L’effondrement des deux anciens partis de l’alternance est d’abord la conséquence d’une punition infligée par le corps électoral à l’absurdité idéologique et à inefficacité du premier, le parti socialiste et au vide intellectuel et moral du second, Les Républicains, largement compensé par le trop-plein des ambitions et des rivalités. Le troisième, le Front National pouvait tenter d’incarner le « moment populiste » puisque Fillon n’avait ni la volonté ni le profil de l’emploi. Il a trop privilégié l’Europe et l’Euro, au détriment de l’immigration et de l’identité. Sur d’autres questions, il luttait contre la peur. Sur le thème choisi, c’est lui qui faisait peur, et accentuait ce sentiment avec le manque de maîtrise et de compétence de sa candidate, sur quoi les médias ont pu appuyer une hostilité qui ne s’est jamais démentie, malgré l’évolution évidente de ce parti. Si on peut aussi souligner le rebond de l’extrême-gauche avec La France Insoumise, il faut y voir plutôt une concentration de tous ceux qui n’aiment pas notre pays, en raison de son « système » et aussi pour lui-même, comme en témoigne sa députée récemment élue, Mme Obono. Cela n’est pas une résurgence du souverainisme de gauche chevénementiste. Le patriotisme y est absent. Le paquebot de la majorité présidentielle largement victorieuse a son passager clandestin, le MoDem, déjà marginalisé. En Marche est donc le seul et grand gagnant parce qu’il a bénéficié de la sévère correction subie par les autres.
Beaucoup des Français qui ont voté , c’est-à-dire une minorité des électeurs, majoritairement dégoûtés par les élections de 2017, ont donc pensé faire oeuvre de salubrité. Fatigués par les mensonges des uns et des autres, ils ont ouvert les fenêtres du renouveau en faisant entrer un courant d’air frais. En faisant cela, sans doute ont-ils prêté la main à la plus grande supercherie politique que notre pays ait jamais connue. Ils avaient voté non à Maastricht. Ils ont le président et la majorité la plus maastrichienne que l’on pouvait craindre. Un mouvement puissant s’est levé en 2013 contre le mariage unisexe au nom de la sauvegarde d’une anthropologie raisonnable. Les forces qui lui sont opposées, qui soutiennent Macron et qui dominent dans les médias, ont écrasé la résistance, réussi à marginaliser voire à diaboliser, ce qui est un comble, Sens Commun, au point de le rendre infréquentable aux yeux de certains Républicains. Le Comité Consultatif National d’Ethique vient de se prononcer en faveur de la PMA pour les « couples » lesbiens voire pour les femmes seules. La société sans père est en marche. Bien sûr, il faut relativiser la légitimité de ce « machin », cette autorité administrative indépendante, chargée comme la plupart des autres de démembrer et de masquer l’autorité démocratique. Ses membres sont désignés. Le dernier renouvellement, celui de Septembre 2013, laissait présager cette évolution, politique à l’évidence. La marche de la France est-elle vraiment ce que souhaitent les Français ? On peut s’attendre à un réveil brutal lorsque la morphine des violons médiatiques aura cessé son effet.
La douche fiscale, qui sera justifiée par le gouvernement en raison du dérapage budgétaire de 9 Milliards d’Euros que vient de pointer la Cour des Comptes, touchera une bonne partie des Français, notamment les retraités avec l’augmentation de la CSG. Les syndicats ne resteront pas impassibles devant les réformes touchant le code du travail. L’augmentation du chômage et le délitement de notre industrie, avec de nouvelles fermetures d’usines, accentueront le sentiment du déclassement de notre pays. Le remplacement de population de plus en plus visible, favorisé par une politique ouvertement favorable à l’immigration, renforcera le courant identitaire. Ce n’est pas la prétendue politique de « moralisation » qui compensera ces déceptions. Les élections du Président de l’Assemblée, comme ceux des présidents de groupes, sont déjà le signe que morale et politique ne font pas route ensemble. Le Président de l’Assemblée est un écologiste qui avait quitté les verts, puis avait participé à la primaire de la gauche en s’engageant à soutenir le vainqueur de celle-ci. Il s’est comme Valls, rallié à Macron. Lorsque l’ambition l’emporte sur l’honneur et la fidélité, peut-on en être récompensé en devenant le 4ème personnage de l’Etat ? Quant à l’ancien socialiste Ferrand, lui aussi empêtré dans des affaires, devait-il être « désigné » comme le président d’un groupe aussi pléthorique que dépourvu d’expérience et d’autonomie ? La désertion d’élus « Républicains », qui ont bénéficié de cette étiquette et constituent aujourd’hui un autre groupe en raisons d’ambitions ou d’orientations personnelles, n’est pas non plus une démarche qui doit inspirer la confiance des Français dans la moralisation de notre vie politique et de son personnel.