Article initialement paru le 10.08.2015
À la faveur d’un G7 dont le programme, essentiellement construit autour d’un agenda socialiste où il s’agira, pour les Hommes d’État, d’intervenir dans la vie de tous les autres afin de montrer qu’ils le peuvent, quitte à y mettre un bordel indescriptible, on redécouvre quelques vérités qui, en plus de déranger, sont toujours exactes : le socialisme ne marche pas, ni en grand, ni en petit.
C’est l’occasion de ressortir un billet paru il y a quatre ans et qui revenait sur une de ces expériences socialistoïdes dont le résultat était – encore ! – un échec…
Malgré le nombre maintenant élevé de foirades magistrales lié à l’application de l’égalitarisme, on continue quand même à en user avec profusion. Son parfum le plus connu, le Socialisme, a pourtant largement prouvé sa nocivité, mais certains persistent pourtant, obstinément, à l’employer partout.
En Union Soviétique, on avait fait les choses en grand. L’égalitarisme soviétique devait être à la fois massif et toucher toutes les couches de population, et géographiquement très étendu au point de couvrir un nombre considérable de pays et un pourcentage important de la population terrestre. L’application consciencieuse du programme communiste aura bien sûr abouti à des millions de morts par douzaines, des famines, des déportations massives dans des camps de travail ou des génocides. Sans trop bousculer le sens des mots, on peut dire que ce fut un gros échec retentissant.
De différentes façons, on testa ensuite les mêmes principes sur des zones plus restreintes, sur des populations moins bigarrées. Cuba, la Corée du Nord ou le Vietnam furent autant d’exemples qui montrèrent que les problèmes engendrés par les idées égalitaristes et socialistes ne provenaient pas de la trop grande taille géographique : même pour des plus petits pays, ça foirait lamentablement.
Actuellement, le Venezuela tente l’expérience d’un socialisme un peu plus modéré (si tant est que ça puisse exister, comme un viol modéré ou une gangrène discrète). Celui-ci s’installe plus doucement, avec marginalement moins de violence, et ne prend pied que progressivement dans tous les domaines de la vie locale. Tout indique là encore que c’est un naufrage complet pour un pays qui ne pourra même pas se cacher derrière une absence de ressources pétrolières ou un commode embargo américain. Dans la catégorie « encore moins vite, monsieur le bourreau », d’autres pays tentent aussi ce socialisme en mode « infiltration ninja » à doses plus ou moins légères et obtiennent — comme c’est surprenant — les mêmes déboires catastrophiques. La France en est un excellent exemple, et sa trajectoire actuelle, qui vise à contrer les problèmes issus d’un tsunami d’égalitarisme par une explosion de mesures égalitaristes, promet d’appuyer là où ça fait mal. Et ce sera, bien sûr, un échec épique.
Et ce qui plante furieusement pour un continent, ce qui foire lamentablement pour un groupe de peuples, ce qui échoue minablement pour un pays seul, eh bien — nouvelle surprise ! — ça rate aussi complètement pour des individus et des entreprises. Le plus récent exemple (mais pas le dernier, rassurez-vous, les gens sont têtus, têtus, têtus) est celui de Dan Price et son entreprise, Gravity Payments.
Tout a commencé il y a trois mois, alors que l’opinion américaine était toute occupée à débattre de l’épineux problème des salaires minimums. Aux États-Unis, ce dernier est fixé au niveau fédéral, ainsi que pour chaque état voire chaque ville, et dernièrement, certains États et certaines villes ont décidé de le revoir à la hausse. À Los Angeles, le salaire minimum va par exemple passer de 9$ à 15$ de l’heure entre le 1er juillet 2016 et le 1er janvier 2021 à la suite d’une disposition municipale adoptée le 19 mai dernier. Et à Seattle, Dan Price a décidé d’apporter une pierre à l’édifice général d’égalitarisme et de bons sentiments en augmentant le salaire minimum en vigueur dans sa société de gestion de paiements par cartes de crédit, Gravity Payment, et en le plaçant au niveau fort élevé de 70.000$ par an (5800$ mensuels).
La presse nationale américaine et bientôt étrangère, toute acquise à l’élan philanthropique du patron de cette société, a largement repris cette information en louant l’initiative visant, comme il se doit, à rendre les gens heureux en diminuant les méchants écarts entre les mieux et les plus mal payés, bref, en renforçant l’égalité de traitement des employés de sa société. À l’époque, si on trouvait bien quelques voix américaines discordantes pointant l’aspect purement socialiste ou maladroit de l’initiative patronale, les médias étrangers et notamment français se contentaient de se réjouir d’une telle information en imaginant, l’œil déjà vaguement humide d’émotion, tous les (a priori cupides) patrons de la Terre, touchés par la grâce, et se décidant enfin à payer royalement tous leurs employés, de préférence autour de 100.000$/an et un Mars.
Malheureusement, patatras, trois mois plus tard, l’expérience tentée à Gravity Payments aboutit à un échec.
Rien ne s’est passé exactement comme prévu (sauf pour les détracteurs de l’initiative) : non seulement, les gens n’ont pas été plus heureux, mais la société est maintenant en difficultés financières. Des clients, estimant soit que cette idée allait accroître les coûts des services soit qu’elle était néfaste sur le plan idéologique, sont partis. Des employés ont posé leur démission, jugeant les augmentations salariales plus du tout en accord avec l’effort qu’ils avaient fournis dans la société ; et bien évidemment, ce ne sont pas les plus mauvais qui sont ainsi partis, mais des employés clés, selon le patron lui-même…
Ce qui est logique. De l’aveu d’un des développeurs qui a quitté ce havre de bonheur socialiste,
« Now the people who were just clocking in and out were making the same as me. It shackles high performers to less motivated team members. »
« Maintenant, les gens qui se contentent de pointer touchent la même chose que moi. Ce système enchaîne les plus performants de l’équipe avec les moins motivés. »
Et pompon de l’affaire, le frère du patron, actionnaire à 30% de cette société, l’attaque en justice au motif que les bénéfices précédemment récoltés n’avaient pas à être utilisés pour les augmentations de salaires accordées. La société, aux finances maintenant extrêmement tendues, se retrouve au milieu d’un imbroglio juridique coûteux qui n’a, bien évidemment, pas été provisionné. Tout ceci sent la faillite.
En oui : le modèle de « récompense salariale » ainsi mis en place par Price ne fonctionne tout simplement pas et entraîne des effets de bords désastreux. En effet, il survalorise les moyens, les médiocres voire les mauvais en leur donnant artificiellement plus que leur valeur de marché. Dans la foulée, il dévalorise les bons en les payant marginalement moins bien (la valeur de leurs heures supplémentaires s’effondre), et aussi en écrasant le différentiel subjectif : non seulement, il devient inutile de faire des heures supplémentaires, mais en plus l’écart entre bon et mauvais n’est plus palpable ce qui n’incitera personne à faire des efforts. En outre, il envoie un message très ambigu aux clients (dont certains prennent peur d’un renchérissement des services, notamment).
Autrement dit : Price a augmenté ses coûts (les salaires), a mis en danger ses entrées (ses clients), et a diminué la productivité par tête de pipe.
Il faut se rendre à l’évidence : certaines idées, à la fois simples et parfaitement idiotes, aboutissent systématiquement à un échec. Et pourtant, loin d’être rapidement abandonnées, elles s’installent dans les esprits et les habitudes au point que, malgré leurs échecs répétés, les individus, les peuples ou les entreprises persistent à les appliquer avec assiduité, renouvelant sans cesse le bestiaire des bides de leurs applications. Ces idées seront systématiquement jugées à leurs intentions, généreuses, mais jamais à leurs résultats, catastrophiques.
Dans ces idées idiotes, l’égalitarisme et son pendant, le socialisme, sont des exemples frappants. Et devinez ce qu’on applique en France ? …
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