Tribune libre de Jacques Langenin*
En ces temps de guerre totale à l’UMP, où s’affrontent candidats à la présidence et motions aspirants à devenir « mouvements », la Droite forte est une petite entreprise qui ne connaît pas la crise. La motion de Guillaume Peltier et de Geoffroy Didier, secrétaires nationaux du parti, est en effet une PME innovante en matière de manipulation médiatique. Après seulement quelques mois d’existence, elle se positionne déjà en pointe dans le domaine du gavage sondagier de militants peu au courant des manœuvres parisiennes.
Depuis quelques temps, la motion de la « Droite forte », habillement nommée ainsi en référence au slogan de campagne de Nicolas Sarkozy puis carrément sous-titrée « Génération Sarkozy », caracole en tête des sondages. Les leaders de La Droite forte se gargarisent notamment d’un superbe sondage de l’Ifop publié dans Le Figaro du 22 septembre dernier, pronostiquant une large victoire de leur motion au congrès avec 39 % d’intentions de vote face aux sept motions concurrentes. Rien que ça.
Nous n’oublierons point de rappeler ici que ces sondages ont été réalisés sur de misérables échantillons de sympathisants UMP (422 personnes interrogées pour celui de l’Ifop), et non d’adhérents, qui eux seuls pourront voter en novembre prochain. Néanmoins, on ne peut pas éluder le caractère spectaculaire des scores donnés par ce sondage, au-delà même de la pertinence semble-t-il limitée de la technique utilisée. Loin de moi l’idée de mettre en doute la compétence, le sérieux ou l’intégrité de cet institut, mais je me permettrais tout même de donner un complément d’information. L’objet de cette tribune n’étant pas de dresser le portrait de Guillaume Peltier – bien qu’il soit une personnalité aussi politiquement insignifiante qu’humainement détestable – je m’en vais simplement éclairer une infime part de ses activités.
Quand M. Peltier ne bave pas sa soupe pseudo-droitarde sur le plateau de Ruth Elkrief, sachez qu’il s’occupe de sa propre PME de communication politique, baptisée « Com1+ ». Cette société publie notamment La Lettre de l’opinion, un magazine numérique bimensuel de décryptage des sondages, réalisé en partenariat avec… l’Ifop. On peut donc légitimement s’interroger sur les liens commerciaux qui unissent Guillaume Peltier à cette société de sondage.
Si l’on creuse un peu sous la couche de maquillage télévisuel, La Droite forte apparaît donc très manifestement comme une construction purement médiatique, une machine de guerre édifiée sur mesure pour deux trentenaires aux dents aussi longues que leurs convictions sont modulables. L’ambition est une chose, le reniement et la traîtrise en sont d’autres.
En effet, lancée au lendemain de la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, La Droite forte est, qui plus est, une trahison de Guillaume Peltier envers le collectif parlementaire de la Droite populaire qu’il a pourtant lui-même cofondé avec Thierry Mariani et Patrick Buisson en 2010. Longtemps freinée par ses propres membres pour garantir l’union de la majorité présidentielle, la transformation du collectif en mouvement interne à l’UMP a été naturellement initiée au début de l’été dans la perspective du congrès de novembre. Quelle ne fut donc pas la surprise des députés estampillés « Droite pop » de voir Guillaume Peltier voguer vers de nouveaux horizons, une nouvelle fois.
L’agacement des partisans de la Droite populaire – dont je suis – est aujourd’hui palpable face au succès artificiel de ce courant créé spécialement pour le congrès, dans l’unique but de servir les intérêts personnels de politiciens qui ont fait de la communication leur métier. Mais s’ils peuvent détourner un certain nombre de nos idées, ils ne pourront jamais faire transparaître dans leurs beaux discours l’idéal qui anime les vrais patriotes, celui de la France éternelle. À la Droite populaire, nous concevons l’engagement politique comme un service à la France et non comme une chasse aux postes. La Droite populaire a l’expérience parlementaire, elle est animée par l’esprit du peuple de France et désormais poussée également par sa jeune garde. Nos députés ont fait leurs preuves à l’Assemblée nationale dans la défense des intérêts de la France et des Français, pas sur les plateaux de télévision. Alors, le 18 novembre, préférons l’original à sa pâle contrefaçon.
*Jacques Langenin est membre de l’UMP et de la Droite populaire.
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