« Les hommes passent leur temps à créer des mécanismes dont ils demeurent ensuite les prisonniers plus ou moins volontaires ». Cette phrase de Raymond Aron jette une lumière implacable sur l’histoire. Elle prend dans les moments les plus critiques la valeur d’une sentence sans appel sur l’aveuglement des dirigeants, de ceux qui « créent les mécanismes ». Un regard sur le temps qui sépare les deux guerres mondiales en fournit un terrible exemple. La première guerre avait été gagnée difficilement grâce aux alliés et à un sacrifice humain inconnu jusqu’alors. Le désastre de 1940 était parfaitement prévisible puisque les alliés de 1914 comme ceux de 1918 avaient disparu à la seule exception du Royaume-Uni, que la crise démographique française s’était aggravée face à une Allemagne qu’on avait laissée grossir d’annexion en annexion, et que la stratégie militaire défensive était en totale contradiction avec les engagements de notre diplomatie. L’inadaptation de notre arme blindée et l’insuffisance de notre aviation ont fait le reste sur le plan strictement militaire.
Or, le terrorisme islamiste qui prolifère en Europe et en France, particulièrement, donne aujourd’hui tout son sens à la formule de Raymond Aron. A nouveau, la démographie a été oubliée. Pour des raisons d’idéologie et d’économie, la politique familiale a été abandonnée, et le soin du renouvellement des générations a été laissé à une immigration extérieure à l’Europe, sans prendre garde au fait que la Méditerranée franchie, la différence n’était plus seulement nationale mais civilisationnelle. Le renouvellement pouvait donc prendre la forme du remplacement. La décolonisation libérait certes le pays d’un poids militaire et financier, mais nos soldats continuent d’opérer sur certains des territoires décolonisés, et l’immigration qui provient des anciennes colonies a permis au très réaliste Vladimir Poutine de pronostiquer que les pays comme le nôtre allaient devenir les colonies de leurs anciennes colonies. De la même façon que la France a perdu la bataille de 1940 parce qu’elle demeurait prisonnière des idées qui paraissaient lui avoir donné la victoire en 1918, celle de 2018 reste enfermée dans les principes qui ont triomphé en 1945 contre la barbarie nazie. Celle-ci était avant tout raciste. L’antiracisme est donc devenu l’alpha et l’oméga de l’idéologie politiquement correcte qui dicte sa loi au législateur, qui guide la plume de tous ceux qui écrivent. Parce que les nazis avaient osé traiter les Juifs en sous-hommes, il est désormais interdit de discriminer toute minorité, même dangereuse à l’évidence, bien au-delà de celles qui correspondent à une « race ». Un lacis de déclarations, de lois et de règlements comme autant de bandelettes autour d’une momie semble condamner notre Etat-Gullliver à l’impuissance. Aujourd’hui-même, deux manifestations, très différentes par leur ampleur et leur signification, vont hélas souligner ce piège, cet engrenage dans lequel nous sommes entraînés. Il y aura une marche blanche à la mémoire de Mme Mireille Knoll cette dame de 85 ans qui avait échappé à la rafle du Vel d’hiv , lardée de coups de couteau, semble-t-il au cri d’ « allahou akbar », et dont on a retrouvé le corps calciné. Cet assassinat qui intervient un an après celui de Sarah Halimi, après Ilan Halimi, après les victimes de Merah, aboutit à ce terrible constat : les Juifs sont à nouveau menacés dans notre pays, et ils le sont parce qu’une trop grande tolérance à certains groupes et à certaines idées, née d’une réaction au totalitarisme, il y a trois quarts de siècle, paralyse nos législateurs. Le fait que la présence du Front National ne soit pas souhaitée à cette manifestation organisée par le CRIF est une preuve de ce décalage horaire par rapport à la réalité. Le Premier Ministre en a donné une autre en prétendant qu’en France on ne pouvait pas interdire les idées mais seulement les comportements qu’elles entraînent. C’est évidemment faux : les lois mémorielles comme l’extension progressive des limites à la liberté de la presse amènent sans cesse devant les tribunaux des hommes comme Eric Zemmour, comme Renaud Camus, comme Robert Ménard, comme Georges Bensoussan, comme moi-même et quelques autres, qui ont exprimé des idées et n’ont commis aucun acte répréhensible. Mais curieusement, s’il est possible de poursuivre la prétendue « islamophobie », il est interdit de s’attaquer par la pensée à l’islamisme, qui n’est pas une race, mais une forme de religion dont les aspects dangereux n’ont hélas plus à être soulignés.
Ce jour sera aussi celui de l’Hommage National au Lieutenant-Colonel Arnaud Beltrame. L’admiration unanime que son sacrifice a suscitée doit-elle fonder une « union sacrée » ? Doit-on participer à la récupération et à la manipulation du pouvoir ? L’assassinat lâche et ignoble d’un officier de gendarmerie qui a offert sa vie à un voyou doublé d’un crétin recèle une disproportion qui est une accusation. On ne le dit pas assez ! Ce sont nos dirigeants, ceux d’aujourd’hui, mais aussi ceux d’hier et d’avant-hier, tous présents aux Invalides, qui sont les responsables de la mort d’Arnaud Beltrame. Non pas parce que la police ne fait pas son travail, mais parce que les politiciens, par facilité, ne lui donnent pas les moyens juridiques de le faire. Il s’agit maintenant, non pas de déverser des millions sur les « quartiers sensibles » comme Ozanam à Carcassonne, du nom d’un penseur catholique fondateur de la Société Saint-Vincent de Paul (!), où police et médias sont interdits de séjour, mais de s’attaquer à l’essentiel. Cela pourrait avoir un nom : « opération noeud gordien » parce qu’il s’agirait de trancher une bonne fois les liens juridiques qui nous entravent, et qui ne devraient dépendre, en dehors de quelques droits fondamentaux, que d’un seul législateur : le peuple. Le premier touche à la nationalité. C’est évidemment au peuple français de décider qui peut devenir français ou le demeurer. L’acquisition de la nationalité par le droit du sol doit être supprimée. La déchéance de nationalité pour tous ceux qui l’ont acquise et sont titulaires d’une autre nationalité devrait être facilitée, dès lors qu’ils présentent un danger pour notre pays. Les expulsions des indésirables devraient être systématiques. Il n’y en a eu que 58 depuis 2015. Par rapport aux victimes des attentats, le compte n’y est pas.
La gauche pavlovienne dira bien sûr qu’une telle position rappelle les pages sombres de notre histoire, et notamment celle de 1940. Mais c’est oublier que les seuls étrangers à expulser cette année-là étaient les soldats allemands et non ceux sur qui Vichy s’est acharné. L’immigration musulmane n’est pas totalement source de danger, mais elle est à l’évidence le terreau sur lequel se développe le terrorisme islamiste. C’est être aveugle que de ne pas en prendre conscience.
1 Comment
Comments are closed.