosifie la femme et animalise l’homme. De mon point de vue, ni l’une ni l’autre n’en ressortent grandis. Aussi, je pense que le vrai débat n’est pas “pour ou contre la prostitution” mais “comment réduire le recours à la prostitution”. La capacité à s’engager, l’alliance féconde (pas forcément comme on le souhaiterait) et durable d’un homme et d’une femme, l’arrivée d’enfants si Dame nature veut et/ou l’engagement au service d’autrui et la transmission des valeurs, voilà une arme décisive contre la prostitution, qui ne stigmatise personne, ni les clients ni les femmes. Malheureusement, avec la dénaturation du mariage et l’instauration d’un droit à l’enfant, le gouvernement Ayrault abîme un peu plus la famille tandis que les ministres sont tous favorables à la pseudo-libération/vraie obsession sexuelle et invariablement pro-déracinement. Cela rend d’autant moins crédible la position abolitionniste dont ils se réclament. Ne dit-on pas que “Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes” ?

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123 Comments

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  • MCT. , 1 novembre 2013 @ 21 h 37 min

    “Aujourd’hui la prostitution, demain la pornographie : qu’interdira-t-on après-demain ?”

    On devrait peut-être commencer par la pornographie.
    C’est un fléau qui touche toute la jeunesse, de plus en plus la prime jeunesse, avec des conséquences épouvantables pour l’équilibre de notre société et la virilité des jeunes garçons à qui il en faut toujours plus. La pornographie est une forme d’infidélité, de dérèglement des relations amoureuses. Une addiction qui rend malheureux.
    Bref, une calamité. Très déçue moi aussi des signataires de ce manifeste.

  • Jean Dutrueil , 2 novembre 2013 @ 12 h 55 min

    Cher Azerty,

    En plus de déverser des “poncifs antichrétiens”, j’écris carrément des articles sur le site, car il est tenu par des gens ouverts désireux de faire parler tous les mouvements de droite.

    Le site novopress de tendance païenne, interview pourtant les directeurs du salon beige et et du rouge et du noir.

    Il est important que toutes les tendances se sachent même si cela peut troubler et susciter la réflexion plutôt que d’être chacun confortablement dans sa chapelle, c’est par la confrontation des idées de droite que sortira un projet commun pour redresser notre pays.

    Sachez néanmoins comme je l ai dis 1000 fois sur le site que je respecte profondément les chrétiens, et il y a des choses que j’aime dans le christianisme même si je dénonce ce qui me semblent des travers, et que les poncifs que je donne sont malgré tout des faits historiques objectifs, je n’invente rien, Bien à vous

  • azerty , 2 novembre 2013 @ 15 h 13 min

    Vos partez d’un paganisme qui serait “un”, d’un monde païen un, comme s’il n’y avait aucune différence entre Aristote, que certains catholiques prendront pour être le père de la modernité laïque et de la décadence européenne qui aurait débuté avec la “Renaissance”, et Héraclite, comme s’il n’y avait aucune différence entre la pensée des philosophes et celle des tragédiens (et entre celle d’Eschyle et celle d’Euripide ! relisez votre Nietzsche), et celle des politiques. Et quand on lit l’histoire à travers les lunettes de Heidegger, cela devient encore plus amusant, quoique désespérant, mais il y a une honnêteté qu’on ne retrouve pas, comme si l’Europe était marquée par une tare consubstantielle signe de son Destin tragique.
    Bref, pour vous ce qui n’est pas monothéiste est païen et lié par la même “pensée” et par le même esprit, mais lequel ?! Je le cherche encore ! Le mythe et l’imagination -contre la rationalité monothéiste d’où découle un dualisme mortifère- selon de Benoist ? La bonne blague. A ce titre on classera Breton, et tous les poètes depuis Rimbaud parmi les penseurs “païens” avec Hölderlin, c’est ça ? Sauf qu’il y a à peu près autant de différence entre Breton et Hölderlin, qu’entre St Augustin et Michel Onfray.
    Ce que vous dites ne me trouble pas, mais m’ennuie et parfois me fait sourire : trop d’approximations, de catégories grossières, de mauvaise foi. On croirait quelqu’un qui vient de lire quelque passages de la Bible et qui s’imagine avoir tout compris tel un protestant, alors que pour un catholique le texte doit être interprété en accord avec la Tradition qui fait un peu office de grille de lecture et de principe directeur d’interprétation -c’est la même chose quand on interprète un texte du code civil. Certains dans votre chapelle pensent que le christianisme fut un complot Juif pour abattre l’empire romain. Est-ce un de ces “faits objectifs” dont vous parlez ?
    Sachez juste une chose, s’il y a encore des gens qui affectionnent encore un peu de culture classique, c’est parce qu’il y aussi encore un peu de catholicisme dans ce pays.
    A la vérité le deux héritages catholique et gréco-romain sont intimement liés, n’en déplaise aux grincheux de tous bords.
    Que des sites d’orientation chrétienne vous offre des tribunes aussi aisément pour venir déverser votre fiel sur le christianisme est révélateur de la décadence du christianisme en France ; c’est le signe que le christianisme n’est plus qu’une ruine, qu’un concept évanescent, ou pire, qu’il a été réduit à une “éthique” ! Ce “tendre l’autre joue” que vous ridiculisez vous arrange bien dans ces cas là. C’est un peu la situation de l’immigré qui maudit ouvertement la France mais qui est bien content d’être accueilli à bras ouverts chez le bon con de français.

  • Robert , 3 novembre 2013 @ 14 h 32 min

    D’accord avec l’article.
    La prostitution a été vu comme un moyen révolutionnaire. Elle est aussi un esclavage réel, les maisons d’abattage ou la drogue rendant dépendante donc esclave voire pour gagner de l’argent pour étudiant/es, etc…
    C’est la misère affective qui est intégrée à la loi du marché.
    Le nombre de viols ne diminue pas, pas plus qu’avec la pornographie. Dans les deux cas,, la violence et la chosification de l’autre ne font que croître.
    L’éducation, la responsabilisation des actes, l’altruisme, le sens du sacrifice car il en faut pour devenir chaste, ne sont finalement pas du tout ringards.
    C’était une ancienne prostituée, ou mondaine si vous préférez, Marthe Richard, qui à la Libération a fait fermer les maisons closes. Paradoxalement apparemment avec mon rejet de la prostitution, les maisons closes offraient quelques sécurités aux femmes et aux clients et ne tentaient pas autant le premier venu d’avoir recours à ces services.
    Mais dans tous les cas, ça reste du domaine de la misère affective et du degré zéro de l’amour.

  • Robert , 3 novembre 2013 @ 19 h 10 min

    ” c’est Saint Louis qui après une tentative de d’éradication érigea des normes pour les maisons closes en vigueurs jusqu’en 1946″
    C’est ce qu’on appelle un moindre mal toléré pour éviter un mal encore plus grand, l’exposition des femmes, des “clients” et de la population à la prostitution publique.
    Mais ce n’est en rien une justification ou une légalisation de la prostitution, qui existait, mais une décision d’un roi.
    Quand aux possessions des abbayes, j’ai entendu beaucoup de choses, mais j’aimerais beaucoup des preuves historiques. Historia n’est pas forcément un gage de sérieux.

  • eric-p , 3 novembre 2013 @ 19 h 10 min

    Ce n’est pas parce que l’église a été “faible”
    sur certains aspects sociétaux à un moment
    ou à un autre de son histoire (attitude
    de St Paul sur l’esclavagisme voire la position
    de Pie IX sur ce sujet par exemple)
    qu’il faut la rejeter pour autant.
    Comme vous je déplore certaines erreurs de l’église catholique.
    Qu’auriez-vous fait à leur place ?

  • eric-p , 3 novembre 2013 @ 19 h 45 min

    Pas forcément !
    Il y a un système de lois dans ce pays qui fonctionne plus ou moins bien et qui est globalement respecté par nombre de nos concitoyens.
    Par principe, je crois en l’homme malgré toutes ses bassesses.
    Si vous regardez comment évolue la société,
    vous constaterez comme moi que beaucoup de choses sont créées pour l’épanouissement des individus.
    Suivant régulièrement les progrès scientifiques, je peux vous dire qu’il y a de très nombreuses personnes qui effectuent des miracles pour que la société change dans le sens du christianisme.

    Fatalement, à moins que la soiciété explose,
    les progrès techniques contribueront à donner plus de chances aux personnes défavorisées pour un accès à une éducation digne et responsable.

    Je pense par exemple à DSK, le fameux politique qui s’est totalement fourvoyé dans la débauche.
    De manière inespérée, son “expérience”
    est une leçon,une chance pour les chrétiens, car elle illustre grâce à tous les moyens médiatiques modernes, de ce qu’il ne faut pas faire.
    Fatalement, DSK est tombé de son piédestal
    et j’ose encore espérer qu’il va tirer les conclusions de ses propres expériences qui l’ont menées là où il est aujourd’hui.

    La débauche sexuelle, à l’évidence, ne mène à rien, pas plus que l’alcoolisme, les drogues et les toxicomanies.
    Ceux qui font avancer le pays aujourd’hui se tiennent vraisemblablement éloigné de tout ça.

    Tôt ou tard, l’homme sera débarassé des tâches subalternes qui mènent bien souvent à sa propre aliénation.
    La société reposera donc sur le développement culturel et scientifique qui se développera beaucoup rapidement qu’aujourd’hui grâce à l’intelligence artificielle.

    Dès lors, quelle place restera-t-il à la prostitution en occident ?
    Elle sera forcément vaincue.

    Ça prendra du temps,une deux dix générations de dirigeants politiques mais nous y parviendrons parce que les enjeux sont trop importants.

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