Un prêtre a été égorgé dans son église alors qu’il disait la messe pour quelques paroissiens. L’un de ceux-ci lutte entre la vie et la mort. Les deux assassins se sont réclamés de l’Etat islamique qui a d’ailleurs revendiqué cet acte lâche et odieux par son canal habituel. Cet événement survient dans une longue série qui a touché particulièrement la France, mais aussi l’Allemagne. Une fois encore, la portée symbolique est forte. Il ne s’agit plus ici de rassemblements festifs propres à une société de consommation, ni de la Fête Nationale, mais de la petite église de Saint-Etienne-de-Rouvray, près de Rouen à l’occasion d’un discret office du matin. Il est donc clair que c’est l’Eglise de France, les catholiques qui ont été visés, les « croisés » comme disent les islamistes.
Il est intéressant d’écouter les réactions. Le discours officiel parle de la communauté catholique, de la communauté chrétienne, sous-entendant qu’il y en a d’autres. Mieux inspiré, Sarkozy parle de l’âme de la France. Quelles que soient les confessions présentes dans notre pays et leur développement, le catholicisme a pendant longtemps été inséparable de la France et de son Histoire. Et les islamistes le savent. C’est pourquoi, en visant une église, ce n’est pas la liberté de culte, les droits de l’homme, et autres fariboles selon eux qu’ils attaquent, mais la France, en plein coeur. Sarkozy dit encore qu’il faut être impitoyable. Certes, mais que ne l’a-t-il été plus tôt, lorsqu’il s’est cru très habile en supprimant la double peine, c’est-à-dire l’expulsion des étrangers condamnés, pour faire plaisir à des personnalités du spectacle favorables à l’immigration clandestine.
La réaction de la plupart des représentants de l’Eglise que j’ai entendus a été consternante. La seule arme est la prière. Tous les fidèles n’ont pas vocation à être des Saints, ni des agneaux qu’on égorge. Il faut prier, certes, y compris pour son ennemi, mais ça n’empêche pas de le combattre. L’Eglise a su se défendre quand il le fallait, et elle a eu raison. Les Chrétiens d’Orient au Liban et en Syrie ont formé des milices qui se battent et défendent leurs villages et leurs églises contre les islamistes. Le patriarche melkite, Grégorios III Laham, soutient clairement le gouvernement syrien parce que sa défaite entraînerait le massacre et l’exode des Chrétiens. Les Arméniens, autre confession chrétienne, savent à quoi s’en tenir. Ce rappel historique permet de relativiser le discours sirupeux dégoulinant de bons sentiments et d’ignorance de plusieurs responsables catholiques.
C’est l’amitié qui nous fait aller vers l’autre qui va nous sauver, selon Mgr Dubost. D’une part, lorsqu’on va vers l’autre en ami, il faut qu’il y ait une réciprocité d’intentions. C’est loin d’être le cas, non seulement parce que les terroristes sont haineux et cruels, et qu’ils sont justifiés en cela par une religion qui suscite ces sentiments dans plusieurs textes, mais aussi parce que leur attitude est totalement imperméable à la raison qui est synonyme de faiblesse. Il faut se rappeler le discours si juste de Benoît XVI à Ratisbonne que les bonnes âmes du politiquement correct ont injustement condamné alors qu’il éclaire les événements qui se sont produits depuis. La tendance à gommer la spécificité du message du Christ, par rapport à celui de Mahomet par exemple, et l’idée que toutes les religions seraient éprises d’amour et de paix relèvent de la trahison. Beaucoup de musulmans vivent bien et sont respectables, mais leur religion n’a pas grand chose à voir avec le christianisme, sauf de lui avoir emprunté quelques personnages. Pour leurs théologiens, le Dieu trinitaire des chrétiens est inacceptable. L’humilité et le sens de la faute sont des dimensions de l’âme chrétienne estimables, mais il ne faut pas exagérer. Lorsqu’un responsable catholique déclare que seule une société malade, la nôtre, et l’exclusion qu’elle produit, peuvent expliquer l’inexplicable de ces actes, il innocente un peu facilement le coupable qui, librement, a décidé de les accomplir et il établit une bien curieuse responsabilité collective plus proche de la sociologie marxiste que de la philosophie chrétienne.
Enfin, les élections se profilant à l’horizon, c’est la bousculade des avis et des critiques, pour beaucoup un peu tardives. Le gouvernement cherche désespérément à susciter l’union nationale et à montrer qu’il nous protège alors que chaque jour qui passe soulève ses insuffisances. L’un des assassins du prêtre avait essayé d’aller en Syrie et portait depuis un bracelet électronique, contre l’avis du Parquet. Ce gadget auquel je n’ai jamais cru montre aujourd’hui son inutilité. La guerre, oui, mais en la faisant sérieusement.
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