À quand la révolte ?

Lorsque le Général de Gaulle a mis en place la Vème République, il a voulu des institutions qui favorisent l’exécutif, c’est-à-dire la continuité et la responsabilité de l’Etat et donc pour lui la dignité et la réussite de la France. Son histoire personnelle l’avait rendu lucide sur la médiocrité des hommes. Toutefois, il n’avait pas pensé que celle-ci envahirait la vie politique jusqu’à faire des institutions le rempart imprenable de dirigeants malfaisants à force d’incompétence et d’insuffisance morale.

Le parti du Président élu il y a deux ans, majoritaire à l’Assemblée, seul à bord du radeau gouvernemental, ou presque, a été laminé aux municipales, écrasé aux européennes, tandis que les sondages atteignaient un niveau abyssal de popularité présidentielle qui entame la légitimité réelle du pouvoir. Légalement, toutefois le Président et l’Assemblée peuvent rester en place trois ans encore. Dans quelques mois, le Sénat basculera et M. Valls fera face à une situation plus difficile. A l’automne, le radeau entrera dans les rapides. Tandis que les zombies des organisations « étudiantes » de gauche tentent de ressusciter le fantôme du fascisme, on ne peut que regretter que le Jour de Colère soit parti trop tôt et en prêtant le flanc à des soupçons d’extrémisme. Car toutes les raisons de la colère populaire sont aujourd’hui réunies. Des raisons, dénuées même de préjugés ou de passions politiques, fondées sur les constats et le bon sens !

La France est gouverné par des incapables. Pour le moment, ils sont de gauche. Les médias qui ne passent pas pour être orientés à droite, puisque une large majorité de journalistes votent à gauche, sont devenus pour ceux qui aiment la France un instrument de torture quotidienne. On a abusé de l’exception française. Pourtant l’expression devient juste. Notre pays devient l’exception, le seul pays à s’enfoncer sans cesse davantage. La croissance existe, souvent timide, mais pas chez nous. Le commerce extérieur s’améliore, pas le nôtre. Le chômage diminue parfois spectaculairement comme au Royaume-Uni. Chez nous il continue de progresser malgré la multiplication des emplois artificiels et le fait que l’on travaille moins longtemps en France qu’ailleurs, avec l’épouvantable gâchis du savoir-faire des seniors. L’industrie s’effondre. Les investissements stagnent. Le déclin n’est pas une thèse, c’est un fait.

Le gouvernement actuel a une double responsabilité. D’abord l’idéologie qui l’anime, à contre-courant de toutes les politiques intelligentes menées sur la planète, a systématiquement ruiné les fondements, les ressorts psychologiques de notre économie. La retraite à 60 ans, alors que l’espérance de vie grandit, a été un crime contre l’intelligence. Non seulement cette mesure stupide déséquilibre nos comptes, alourdit le coût du travail, augmente le chômage, mais encore, elle a frappé d’obsolescence ceux qui perdent leur emploi à cinquante ans. Le même jugement doit frapper les 35 heures qui, au-delà de la perte de compétitivité économique, ont ruiné la valeur même du travail. Or, en revenant au pouvoir, en 2012, après une crise sans précédent, les socialistes ont rapporté leurs vieilles idées qui, partout, avaient échoué : moins de travail, plus d’impôts, une dépense publique insuffisamment maîtrisée, le tout recouvert par des incantations sur la croissance et des contre-sens sociétaux sur la famille, la justice et l’immigration. A près deux ans d’échecs, le pouvoir a voulu se refaire une virginité en changeant de discours et accessoirement de Premier Ministre. Le tableau est désastreux. Après avoir supprimé quelques bonnes mesures des gouvernements Fillon, on y revient, on reprend même les idées de l’adversaire tout en lui faisant porter la responsabilité des ravages. Cela donne un noeud de contradictions, une bouillie intellectuelle, un fatras de mesures que les ministres eux-mêmes ne semblent plus comprendre. On veut toujours réduire les déficits, sans y arriver, en raison de la chute prévisible des rentrées fiscales. Mais on diminue les impôts en prétendant financer le cadeau fiscal par la lutte contre la fraude. Montebourg s’agite stérilement. Touraine avec un ton de grande bourgeoise, qui ne respire pas la composition, y va de sa litote pour commenter avec fatalisme : « Les chiffres du chômages ne sont pas satisfaisants ». « Non. Ils sont insupportables, et vos idées, votre politique en sont la cause » a-t-on envie de lui répondre en pensant que la perte rapide de son « emploi » ne serait que justice !

Malheureusement, pour la France, il y a l’opposition parlementaire, l’UMP, une machine électorale pourrie d’ambitions mais privée d’idées et de talents. Il est vrai que ses dix ans de pouvoir n’ont pas porté leurs fruits par manque de courage et de cohérence. Même le souvenir de l’activisme agité de Sarkozy laisse apparaître chaque jour les illusions qui enveloppaient les discours, les promesses et les mesures. La montée des déficits, des prélèvements obligatoires, et de la dette ne date pas de 2012. Des gouvernements bâtis sur des « castings » et une politique de « com » initiée par une « ouverture à gauche » ont laissé un pays dans lequel aucune question n’avait été réglée. Les Roms, les migrants à Calais, l’insécurité jettent rétrospectivement une ombre sur le Ministre de l’Intérieur. Le décrochage économique de la France par rapport à l’Allemagne, notre recul dans un domaine comme l’éducation, l’absence de suivi sur les dossiers font se dissiper l’euphorie naguère provoquée par l’énergie de la parole présidentielle : Alstom ? La relance de l’industrie ? La Libye ? On cherche en vain une fondation solide. On ne trouve que des décors qui ne résistent pas au temps.

Incompétence criminelle à gauche, légèreté et arrivisme forcené à « droite », la France semble prisonnière d’un système qui conduit à une élection présidentielle où le léger comme l’incompétent pensent qu’il suffira de se retrouver au second tour face à ce qui fait peur pour continuer à participer sous ses ors au déclin de la République. Pour la France, c’est le système qu’il faut aujourd’hui briser. Ce n’est donc pas d’opposition, mais de révolte dont la France a besoin.

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70 Comments

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  • eric-p , 1 juin 2014 @ 13 h 04 min

    Chiche !

    Ceci dit, une saltimbanque du défilé du 14 juillet 2012 avait tenu des propos
    scandaleux qui n’ont même pas été relevés (à ma connaissance !) par la classe politique (même pas le FN) ni même par les autorités ecclésiastiques:

    “La révolution française est le nouveau testament de la république”.

    Ça m’étonnerait que Flanby le fasse cette année. Il a plutôt intérêt à jouer profil bas, à faire semblant de faire croire qu’il mettra son idéologie toxique de côté…

  • eric-p , 1 juin 2014 @ 13 h 22 min

    Trop faciiiiile !

    Viviane Reding est une folle, tout le monde le sait sur NDF !
    Même le président socialiste du Sénat ne peut pa la blairer !
    Cette pouf a eu le culot incroyable de comparer le régime de Sarko à un régime
    national-socialiste (affaire de l’expulsion des Roms).
    C’est tout de même hallucinant de voir cette gonzesse humilier la France à ce point là !
    Normalement, si la France était une puissance politique influente, elle aurait
    dû obtenir la tête de Reding sur un plateau !
    Il est absolument inadmissible qu’une technocrate puisse tenir des propos inadmissibles contre un Parti légalement élu.
    Le Parlement européen s’honorerait à mettre cette pouf à la retraite d’office.
    En réalité, son discours est contre-productif…
    L’impuissance apparente du Parlement Européen est amha symptômatique
    du bordel institutionnel qui règne dans ce “grand machin”.

    De ma vie, je n’ai jamais vu un chef d’Etat qualifier de fasciste un autre chef d’Etat.

    À ce compte là, elle pourait aussi qualifier Poutine de fasciste !
    C’est curieux, on ne l’a pas encore entendu à ce sujet…

  • PG , 1 juin 2014 @ 16 h 41 min

    @ GLEM
    Désolé, je l’ai commun comme élu régional siégeant dans la même assemblée que lui.
    Se disant très à droite en privé, mais ayant trèsz peur de le montrer en public.
    C’est lui qui a fait les propositions de modifications des lois électorales adoptées par deux fois de rehausser les seuils électoraux (entre inscrits et votants, ou avec des seuils pour êtr eprésent au second tour) afin d’empêcher le RPR-UDF à l’époque et au PS de se trouver confrontés avec le FN au second tour.
    Il avait même évoqué la possibilité d’élire les députés par une élection à un seul tour, selon le modèle anglais, toujours pour se débarasser de la question du FN.
    Universitaire sans doute érudit, avec des idées de droite, très certainement, mais comme tout gaulliste, prêt à tout y compris faire tirer sur son camp pour avoir le pouvoir seul.
    C. VANNESTE, cependant avait des remords : chauqe fois qu’il fut en second tour, par personnes interposées, il tentait d’obtenir un geste du FN, si celui-ci n’était plus présent ce qui est arrivé après la scission MNR qq fois dans le Tourquennois……..
    C. VANNESTE est veule, et son animisité anti FN est manifeste : le silence, -comme un tabou, un interdit majeur- sur le nom même de FN quand il commente l’actualité des dernières élections du 25 mai est en soi un aveu.
    A part cela, un homme courtois et agréable, que j’avais toujour splaisir à saluer et avec qui parler, mais il fallait le faire discrètement, car il demandait à nous voir en se cachant.
    Alors que je regrette de le dire, J-L BORLOO n’avait aucune pudeur à nous parler en tant qu’élus FN : certes c’est un personnage zigzagant et mirobolant, pris avec DSK dans l’affaire du Carlton (raison pour laquelle il s’est mis en retrait), mais il avait la main franche et le regard non fuyant.

  • Charles , 1 juin 2014 @ 21 h 48 min

    Sur le Bild (1er quotidien d’Allemagne et d’Europe) présentation
    de Marine d’une manière presque objective.
    la photo choisie est cependant en sa défaveur.
    Il reprend l’article du Spiegel qui sera publié demain.
    En gros,Merkel défend bien les interets allemands
    mais ceci est aux dépends de l’économie Française.
    A terme,la position est intenable.
    Elle veut détruire l’UE mais pas l’Europe.

    http://www.focus.de/politik/ausland/eu/scharfe-kritik-an-merkels-politik-le-pen-das-wird-zur-explosion-der-eu-fuehren_id_3888136.html

  • Charles , 1 juin 2014 @ 21 h 49 min

    Confusion;l’article est sur le magazine Focus et non pas le Bild.
    Focus est un hebdomadaire type Le Point.

  • charles-de , 2 juin 2014 @ 10 h 36 min

    Et encore INOPINEMENT par un contrôle douanier !
    Comme vient de le dire sur France Inter ce matin 2 juin : “Nos services secrets sont très bons !”

    Et encore une “CHANCE pour la FRANCE” !

  • charles-de , 2 juin 2014 @ 10 h 41 min

    Comme je le dis depuis plusieurs décennies : “Plus les gens seront NULS, plus il sera FACILE de les MENER !”

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