Ami de François Hollande, Jean-Pierre Mignard fait aujourd’hui office de facilitateur entre le Président et des catholiques qu’il voudrait bien ménager.
Brillant avocat, notamment spécialisé en droit des médias et de la communication, Maître Mignard a été de toutes les grandes affaires : le naufrage de l’Érika, les événements de Clichy-sous-Bois et de Villiers-le-Bel, le dossier Clearstream ou encore l’affaire Bettencourt, en tant que défenseur de Médiapart.
Ces derniers jours, de nombreux journaux ont décrit les relations personnelles qu’il entretenait avec François Hollande et Ségolène Royal. Jean-Pierre Mignard est même le parrain de Thomas, fils aîné du Président qui, outre ses activités d’avocat, travaille activement à l’édification de la société postmoderne au sein du think-tank Different. Ce groupe d’idée promeut notamment la théorie Queer, que chacun peut aller découvrir à ses risques et périls sur le site dudit laboratoire politique.
À n’en pas douter, les réflexions du Fils et filleul n’aideront guère le Père à « faire France » avec ces catholiques si rigides, bien trop à droite, et aveuglément fidèles à la doctrine sociale de l’Église. Celle-ci promeut malheureusement « la conformation du droit positif à la loi naturelle ». Pas certain en effet que le locataire du faubourg Saint-Honoré y souscrive. Pourtant, ce devrait être le grand chantier de Maître Mignard.
Co-directeur de la revue Témoignage Chrétien, l’avocat de Clichy-sous-Bois est assurément fidèle à la « tradition du catholicisme libéral », comme il l’affirmait le 9 août 2012 dans les colonnes du quotidien Ouest France.
Le 6 juin dernier, il a d’ailleurs a pu défendre dans son journal le Père Vesin, victime des relents réactionnaires du Saint-Siège. Les prélats romains avaient alors estimé qu’il était incompatible d’appartenir à l’Église catholique et dans le même temps à la franc-maçonnerie, les sots.
L’homme de loi s’est mis à « tousser » à la lecture des motifs de la décision qui condamnaient l’homme de Dieu. Ses rédacteurs y affirmaient en effet que « les franc-maçons nient la possibilité d’une connaissance objective de la vérité, [car] on demande à un franc-maçon d’être un homme libre, qui ne connaît aucune soumission à aucun dogme ».
L’Église voudrait-elle donc soumettre la liberté ? De quelle Église parlons-nous ?
Celle de Rome assure que, sans vérité absolue, l’Homme devient le créateur et le maître de cette dernière, ainsi que des normes éthiques, l’éloignant ainsi du Bien. Celle de Maître Mignard croit au contraire que la vérité est la liberté des Hommes. Par extension, la loi des Hommes est la loi de Dieu.
S’il veut remplir son office, il devra pourtant s’en accommoder, de cette Vérité révélée, comme le font tous les catholiques qu’il voudrait séduire.
Espérons qu’avec ses collègues du Conseil consultatif national d’éthique, il saura s’en souvenir pour éviter les crispations archaïques qui ne manqueront pas de polluer les débats pacifiés sur la fin de vie.
Pour que Jean-Pierre Mignard rallie les catholiques à l’action du Gouvernement, il devra surtout dire à son puissant ami ce que propose l’Église, et non ce que souhaite son église.
Le temps de Marcel Gauchet et de la « religion de la sortie de la religion » est révolu. Nul doute que François, l’autre, est lui bien au courant.
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