Tribune libre de Vivien Hoch*
« Elle s’appellerait Claudine Dupont, elle ne serait peut-être pas là. » Au milieu d’un article sur le parcours de Najat Vallaud-Belkacem, le petit monde médiatique s’est mis en émoi à propos de ces propos de Ségolène Royal dans Le Point (soi-disant démentis). Voilà comment la gauche se trouve prise à son propre jeu, en se vautrant désormais publiquement dans le différentialisme qu’elle critique allègrement à droite, dévoilant bien à quel point le vivre-ensemble n’est pas une fin pour elle, mais un simple moyen.
Nous sommes en pleine débâcle de morale collective. Nous ne savons plus qui nous sommes, ni ce qui fait que nous sommes un « nous ». Non seulement la gauche est favorable à une immigration massive, mais elle refuse de surcroît l’assimilation républicaine. Il faut que l’autre s’affirme comme autre, différent du socle commun fournit par l’instruction nationale, pour réussir. Il ne faut pas être bien intégré pour réussir, mais être le plus différent possible. Car Ségolène Royal en rajoute : « J’ai toujours voulu des ouvriers, des exclus, des jeunes issus de la diversité autour de moi ». On discrimine, mais à l’envers (on exclut donc, à l’endroit), et selon des critères idéologiques, radicalement anti-méritocratiques. Le mérite pur, abstrait des conditions matérielles d’existence, d’ethnie ou de faciès, c’est une valeur forte de la droite, celle qui veut que chacun soit à la place que la force de sa liberté, et elle seule, aura conquis.
Il faut bien comprendre que l’ethnicisation du débat public est le grain à moudre de la gauche. Cette gauche « qui conspue les cabinets blancs de la République cependant que de l’autre côté, on compte les Noirs et les Arabes », comme le rappelle Coralie Delaume dans Marianne. Sous couvert d’universalisme ou d’humanisme, la gauche œuvre en fait à la destruction complète de l’identité française, au déracinement complet des personnes, solitude déconnectée d’un ordre social, aboutissant ainsi à un individualisme complet, véritablement anti-social. Le but n’étant pas de vivre-ensemble, mais de co-exister les uns à côté des autres, sans le liant républicain. Le comble pour les tenants du socialisme.
Ce fut le grand mérite de Nicolas Sarkozy que d’entreprendre le débat sur l’identité française, qui fut malheureusement extrêmement mal reçu par toutes les corporations qui œuvrèrent à sa défaite en 2012. Le « débat » sur l’identité française de l’ère Hollande aura bien lieu, mais dans un fouilli médiatique timide et complexé. Mais, ce débat, on en a besoin. Et après 5 ans de socialisme-individualisme, plus que jamais.
*Vivien Hoch est chercheur en philosophie à l’Institut catholique de Paris, rédacteur en chef de www.itinerarium.fr, responsable du pôle éducation libre et enseignement catholique au CERU-UNI et salarié de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
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