Il y a des moments où la foi dans l’intelligence française vacille. De nombreux signes préoccupants d’une véritable pathologie de l’intelligence nationale apparaissent depuis des années. Leur densité est aujourd’hui effarante. Il n’est guère de jour où dans les décisions, dans les déclarations, les bourdes, les contre-sens ou les contre-temps de nos hommes politiques n’en fournissent l’illustration. Le bon sens définit très clairement le rôle des dirigeants d’un Etat : défendre l’intérêt supérieur du pays et assurer le bien commun de la nation qu’ils ont l’honneur de représenter et de conduire. Certes, l’opposition n’a pas le pouvoir et peut songer davantage à le conquérir qu’à servir l’intérêt général, mais elle perd tout crédit, lorsque, trahie par les arrivistes qui la peuplaient, elle s’enlise dans les débats internes. Alors que le Président-surprise dévoile son projet européen de dissoudre la France dans une Europe sans âme, et que l’opposition devrait s’unir derrière un seul cri : « Sauvons la France », les uns, chez Les Républicains, veulent séduire les militants en « sauvant la droite », une droite qu’ils avaient tendance à gauchir auparavant dès qu’ils le pouvaient, d’autres, à LR comme à l’UDI, désignent comme leur pire adversaire l’extrême-droite et se retrouvent aux côtés de l’extrême-gauche. Cette dernière paraît même l’opposante la plus déterminée bien que ses étranges modèles exotiques, ses manifestations de rue et son entêtement à défendre bec et ongles les tares du « modèle » économique et social français, devraient la bannir de toute réflexion un tant soit peu éclairée. Enfin, le Front National se déchire selon une habitude régulière. L’identité et la souveraineté y sont en conflit, comme si elles n’étaient pas les deux faces d’une même pièce.
A la Sorbonne, dans un de ces hauts lieux de la culture française qu’il affectionne, « notre » Président à annoncé son projet pour refonder l’Europe. Il est surprenant que cet homme qu’on dit intelligent ait choisi le lendemain d’élections allemandes qui vont rendre les choses plus compliquées pour lancer cette opération de communication. Erreur de date, mais de lieu aussi, car la Sorbonne a été le centre du rayonnement intellectuel de la France dans l’Europe chrétienne. Il était sacrilège d’y prêcher la disparition du pays dans le creuset européen. Au delà de la volonté cyniquement énoncée de reconstruire une Europe plus démocratique et moins technocratique, c’est au contraire un système complexe qu’a dessiné le discours présidentiel. La maîtrise de son budget est pour une nation le socle de sa souveraineté. M. Macron veut un budget propre de la zone euro géré par un ministre. Dans une démocratie solide, les élus sont les représentants du peuple qui les a choisis parce qu’il les connaît. M. Macron veut un parlement européen élu à travers des listes transnationales. La défense nationale est l’essence même de la politique d’un pays dont elle garantit l’existence. M. Macron veut une force d’intervention européenne commune. On imagine la difficulté dans une situation comme celle de l’invasion américaine en Irak en 2003…
Les Français, comme tous les Européens, veulent préserver le bénéfice de la coopération européenne. Ils ne souhaitent pas un approfondissement de l’Europe technocratique qu’ils subissent. Ils craignent l’abandon de l’Euro et s’inquiètent de l’invasion migratoire. Ils désirent, par-dessus-tout, conserver une maîtrise de leur destin par le biais d’hommes politiques à la hauteur des enjeux. L’opposition soulignée entre l’identité et la souveraineté est donc artificielle. Certes, les électeurs sont plus nombreux à s’attacher à la première qu’à la seconde, à souhaiter que leur manière de vivre ne soit pas bousculée par celle des migrants et les décisions économiques ou militaires leur paraissent appartenir à un pouvoir, qui, de toute façon est éloigné d’eux. Le retour à la souveraineté monétaire, en revanche, est perçue comme un risque économique qui les toucherait directement. On comprend dès lors que l’AfD ait échoué en 2013 en mettant la question de l’Euro en avant, dans un pays qui n’en souffre pas, et que, portée par la question des migrants, elle ait, cette fois progressé. De même, on peut penser que l’échec du FN en 2017 ait pour cause l’accent mis sur la souveraineté, notamment monétaire, plus que sur le conservatisme identitaire. En fait, cette erreur tactique identifiée à la « ligne Philippot » s’accompagnait surtout d’une démagogie sociale totalement irréaliste qu’on ne trouve habituellement qu’à l’extrême-gauche. Elle a conduit à assurer le triomphe inattendu d’un candidat anti-national, favorable à la dissolution de la France, en haut dans le supranational, en bas dans l’ouverture migratoire, et au coeur par le « progressisme » sociétal.
C’est cette politique suicidaire pour le pays qu’il faut combattre sur ses trois volets, qui doivent simplement être placés dans le bon ordre. Toute la droite devrait s’unir dans cet objectif. Il n’y a pas de démocratie sans peuple souverain. Pour qu’il y ait un peuple, il faut qu’il y ait une conscience collective, une identité. Une Allemagne dont une partie de la population voterait en fonction des consignes du Président turc ne serait plus une démocratie. Une France, fille aînée de l’Eglise, puis république laïque, qui serait si peu que ce soit influencée par une religion étrangère à son histoire et à sa culture, et incapable de bien séparer le religieux du politique, ne serait plus une démocratie, ne serait plus la France. La souveraineté et l’identité sont indissociables. Il n’y a de souveraineté que pour un peuple qui a préservé son identité, et ceci ne peut s’accomplir que par un exercice de la souveraineté. Restreindre drastiquement l’immigration non européenne et plus encore l’acquisition de la nationalité, mener une politique de préférence familiale et nationale dans un but clairement démographique sont donc des priorités, aujourd’hui totalement délaissées. Redonner au peuple français, notamment par la voie du référendum la pleine maîtrise de son Droit est donc indispensable. Le carcan économique et monétaire européen est secondaire, parce que l’économie est secondaire. Il faut vivre d’abord avant de chercher à mieux vivre. Que l’Euro soit un boulet pour les pays du sud est une évidence. Nous en libérer peut être un objectif, mais qui ne doit nullement nous dispenser d’abandonner les travers qui depuis des décennies font de la France un pays structurellement socialiste et donc voué à l’échec.
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