L’année 2016 n’est même pas au trois quarts entamée que déjà se bousculent les candidatures pour l’année prochaine. Bien sûr, on trouvera celles de mai 2017, pour la présidentielle, Graal ridicule qu’une coterie de sociopathes hontectomisés tente à tout prix de dérober. Il y a aussi les élections législatives du mois suivant, qui promettent au moins autant de bousculades et de petits moments de consternation triste. Apparemment, cette fois-ci, c’est le Parti officiellement socialiste qui ouvre le bal.
Et question consternation, le Parti a décidé de mettre les bouchées doubles : pour bien s’assurer de l’égalité homme-femme dans leurs candidatures aux législatives, ses instances dirigeantes ont décidé de « présenter plus de femmes que d’hommes ». En effet, dans une circulaire nationale transmise en interne le 13 juillet dernier, le parti esquisse les « modalités de désignation des candidat-e-s socialistes », en utilisant bien les tirets un peu partout pour ne froisser aucun-e militant-e conscientisé-e et orthographosensible. Très officiellement donc, l’objectif fixé nationalement est de, je cite avec des guillemets, « présenter plus de femmes que d’hommes aux prochaines élections législatives ».
Eh oui : dura lex, sed lex, et comme cette lex-là dit qu’il faut une égalitéentre les candidats et les candidates, il a été jugé indispensable de présenterplus de femmes que d’hommes.
Pour que l’on se comprenne bien, je vais réécrire tout ça : pour avoir autant de femmes que d’hommes dans les candidatures aux législatives, le Parti Socialiste va présenter plus de candidatures féminines que masculines.
Concept intéressant et déclinable assez facilement pour un peu tout et n’importe quoi : pour avoir autant de gâteau entre Alice et Bob, le Parti Socialiste va découper une part de gâteau plus grande pour Alice que pour Bob, et tout sera parfait dans le meilleur des mondes. Vous ne saisissez toujours pas la subtilité ? C’est normal, il n’y en a pas et l’idée est surtout d’éviter l’amende salée qui pourrait advenir si l’égalité de candidatures entre les hommes et les femmes n’était pas respectée (en mettant plus de femmes que d’hommes, donc).
En effet, la législation s’est quelque peu durcie puisque l’amende prévue en cas d’inégalité (trop d’hommes et pas assez de femmes), qui atteignait 4 millions d’euros en 2012, en atteint maintenant 8, et les finances du Parti ne permettent pas trop l’extravagance (d’autant que le nombre d’élus cotisants, et de militants, continue de dégringoler). Il restera à bien regarder si l’amende est appliquée en cas d’inégalité flagrante en faveur des femmes, ce qui pourrait donner une situation croquignolette, on en conviendra.
Mais baste, passons, le combat ne fait que commencer et on peut, pardon, on doit aller plus loin !
La vraie égalité ne sera atteinte que lorsqu’enfin l’Assemblée Nationale pourra se targuer de représenter la diversité française dans toute sa richesse, et tout le tremblement. Ceci implique donc des quotas de candidats obèses, blonds, fumeurs ou unijambistes roux, c’est une absolue évidence. Bien évidemment, aucun quota d’entrepreneur ou d’artisan ne sera imposé, ces dernières catégories, se vautrant lamentablement dans la classe patronale, ne méritent absolument aucune représentation nationale. L’égalité, oui, la représentativité, passe encore, mais il ne faudrait surtout pas que la France commence à s’ouvrir aux réalités du marché et de l’entreprise, non mais alors.
Et de façon plus pragmatique, on devrait aussi réclamer quelques critères plus opérationnels pour la gestion de la République française.
Par exemple, imposer un quota de gens compétents, ce qui, outre l’aspect « défi rigolo » dès qu’on touche à la politique, amènerait un vent drastique de renouvellement dans toutes les circonscriptions ; on peut ainsi imaginer des sanctions pas du tout symboliques pour les candidats qui démontreraient leur totale incompétence, allant de l’inéligibilité jusqu’à la perte de nationalité (certains la méritent largement et la Nation ne peut pas s’encombrer de trop d’imbéciles à ses manettes, n’est-ce pas), en passant bien sûr par une bonne grosse amende financière directement ponctionnée sur le compte du candidat ou de l’élu. N’en doutez pas, cette dernière ponction inciterait plus que toute autre vexation nos futurs élus à fermer plus souvent leur mouille, nous évitant ainsi la consternation récurrente qu’ils provoquent avec leurs déclarations, tweets et autres vidéos dont ils affligent le paysage politique français avec obstination.
Plus méchant mais certainement plus facile et plus objectif à mettre en place qu’un simple quota sur les candidats compétents serait l’imposition d’un contingent important de prétendants honnêtes, ceci étant vérifié par la présence d’un casier judiciaire vierge et, pour les plus puristes, par l’absence de tout passage devant un tribunal, même suivi de non lieu.
Là encore, ceci aurait immédiatement pour effet de modifier fondamentalement la représentation parlementaire française. D’illustres figures (trop « favorablement » connues des services de police et de justice) disparaîtraient alors pour prendre une retraite depuis trop longtemps repoussée. Plein de petits nouveaux et de sémillantes nouvelles arriveraient pour occuper les bancs de l’Assemblée. On peut parier sur leur jeunesse, l’âge et l’expérience dans la politique se traduisant très généralement par un casier judiciaire et plusieurs douzaines de casseroles en fonction des échelons (locaux, régionaux, nationaux) parcourus.
Et quand on y réfléchit, demander de tels quotas au Parti qui a toujours les droits de l’Homme, l’égalité, la probité, la transparence et les grands principes humanistes à la bouche s’impose comme une évidence, d’autant que les autres partis, devant l’exemple ainsi affiché, suivraient goulûment pour ne pas paraître moins compétents, moins honnêtes, moins irréprochables et moins égalitaristes.
Ahem.
Foin de rêveries : bien évidemment, ces demandes de quotas ne rencontreront jamais que le plus profond mépris de la classe politique.
Bien avant d’essayer d’obtenir un hémicycle dépourvu de fraudeurs, de condamnés ou de repris de justices, les partis politiques, les élus et les candidats préfèrent se battre pour une parité sexuelle aussi artificielle que simple à contourner. Bien avant de demander aux candidats des marques tangibles de compétences, du sens du devoir et, tout simplement, d’honnêteté mesurable, ce qui ferait fuir les candidats, les militants et les élus, on va leur demander de tomber dans la bonne catégorie sexuelle parce que c’est la mode du moment ; et lorsque la mode sera remplacée par celle de quotas d’homosexuels, de handicapés ou de tout autre minorité qui permettra de racoler de façon plus ou moins putassière une frange de la population, les élus, les partis et l’assemblée obtempéreront avec avidité.
L’honnêteté, la transparence, le non-cumul des mandats, l’abnégation ou le sens du service public… pour un parti politique ? Qu’allez-vous imaginer ?!
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