Lilian Renaud, le jeune fromager franc-comtois devenu “la Voix” de la France

Samedi 25 avril avait lieu sur TF1 la finale de The Voice, le plus populaire télé-crochet de France. Au cours de la soirée, c’est un jeune homme détonnant de 23 ans, Lilian Renaud, qui a été sacré plus belle voix de France. Le succès le plus large de l’histoire de l’émission, obtenu avec 52% des voix du public, soit plus que les trois autres prétendants réunis.

Un engouement français

Sur le plateau, il n’y avait plus vraiment de suspens ce soir-là. Dans le public, la foule lui réservait les plus longues ovations, scandant « Lilian, Lilian » après ses prestations. Le favori était déjà tout désigné. Chouchou du public en studio depuis sa première prestation, il l’a aussi été des votes des téléspectateurs. Et pourtant, la plupart des candidats sont beaucoup plus expérimentés que lui. Beaucoup sont déjà semi-professionnels, ont entamé une carrière ou ont déjà sorti un album. Mais c’est Lilian, « l’amateur », qui a conquis le public. Dans une finale de qualité entre quatre chanteurs de valeur (Lilian, Côme, David et Anne Sila), il rafle la mise.

Pas comme les autres

Beaucoup de jeunes artistes souhaitent participer à The Voice pour profiter de ce tremplin médiatique. Lilian n’avait pas de tel projet. Originaire du village de Mamirolle dans le Doubs, il est le cinquième d’une fratrie de 6 frères et sœurs. Il devient artisan fromager, métier typique de sa région franc-comtoise. « C’est avant tout un métier de passion exercé par des gens passionnés. Le travail du lait est une activité noble comme le travail de la terre. Ce sont des valeurs qui ont une importance pour moi. » Un métier assez original pour que les journalistes ne cessent de le rappeler, notamment sur le ton des jeux de mots.
Ses origines rurales, il ne les renie pas. Il parle avec l’accent typique de la campagne franc-comtoise.

Après son bac et une formation en BTS à l’École nationale d’industrie laitière de Besançon-Mamirolle (sorti 2e de sa promotion), il enchaîne trois ans d’activité dans les fruitières du Haut-Doubs. Mais outre le fromage, sa passion est la musique. Vers l’âge de 11-12 ans, il apprend le chant. Son chant fait pleurer son grand-père de fierté. Ce sont ses grand-frères qui lui apprennent la guitare et la batterie. A la fin de ses études, il avait repéré la formation de la Music Academy International de Nancy, en Lorraine voisine. Il se lance en 2014 et intègre ce prestigieux cursus de formation de chanteur professionnel, finançant son année « avec ses propres économies » précise-t-il.

Le premier jour de sa formation à Nancy, il est repéré par Bruno Berberes, le directeur de casting de The Voice, qui l’encourage à faire l’émission. A la base, Lilian ne veut pas. Pas envie de se mettre à nu, de passer par un télé-crochet, volonté de se former avant. Il finit par accepter de participer au casting. « Je suis assez discret et J’appréhendais toute cette médiatisation. Finalement, on est très bien entouré, conseillé, j’ai fini par m’adapter », confiera-t-il.

C’est alors la première fois qu’il va à Paris. Celui qui chante en famille ou pour des publics locaux se retrouve à faire son premier plateau télé.

Parcours gagnant dans The Voice

Lors de la première émission de la saison, les auditions à l’aveugle, le chanteur au béret, qui aime la variété française et les chansons à textes, interprète « Octobre » de Francis Cabrel. Les quatre coachs (le jury) se retournent, convaincus par sa voix et son interprétation. C’est Zazie qui est la plus subjuguée par son talent, et le prend sous son aile à partir de ce moment-là. Lilian Renaud continue à tracer sa voie au cours des shows, reprenant de la chanson française mais se risquant aussi à des styles différents du sien. Il prouve qu’il sait chanter en anglais en interprétant « Angels » de Robbie Williams, qui met en valeur sa puissance vocale de chanteur lyrique.

En demi-finale, il choisit d’interpréter « Yalla » de Calogero, écrite en hommage à Sœur Emmanuel, parce que, explique-t-il après sa prestation, « croyant ou non, je pense que c’est un beau message d’espoir et d’avenir ». Il se qualifie pour la finale avec 90,2% des suffrages des téléspectateurs face à l’autre candidat.

Il se dit « fier de sa région », qui le lui rend bien. Le jour de la finale, 800 personnes sont réunies dans un hangar de Mamirolle pour soutenir l’enfant du pays avec une ferveur de Coupe du Monde et des cloches franc-comtoises. Ses parents et ses frères et sœurs sont montés à Paris. Il interprète « Hallelujah » version Jeff Buckley. Avec sa voix de ténor, il chante en duo avec le baryton américain Josh Groban « Somewhere over the rainbow ». Juste avant, on lui montre un touchant message vidéo de ses parents, on y découvre des gens humbles et heureux pour leur enfant. Enfin, Lilian reprend « Là-Bas » de Jean-Jacques Goldman, en duo avec son coach Zazie, qui l’a soutenu pendant toute l’émission, dans une relation à la fois maternelle et complice. Au moment de l’annonce de la victoire, la foule à Mamirolle exulte de joie. Les collègues de l’école de fromager sont là aussi. Sur le site internet, on peut lire : « Ici à l’ENIL on connait peu le chanteur, par contre on connait bien et on apprécie le jeune homme bosseur, sérieux, rieur, sympathique et très attachant. »

Celui qui n’a ni ordinateur ni smartphone se voit contraint de se mettre à la page, avec une page Facebook réunissant à ce jour quelques 80 000 fans qui lui font passer ses messages de soutien.

Pourquoi le chanteur de Mamirolle suscite-t-il cet engouement ?

Avant tout parce qu’il possède une très belle voix. Le jeune homme a un timbre de voix exceptionnel, un grain de voix rare, qui constitue une signature unique. Qu’elle plaise ou pas, elle le distingue des autres chanteurs techniquement très fort mais déjà vus.

Lilian transmet avec ses prestations une pureté, une simplicité qui touchent les gens. Il ne se met pas en avant, mais on ne voit que lui. Sa personnalité authentique, son naturel accroche la sympathie et amène une fraîcheur à des années de l’image véhiculée par le show business. Le beau jeune homme, avec son sourire radieux, a conquis un public large, séduit par ce quelque chose qu’il dégage en chantant et les valeurs qu’il incarne. « Peut-être que les gens se sont reconnus en moi » avance-t-il pour expliquer son succès.

Zazie et Lilian après la victoire

 

Ces artistes analogues

L’enthousiasme qu’il provoque est un peu à l’image de celui qu’a suscité un Jean-Baptiste Maunier, voix d’ange à l’époque des Choristes. Il est aussi comparable à Grégory Lemarchal, grand vainqueur de la Star Academy 4 à la voix cristalline capable de monter à la hauteur de Balavoine. Atteint de mucoviscidose, il en meurt en 2007, à 23 ans. L’exemple de ce chanteur courageux et attachant sert aujourd’hui à sensibiliser au combat contre la maladie.

A l’étranger, la victoire de Lilian fait écho à la ferveur suscitée par Susan Boyle, l’Ecossaise qui avait chanté toute sa vie dans la chorale paroissiale avant de participer à Britain’s Got Talent. Echo à l’engouement pour Sœur Cristiana, religieuse ursuline candidate à la version italienne de The Voice, qui, après sa victoire, a fait prier le public du télé-crochet. Cela révèle-t-il un besoin d’authenticité et d’enracinement chez les peuples européens ?

L’équivalent de Lilian Renaud est le groupe italien Il Volo. Trois jeunes hommes découverts séparément lors d’une émission pour jeunes talents alors encore adolescents, de familles simples dans de petites villes des Abruzzes et de Sicile, dont ils sont aujourd’hui la fierté. Leur registre pop-lyrique les a fait rassembler un public intergénérationnel. Ils se sont fait connaître en interprétant le répertoire traditionnel italien, jusqu’à compter parmi leurs fans le Pape François. Gagnants du festival de San Remo, ils défendront cette année les couleurs de l’Italie à l’Eurovision.

***

« Lilian devrait être remboursé par la sécurité sociale pour ce qu’il nous procure », a commenté Zazie après une prestation de son poulain. Lilian Renaud, remède à la morosité ambiante ? Cette année, The Voice a rempli sa mission de dénicher la perle rare. Celle qui rend les gens heureux.

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15 Comments

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  • 0 / 10
  • marie , 29 avril 2015 @ 17 h 17 min

    Lilian Renaud est agréablement rafraîchissant dans le milieu artistique français, espérons qu’il fasse une belle carrière tout en restant lui-même, authentique et pur, nous serons les premiers à le soutenir dans cette belle aventure qui ne fait que commencer.

  • Tite , 29 avril 2015 @ 20 h 32 min

    Tout çà c’est bien beau et bravo Lillian mais, quand même !
    Quand il chante, c’est de la bouillie pour les chats.
    J’espère qu’il va prendre des cours de chant et de diction…

  • marie , 29 avril 2015 @ 21 h 24 min

    Pas d’accord. Il lui reste à se perfectionner car effectivement il n’est pas déjà professionnel mais il a un diamant brut, sa voix, c’est innée.
    Son anglais chanté est un peu approximatif, par contre en français rien à redire -> https://www.youtube.com/watch?v=VIDIp_HtusI

  • Stephan_Toulousain , 29 avril 2015 @ 22 h 36 min

    J’ai vu cette émission ( c’est pas ma tasse de thé, mais les enfants et petits-enfants la regardaient). Pour moi, la meilleure fut , et de très loin, Anne Sila, bien plus talentueuse que le gagnant.
    J’ai eu comme l’impression, que votre champion, avait été choisi bien avant le début des prestations. Qu’importe, je n’accorde aucun crédit aux champions fabriqués par nos médias. On verra s’il confirmera dans sa carriere ou si cette victoire n’est qu’un feu d’artifice sans lendemain.

  • Boutté , 30 avril 2015 @ 8 h 07 min

    Je ne suis pas fan de la musique populaire en général et surtout pas d’une émission tenue par des chanteurs chevronnés qui parlent , pensent, émettent des jugements en Anglais pour faire chic et imposent quasiment à leurs émules d’en faire autant . C’est désolant de savoir que the voice se terminera en battle . Par ailleurs j’ai entendu des candidats qui pour la plupart compensent leur voix pauvrette par des hurlements et des grimaces de femmes en couches . Où est la musique ? Seul Lilian Renaud savait chanter et sa voix n’a besoin d’aucun artifice .

  • Boutté , 30 avril 2015 @ 11 h 42 min

    On verra s’il CONFIRME dans sa carrière . . .

  • sequane , 30 avril 2015 @ 16 h 04 min

    Bonne chance kilian
    Éric jouffroy
    courvieres Doubs

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