Lundi, ce ne sont pas seulement quelques centaines de maires socialistes qui vont être expulsés de leur fauteuil douillet, victimes collatérales de l’incapacité du gouvernement à redresser le pays depuis 2 ans mais victimes aussi et surtout de la trahison de pratiquement toutes les promesses de campagne de Hollande. Ce sont également des milliers sans-abri qui avaient été recueillis fin 2013 dans les centres d’hébergement d’urgence ouverts pour la période hivernale.
L’État viole deux fois la loi
Le Code de l’Action Sociale et des Familles stipule dans son article L345-2-2 : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. »
Chaque soir, des milliers de personnes qui appellent le 115 se voient refuser un hébergement d’urgence en violation de l’article L345-2-2. En février 2012, le Conseil d’État a pourtant reconnu que le refus d’un hébergement d’urgence constitue une violation d’une liberté fondamentale (1). Le préfet du Rhône, qui, comme les autres, méprise la loi quand il s’agit de l’appliquer aux sans-abri, l’a appris à ses dépends en avril 2013, lorsqu’il a été condamné à héberger des familles qu’il venait d’expulser d’un terrain.
Le Code de l’Action Sociale et des Familles stipule également dans son article L345-2-3 : « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer, dès lors qu’elle le souhaite, jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée. Cette orientation est effectuée vers une structure d’hébergement stable ou de soins, ou vers un logement, adaptés à sa situation. »
Le 31 mars, en fermant les centres d’hébergement d’urgence ouverts pour la période hivernale, l’État français si prompt à donner des leçons de morale à la terre entière va donc jeter à la rue des milliers de personnes en violation de ses propres lois.
Ces fermetures coïncident avec la reprise des expulsions locatives, et ce sont plusieurs milliers de personnes qui ne peuvent plus payer leur loyer en raison de la crise dans laquelle le gouvernement nous enfonce qui vont également se retrouver à la rue.
Le mensonge, leitmotiv de la communication gouvernementale
La France socialiste est un pays formidable où le mensonge, d’abord réservé à la sphère privée, demandez à Valérie et Ségolène, s’impose maintenant comme une élément fondamental de communication dans la sphère publique. M. Cahuzac n’a pas de compte à l’étranger, Mme Taubira n’a jamais lu les papiers qu’elle brandit en conférence de presse et Valls est systématiquement mis à l’écart des décisions d’écoutes.
Cette fois, c’est Duflot qui est surprise en flagrant délit. En novembre 2013, la soit-disante Valls-incompatible présente des mesures pour que l’ouverture des places d’hébergement d’urgence ne soit plus seulement liée aux températures.
Il faut un « changement de méthode » (2), « sortir de la logique du thermomètre et de l’hébergement hôtelier ».
Que croyez-vous qu’il arrive quelques mois plus tard ? Sort-on de la logique du thermomètre ? Et bien non. Que propose-t-on aux quelques rares personnes qui ont la chance d’avoir un enfant ou un proche en danger de mort ? Des nuits d’hôtel.
Les sans-abri, comme tout le reste sont particulièrement révélateurs de la stratégie du gouvernement depuis 2 ans. Après avoir tellement critiqué le régime précédent sur tous les sujets, mais souhaitant continuer à faire exactement la même chose, il faut bien donner le change aux Français.
Donc on multiplie les discours mensongers et on recommence exactement la même politique. Et si jamais quelqu’un à la malencontreuse idée de faire remarquer aux professionnels du mensonge qu’ils se foutent un peu de nous, ils envoient Najat nous expliquer qu’on se trompe et qu’il suffit de s’en référer au dernier discours (le mensonge, pas le discours de campagne).
À Lyon, une crise humanitaire sans précédent
À Lyon, le préfet Carenco, préfet sous Sarkozy, préfet sous Hollande et sûrement préfet sous Le Pen, a décide purement et simplement de ré-écrire la loi car elle ne lui convient pas.
Alors que d’après le Conseil d’État, le refus d’un hébergement d’urgence à « toute personne en situation de détresse médicale, psychique et sociale » constitue une violation d’une liberté fondamentale, le préfet lui a décidé que seules, les femmes isolées avec enfants de moins d’un an, auraient droit à son immense compassion.
Des enfants, dont les plus petits ont quelques jours, sont jetés à la rue parce qu’ils n’ont pas la chance d’avoir des parents séparés. Un couple avec deux enfants de 11 mois et 2 ans se retrouve à la rue. Une femme seule avec deux enfants de 11 mois et 2 ans se retrouve à l’hôtel. L’humanité et l’égalité devant la loi selon le préfet du Rhône…
Une maman avec 2 prothèses et sa fille de 17 ans, scolarisée dans l’un des meilleurs lycées de Lyon, dégage, à la rue.
Une femme enceinte de 8 mois, son mari et ses 3 enfants, dégage, à la rue.
Une femme qui sort d’une césarienne avec son bébé de quelques semaines et son mari, dégage, à la rue.
Conséquence de l’oukase de Monsieur le préfet, dans les jours à venir, ce sont environ 500 personnes qui vont être jetées à la rue comme des chiens.
La rue tue
Remettre à la rue des milliers de personnes dont des nourrissons démontre une absence totale de scrupules, d’humanité, de principes républicains. Cela démontre également un mépris de la loi ahurissant pour des préfets censés l’appliquer.
En 2013, 453 personnes sont mortes dans la rue, dans le plus grand silence. L’âge moyen des morts de la rue est de 43 ans. Contre 80 ans pour vous ou moi (3).
L’année dernière déjà, face à la fermeture de centres d’hébergement d’urgence, le Samu Social sortait un film choc : « cauchemar de femme » pour sensibiliser le grand public aux conséquences catastrophiques de la politique gouvernementale (4).
En voyant le film, on ne peut s’empêcher de penser à la Lyonnaise du gouvernement, Najat Vallaud Belkacem, porte-parole du gouvernement et ministre des droits de la femme.
Grâce à la politique gouvernementale et à la fermeture des centres d’hébergements d’urgence, des centaines de femmes seules ou avec leurs enfants vont se retrouver à la rue. Chair à prostitution ou chair à viols.
Vous me direz, pourquoi les femmes bénéficieraient d’un traitement préférentiel ? Vous n’avez jamais entendu parler de l’égalité homme-femme ?
De toutes façons, on peut compter sur Manuel Valls pour nettoyer tous ces pauvres au Kärcher, comme il a si bien fait pour ceux qui ont eu la mauvaise idée d’habiter son quartier. On est en France, en 2014, dans la 5e puissance économique mondiale, quand même, merde.
Une pensée pour ces centaines d’enfants qui dormiront sur les trottoirs lundi soir. Pendant ce temps, les politiques victorieux sabreront le champagne. Les journalistes, eux, nous expliqueront en long, en large et en travers les raisons de la déroute socialiste et leurs pronostics pour un nouveau gouvernement « resserré » qui appliquera exactement la même politique.
> Philippe Alain anime un blog
Notes :
1. http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/hebergement-d-urgence.html
2. http://www.gouvernement.fr/gouvernement/sortir-de-la-logique-du-thermometre-et-de-l-hebergement-hotelier
3. http://www.mortsdelarue.org/
4. http://www.cauchemardefemme.fr/
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