La nationalité se mérite.. et doit pouvoir se perdre !

Marine Le Pen vient de se prononcer contre la double nationalité en réaction aux débordements et aux violences inacceptables qui ont suivi les matchs du « Mondial » auxquels participait l’Algérie. Ces faits, même si une partie de la presse en minimise le nombre et l’importance, ont une charge symbolique lourde. L’immigration d’origine algérienne a une place spécifique dans notre pays. C’est la plus nombreuse. C’est à la fois la plus proche dans la mesure où jusqu’en 1962, le territoire aujourd’hui algérien était constitué de départements français. Il y a beaucoup d’Algériens nés Français y compris en Algérie où la pratique de la langue française est très répandue avec de fréquents aller-retours entre les pays. Mais c’est aussi un pays qui entretient avec la France des relations souvent passionnelles héritées de la guerre menée contre la France par le FLN. On ne peut pas dire que la paix des braves voulue par le Général de Gaulle fût une réussite. Les accords non respectés par ceux qui ont reçu l’Algérie en cadeau, les massacres, l’exode des Pieds-Noirs et des Harkis, le choix politique du pouvoir algérien d’utiliser le ciment d’un ressentiment envers la France ont créé une situation inutilement complexe. Les Algériens, les Kabyles en particulier, sont des immigrés qui pourraient le mieux s’intégrer dans notre pays si le passé n’avait pas été entretenu de manière malsaine. L’exhibition du drapeau du FLN devenu celui de l’Algérie sur les Champs-Elysées ne peut qu’ulcérer une partie des Français, ceux qui ont dû fuir leur terre natale, ceux qui se sont battus au nom de la République pour « pacifier » les départements devenus algériens, et tous ceux qui ressentent la provocation contenue dans cette occupation de l’espace public et les violences qui l’accompagnent. Les autres « communautés » immigrées ne se livrent pas à ces excès qui mobilisent des forces de l’ordre sans doute plus utiles ailleurs.

Donner à cette question la réponse de la fin de la double nationalité n’est pas sérieux, et d’ailleurs Mme Le Pen qui défend logiquement les idées de son parti, et qui est la seule pour qui on trouve cela anormal, ne s’est pas arrêtée à cette solution. Néanmoins, en la mettant en avant, elle prête le flanc à la critique. La double nationalité peut être un problème. Son interdiction n’est pas la solution. Le simple bon sens voit la difficulté : lorsque dans un stade, des gens qui ont les deux nationalités des équipes qui s’affrontent, ne se contentent pas de soutenir l’une plutôt que l’autre, mais sifflent l’hymne de l’une d’entre elles tout en vivant sur son sol, et avec une carte d’identité nationale dans la poche, il faut en conclure que la nationalité de papier, assortie du droit de vote est un faux-semblant, une usurpation, non seulement blessante, mais dangereuse. A un niveau plus grave, le fait que des « français » aillent se battre en Syrie alors qu’ils ne sont pas tenus au service national chez nous, souligne dans quel système aberrant nous nous sommes englués. Néanmoins, le cas n’est pas général. Il y a des hommes et des femmes, d’origine étrangère, y compris algérienne, qui sont des patriotes français. Malika Sorel le souligne amplement en plaidant pour un renforcement des exigences en matière d’intégration. Par ailleurs, il est légitime que ceux qui rendent à la France des services précieux, militaires ou civils, puissent acquérir la nationalité française tout en conservant la leur s’ils le souhaitent. C’est aussi notre intérêt de conserver cette option. Surtout, cette question est bi-latérale : un pays peut considérer que ses nationaux ne perdront jamais leur rattachement juridique à leur nation d’origine.

La solution autour de laquelle la majorité précédente a tergiversé est claire. Elle repose d’abord sur l’abandon du droit du sol, présenté comme républicain, alors qu’il en est le contraire. Le droit du sol voue les sujets qui naissent sur une terre à dépendre de son propriétaire, qui fut le Roi. La République s’en est emparée parce qu’elle avait besoin de soldats. L’abandon du service national le rend doublement stupide. La nationalité française doit être héritée ou voulue. Est français l’enfant qui naît de parents français ou celui qui, ayant voulu devenir français, a voulu les conséquences de ce qu’il voulait : parler français, ne pas être un délinquant, etc… Ensuite, il faut élargir les conditions de la déchéance de nationalité et, par voie de conséquence, de l’interdiction du territoire. Les principes fondamentaux du Droit, reconnus internationalement, interdisent logiquement de créer des « apatrides ». On voit ici que la double nationalité est un avantage, puisque le retrait d’une nationalité n’entraîne pas cette situation. Le Franco-algérien qui va se battre en Syrie ou qui incendie des voitures en France devrait perdre sa nationalité et être convié à aller participer au développement de son pays. Dans le premier cas, celui-ci dont l’attitude réelle est souvent éloignée des discours, saura sans doute accueillir un terroriste comme il convient. Enfin, l’immigration devrait être liée à l’emploi et non au regroupement familial. En période de chômage, elle doit bien sûr être réduite. Un système de quotas tenant compte des distances culturelles et des besoins économiques est indispensable. La majorité précédente, à laquelle j’appartenais, a souvent évoqué ces questions, mais n’a pas eu le courage de mettre en oeuvre les solutions qui s’imposent.

Related Articles

18 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • FIFRE Jean-Jacques , 1 juillet 2014 @ 12 h 22 min

    La Nationalité Française est un attribut de la personne régi par le code civil et par la constitution.
    Cette qualité est constituée d’un certain nombre de composants culturels comme, par exemple, celui de la langue.
    Les ressortissants sont soumis aux obligations attachées à cette appartenance.
    Chacun ne peut revendiquer la Nationalité que s’il reconnaît les règles civiles et constitutionnelles et accepte de s’y soumettre quelle qu’en soit les implications.
    Nul ne peut prétendre appartenir à la Nation sans en épouser les atours culturels.
    Personne ne peut échapper au lien de causalité, que les droits offerts par l’appartenance à la communauté nationale, entraine comme devoirs envers la Nation.
    Cet état de fait engage, sans conteste, chaque individu concerné à un engagement objectif sur l’ensemble de ces postulats emblématiques.
    C’est pourquoi tout le code de la nationalité doit-il être refondu et expurgé de ce « droit du sol » qui dénature l’idée même de Nationalité. Il établit un concept de fausse appartenance conduisant à tous les conflits potentiels liés la suprématie d’une nationalité de cœur sur la nationalité de papier.
    La double nationalité, non sens absolu, doit être bannie par tout les moyens et l’établissement d’un protocole qui privilégie l’héritage naturel ou à défaut le choix individuel conscient et revendiqué au détriment des aléas.

  • stephan_toulousain , 1 juillet 2014 @ 13 h 35 min

    Perte la nationalité : perte en droits civiques et aux prestations que distribue généralesement la France
    De plus, je suis pour le régime Suisse : chaque étranger ne peut excéder 11 mois de présence en France ( les les contrats de travail ne peuvent excéder 11 mois à renouveler ensuite)

  • lcdsm , 1 juillet 2014 @ 15 h 12 min

    Je ne suis pas d’accord avec vous M. Vanneste. Un individu dépend d’une nation et d’une seule. La binationalité ne devrait pas exister. D’autre part ce n’est pas parce que vous naissez quelque part que vous devez être de la nationalité de cet endroit. Le droit du sol est une aberration gauchiste. Pour toutes ces raisons nous avons le résultat de ces dispositions iniques sous nos yeux à savoir des immigrés non assimilés et non assimilables qui haissent la France. A quand la libanisation et l’islamisation complète…..

  • rico , 1 juillet 2014 @ 15 h 55 min

    pourquoi les pieds-noirs n’auraient pas droit à la double nationalité ?

    parce que les déclarations d’intention, faussement appelées accords d’Evian l’ont prévu ainsi

    parce que beaucoup de pieds-noirs ne le veulent pas

    si votre mère est encore de ce monde posez-lui la question

    un fils de pied-noir

  • montecristo , 1 juillet 2014 @ 16 h 29 min

    Bravo Jean Jacques !
    Voilà qui est beaucoup plus clair !

    Je pense que le droit du sol ne devrait être que le droit de vivre dans un pays qui n’est pas le sien … éventuellement ! Mais en aucun cas le droit de devenir un “national”.
    Quitte à donner certains droits à quelques uns qui auraient rendu d’éminents services

  • JSG , 1 juillet 2014 @ 19 h 29 min

    Il y a “pire” que ça : que des gouvernants, ministres, personnes influentes sur les lois, les moeurs, les religions d’un état quel qu’il soit d’ailleurs, soient détenteurs d’une double nationalité !
    A écouter le philosophe KISÉCOUTE (bien connu des médias) ce serait pour faire évoluer les choses ? Hormis les leurs, je ne vois pas. Par contre les effets négatifs se font sentir au quotidient, car ensuite nous en arrivons à une perte de repères de tous les individus de cette société.
    Ensuite arrive la main-mise des responsables sur les cerveaux ramollis des citoyens numéro XY pour une avenir meilleur….des intérêts bien compris des responsables.
    Vive la Fronce, vive la démoucratie,
    donnez-leur du pain et des jeux…

  • roukfa , 1 juillet 2014 @ 21 h 06 min

    On va voir ce que fera la France face à l’ Allemagne.Ceci dit votre commentaire est tellement puéril que je regrette déjà d’y avoir répondu.

Comments are closed.