En réalité, que l’on autorise ou que l’on interdise le burkini, on est dans tous les cas face à deux mauvais choix.
L’interdire et se tenir à cette interdiction, cela aurait d’abord consisté à arrêter de se voiler la face – c’est bien le cas de le dire – et de cesser d’invoquer de façon totalement lâche et hypocrite la laïcité, alors qu’elle garantit au contraire le droit à la liberté de conscience et de culte. La laïcité est d’ailleurs l’arme même dont se servent les islamistes alors que l’islamisme ne peut qu’être convaincu par une réaffirmation de ce que nous sommes en tant que civilisation héritière de 2000 ans de christianisme. La laïcité vide l’espace public de toute dimension transcendante en mettant toutes les religions sur le même plan, ignorant par conséquent les spécificités propres à l’islam, qui réinvestit le spirituel abandonné par la culture post-moderne mais qui, parce qu’il ne distingue pas les deux sphères, cherche aussi à occuper aussi le champ temporel et à rentrer en confrontation avec l’autorité de l’Etat. Pourtant, la presse et les idiots utiles de l’islamisme continuent à appliquer à l’islam notre propre lecture relativiste et a-religieuse qui consiste à traiter le burqini comme un vêtement de plage totalement anodin au même titre que le bikini ou le short de bain, rhétorique que reprennent habilement les islamistes. Or, parce que l’islam occupe la sphère temporelle, ce n’est pas qu’une religion, c’est aussi, et d’abord même une idéologie politique cherchant à s’étendre par la force, tout en utilisant sournoisement les largesses de notre droit et du système de valeurs sur lequel il repose – laïcité donc, et son corollaire, la liberté de conscience – pour imposer notamment et progressivement chez les musulmanes l’idée du foulard, puis du voile, puis du burqini, puis de la burqa, jusqu’à ce que des jeunes filles non-voilées, y compris non musulmanes, devenues minoritaires dans certains quartiers, soient obligés de choisir entre le viol ou le voile, entre le niqab ou le fait de finir niq…ées tout en déclarant face caméra, qu’il s’agissait là d’un choix, tant le lavage de cerveau a bien opéré (si tant est qu’il y ait quelque chose à laver, mais passons). Où s’arrêtera-t-on ? Interdire le burqini aurait permis de mettre une limite claire et un premier coup d’arrêt à cette subversion et à aux provocations manifestes qui l’accompagnent sous couvert d’une liberté des femmes, et de libertés tout court, instrumentalisés sournoisement pour mieux être combattues ensuite.
Pourtant, même si les femmes portant le burqini ne sont pas toutes conscientes de la subversion à laquelle elles participent, et même si l’on peut admettre qu’elles le font par volonté délibérée de cacher par pudeur leurs atours (qui ne le sont pourtant plus au contact de l’eau) à la concupiscence des hommes ou par souci sincère de piété (bien que la piété ne se mesure pas à l’aune du nombre de cm2 de tissu que l’on porte sur la peau) comme le Conseil d’Etat l’a dit en substance, l’Etat n’a pas les moyens juridiques, et ne peut les avoir – sauf à glisser dans le totalitarisme – pour interdire ce qui relève matériellement de la liberté de se vêtir et de la liberté d’aller et venir, dans la mesure où le trouble à l’ordre public, comme évoqué dans le paragraphe précédent, est difficilement caractérisé, car il est bien plus diffus, sournois et subtilement distillé par des petites provocations d’apparence anodine qui sont difficiles à matérialiser concrètement dans le plus vaste ensemble d’une entreprise pourtant bel et bien concertée à coups de pétro-dollars saoudiens et d’idéologie gauchiste qui joue le rôle d’idiot utile (ou plutôt d’idiots particulièrement nuisibles). Cette interdiction ne peut donc que conduire à des images absurdes et il est vrai choquantes, comme celles qui ont fait le tour du monde d’une femme forcée de quitter son voile sur une plage niçoise (même s’il apparaît manifeste qu’il s’agit là d’un coup monté, ce qui ne peut que souligner la logique également évoquée dans le paragraphe précédent). Encore une fois, notre système de valeurs et les droits fondamentaux qu’ils consacrent nous empêchent d’avoir les armes pour combattre cette subversion islamiste, qui se nourrit de notre conception objectiviste et rationaliste du droit. Nous sommes forcément battus d’avance parce que ces armes avec lesquelles nous sommes censées combattre, c’est à dire les armes de l’Etat de Droit et le corpus juridique des Droits de l’Homme qui l’accompagnent, sont et ne peuvent qu’être utilisées contre nous. Inévitablement.
Cette interdiction pose, outre le problème juridique, des effets contraires à ceux initialement recherchés et évoqués dans le premier paragraphe. Nul doute que la publicité faite autour de cet accoutrement accrédite l’idée d’une victimisation des musulmans abondamment relayée par la presse et les intellectuels de gauche, qui servent sur un plateau d’argent – et disons le clairement, avec une complicité incidente – de nouveaux arguments et de nouvelles recrues pour que Daesh nous frappe à nouveau, tout en laissant entendre de façon totalement scandaleuse que nous avons finalement bien mérité ce qui nous est arrivé en Juillet et en Novembre derniers.
Fallait-t-il donc interdire ou autoriser le burkini ? Il n’y a pas de dilemme en réalité, car quelle que soit la réponse, dans tous les cas, l’une comme l’autre est mauvaise : pile tu perds, face, tu perds aussi.
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