Ce gouvernement de clowns qui dansent le tango

Pfu, ce n’est vraiment pas simple d’être ministre en France actuellement. Surtout ministre socialiste, et surtout de l’Économie. Ce n’est vraiment pas très sympa de piquer toujours plus d’argent dans les poches des pauvres, alors qu’officiellement, on fait partie du Camp du Bien…

Non, il n’y a pas à tortiller, Pierre ne savait pas ce qu’il acceptait en rejoignant la fine équipe composée par Hollande et Ayrault, ces cadors de la ressource humaine et de la sélection de personnalités idoines à des postes-clefs. Lui qui ne voulait que relire doucement du Flaubert en grignotant des petits fours, le voilà bien malheureux : pas un instant à lui, pas une minute tranquille à mesure que tout le monde découvre l’inanité de ses décisions, pourtant méticuleusement ouvragées afin de lui demander le moins d’efforts personnels possible.

Certes, pour la dernière fournée de taxes vexatoires qui ont été proposées, le brave Pierre se sera surtout contenté d’accepter sans trop y penser les propositions loufoques de la brochette de yes-men mal azimutés qui lui servent quotidiennement la soupe. Après tout, si des fonctionnaires de Bercy ont tout bien calculé avant, et si d’autres fonctionnaires haut placés ont jugé intelligent de coller telle ponction à tel endroit, pas besoin d’y revenir. Lui, Pierre, a d’autres chats à fouetter, d’autres réceptions à parrainer, d’autres petits fours à gober, d’autres pages de Flaubert à lire en prenant un air pénétré dans son salon tout queer tout cuir.

Mais que ce soit les aigrefins de Bercy qui proposent ou le patron de ces clowns qui dispose, le résultat est le même : en l’espace de quelques mois, l’inventivité taxatoire a atteint de nouvelles profondeurs. Pas de chance : à mesure que la pression fiscale augmente, les explications d’habitude molles et vasouillardes qui arrivaient à passer auprès de journalistes serviles et affûtés comme du beurre chaud n’ont cette fois pas trouvé preneur.

Il en va ainsi de l’écotaxe. Décidée comme d’habitude pour des raisons de vitrine par un précédent gouvernement aussi épileptique que le courant est à la ramasse, l’écotaxe avait jusqu’à présent réussi à passer sous le radar de la contestation, car régulièrement repoussée puisqu’impraticable. L’actuelle majorité, aux finances aussi sèches que possible, n’a pas pu renoncer longtemps à cette potentielle rentrée d’argent.

Manque de pot, amateurisme dans le calcul de la taxe, communication encore plus désastreuse que d’habitude, hésitations fulgurantes de l’exécutif … On ne saura jamais quel élément en particulier aura fait péter un câble aux agriculteurs et camionneurs bretons, mais le fait est que la situation, déjà tendue, est devenue brutalement explosive à ce sujet. Pierre, l’appétit coupé, n’aura pas pu reprendre deux fois des madeleines (chez certains, c’est Proust qui déclenche l’envie de madeleine, pour Pierre, c’est Flaubert, que voulez-vous, même là, il s’emmêle).

 

Et comme on n’en est qu’au début des affrontements et que les mains gouvernementales sont à peine moites à ce sujet, Pierre peut donc, pendant la digestion de son unique spécialité pâtissière lorraine, montrer sa grande fermeté (« Nan d’abord, on ne reviendra pas sur le dispositif ») tout en dépêchant le ministre Le Foll pour tenter de calmer le jeu en coulisses.

Vous l’aurez compris : l’écotaxe est en train, doucement, de vivre ses dernières heures.

En effet, deux options sont possibles à présent. La première est que le gouvernement se découvre une petite paire de gonades et reste ferme sur ses positions. C’est, on le comprendra, très improbable : la dernière paire encore en usage a été perdue au courant des années 70, et il est peu probable qu’on en retrouve une en suffisamment bon état dans les prochaines semaines. Du reste, il semble assez risqué de continuer sur cette voie, certains contribuables ayant démontré ce week-end de façon assez claire qu’ils étaient prêts à aller assez loin pour que cette taxe soit annulée.

La seconde option est, bien évidemment, que le gouvernement fasse comme il le fait d’habitude avec le brio qu’on lui connaît : il annoncera fermeté et tutti frutti, et reculera à petits pas chassés, danse feutrée de clowns tristes, et dénaturera la taxe honnie en émettant des petits pets serrés pour camoufler par une odeur de gaz celle de mort qui règne maintenant autour des ministres.

Et si je suis relativement confiant dans l’agonie minable d’une taxe mal boutiquée dès le départ, qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui est défendue n’importe comment par un gouvernement de clowns incompétents, c’est parce que pas mal d’autres contre-performances assez spectaculaires viennent illustrer un véritable modus operandi de la médiocrité que s’acharnent à utiliser les minustres actuels.

J’en veux pour preuve le bordel total et assez lamentable qui se déroule actuellement pour la taxation des PEA, des assurances-vie et des PEL. Tout, dans la façon dont ce nouvel impôt fut mis en place, semble avoir été construit pour provoquer l’hilarité lorsqu’on regarde la méthode, et la rage destructrice lorsqu’on regarde les effets.

La méthode, d’une part, est calamiteuse : entre le but ouvertement recherché de simplification, consciencieusement saboté par les déclarations contradictoires d’une brochette de ministres totalement désemparés (un coup on taxera un peu tout, puis un autre coup l’assurance-vie, ou pas, on ne sait plus trop), la taille de la coupe, l’aspect rétroactif, l’évidente asymétrie fiscale d’un épargnant à l’autre, il est difficile d’imaginer plus comique dans une pièce de boulevard qui se joue à guichets fermés, avec notre argent.

Les effets, d’autre part, seront particulièrement dévastateurs. Non seulement ils seront parfaitement contraires à celui recherché (favoriser l’investissement) puisque cette nouvelle taxe va, purement et simplement, faire fuir les épargnants qui recherchent avant tout la confiance, chose impossible dans un marécage fiscal devenu traître à chaque pas, mais en plus cette taxe aura l’immense désavantage de n’être perceptible qu’une fois (eh oui : la rétroactivité, c’est mignon, mais ça ne peut pas marcher tous les ans). Au bilan, les 600 millions que le père Moscovici espère ainsi drainer par cette opération lamentable ne le seront, au mieux, qu’une fois. L’année prochaine, attendez-vous à un trou supplémentaire dans le budget.

Au bilan, on voit surtout des destructureurs d’intemporel et autres rétropédaleurs de l’improbable, le petit Pierre en tête. Eh oui : même s’il est parti, la fleur au fusil, les madeleines dans sa besace et le Flaubert en bandoulière, le pauvre ministre est en train de se prendre claque sur claque en accumulant les retournements de veste que seul un ralenti musclé image par image permet d’apprécier à leur juste valeur. De même que la taxation rétroactive de l’épargne sera rabotée, aménagée, et probablement retoquée par le Conseil Constitutionnel, l’écotaxe sera elle aussi démontée, vidée de sa substance et abandonnée en rase campagne bio écocompatible.

Mais ne l’oubliez pas : ces bouffons sont payés avec nos impôts, ces impôts qu’ils ponctionnent n’importe comment, et dont le montant commence maintenant à mettre critiquement en danger la capacité de la France à seulement vivre au jour le jour. Tout ceci est, pour le moment, très agité, très confus, pathétique parfois et ridicule presque tout le temps, mais on sent tous le moment où il sera plus que temps de dire « assez ».

Ce moment, soyez-en sûr, approche, de plus en plus vite. Et le plus inquiétant est que ces politiciens ne semblent absolument pas en avoir conscience.

> h16 anime le blog hashtable. Il est l’auteur de Égalité taxes bisous.

Related Articles

38 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • patrhaut , 29 octobre 2013 @ 23 h 41 min

    Ne trouvez-vous pas Valls étrangement silencieux depuis le fameux week-end Léonarda et en ce moment où gendarmerie et CRS ont été à la tâche le week-end dernier et devraient l’être le week-end prochain ? N’aurait-il plus rien à voir avec ce gouvernement de voleurs en bande organisée ? Le matamore ne nous avait pas habitué à tant de discrétion devant des choses “inacceptables” et “intolérables”…

  • monhugo , 30 octobre 2013 @ 1 h 53 min

    Hier mardi 29/10/13, Valls le Martial avait un passage à la mairie de Clérieux (Drôme) inscrit sur son agenda (fin de matinée). Clérieux, 2.051 habitants. Même pas un chef lieu de canton. Ah oui, il est venu pour le classement de la commune en “état de catastrophe naturelle”, après les inondations de la semaine dernière.
    http://www.ledauphine.com/drome/2013/10/29/clerieux-manuel-valls-va-classer-la-commune-en-etat-de-catastrophe-naturelle
    Avec les événements bretons, étonnant. Sera à surveiller aujourd’hui à la sortie du Conseil des ministres. Vers la sortie tout court, la disgrâce ? On s’interroge.

  • Robert BERTRAND-RIGHI , 30 octobre 2013 @ 6 h 50 min

    Je ne voudrais certes pas encourager une guerre des generations, mais voila qui est bien envoye.

    La guerre des generations n’est d’ailleurs pas possible: ce sont bien ceux de la generation de la MeMe, qui , ont fabriques tous ces gadgets “inutiles” ou se sont laisses persuader qu’ils etaient indispensables.

    La caissiere vit en marge. Pas les moyens d’utiliser un i-phone, ni un SUV Mercedes 6×6, 600 ch, 17 mpg… Il est probable qu’elle n’a jamais pris l’avion n’on plus ( avec le SMIC ? ) ni pollue ( ???) les magnifiques pays en voie (??? ) de develloppement, qui preferent vivre de NOTRE poignon plutot que de travailler…

  • LUC+ , 30 octobre 2013 @ 8 h 18 min

    Le tango ??? Mais vous plaisantez c’est la ZUMBA qu’ils dansent !

  • LUC+ , 30 octobre 2013 @ 8 h 23 min

    De clowns ? Un gouvernement de ‘ socialistes ‘ ça ira comme qualificatif péjoratif ! En fait c’est ce que je dis quand on vient me taxer dans le métro !mdr

  • LUC+ , 30 octobre 2013 @ 8 h 29 min

    En fait c’est de l’intox ! Il faut avoir des otages :’ En cas de GRANDE TENSION sociale et gouvernementale de manière a faire diversion le moment le plus opportun comme en ce moment par exemple ! C’est un deal ! UN ARRANGEMENT ! Quand on est mal on paye et hop ! comme ça on évite de parler du pays !

  • Bernard , 30 octobre 2013 @ 8 h 44 min

    OUI, effectivement, il ne faut pas les libérer TOUS de suite….. plus tard si….

    Hier soir, BFM télé, une jeune femme expliquait comment elle s’est faite eng. par l’Elysée
    Son père est lui aussi otage, et méchamment ils lui ont dit, sans aucune gentillesse, que son père ne serait pas libéré; elle leur a dit qu’elle savait bien la cause, que son père ne travaillait pas pour AREVA, qui a certainement versé une grosse somme pour ces 4 là

    Je fus excédé d’apprendre comment on répond à une femme dans la détresse….
    TOUT cela est bien du cinéma, il faut voir derrière l’écran, derrière la caméra !
    On y voit Fabius, habillé comme pour un gala, dans le sable, hautain, souriant, IDIOT !!

Comments are closed.