Tribune libre de Christian Vanneste*
On aurait dû se méfier… Le nom annonçait un problème de niveau. Jusqu’à présent, la digue qui le séparait du pouvoir le protégeait. Depuis dix mois, elle a cédé. Les eaux plates ont envahi la terre plate insoucieuse des tempêtes du grand large, mais elles ne rassurent pas sur le sort du pédalo, en cas de Tsunami. Bref, on a eu hier soir à la télévision d’État, un Hollande d’une « platitude » tragiquement en dessous des risques, un petit président affichant une sérénité béate, affirmant une autorité que l’on ne proclame qu’en son absence, parlant de cap dans un morne paysage sans horizon.
Une île demeure visible dans cette submersion : le mariage et l’adoption pour n’importe qui. C’est en fait plutôt une bouée à laquelle il s’agrippe pour dire qu’il applique son programme, un leurre pour tenter de faire oublier qu’il n’avait rien compris à la situation économique et sociale, une tranche de salami destinée à apaiser les nouveaux bouffeurs de curés sans faire gerber la France profonde, avec la PMA et la GPA, qui viendront plus tard. C’est aussi un triple aveu : la préférence pour le conjoncturel, l’immédiat, la mode et l’incapacité à se hausser à l’étage du structurel, de l’essentiel, du durable ; la totale indifférence au spirituel, qu’il n’évoque à propos des opposants que comme une notion qui lui est totalement étrangère ; une obsession du nivellement qu’il appelle égalité et qu’on entend « médiocrité ». Dans le fond, sa seule « bravitude » consiste à pousser la « platitude » à un pareil niveau.
“Hollande ne fait, ni ne paraît : ni par le ton, ni par le propos, encore moins par son contenu, il n’EST PAS le Président des Français.”
Tous les pays qui s’en sortent ont, souvent dans les décennies précédentes et sous des gouvernements de gauche parfois, procédé à des réformes structurelles de grande ampleur pour la dépense publique, la fiscalité, le travail, les retraites et l’organisation administrative du territoire. François est venu avec sa boîte à outils, enfin, sa lime à ongles, sa pelle en plastique, et son tube de colle. Il pouvait dénoncer l’absence de courage de ses prédécesseurs et oser être, comme l’a justement dit Pujadas, mi-Churchill, mi-Schröder. Ah, le vertige ! Surtout pas ! Il ne savait pas l’installation dans un pareil état, en accuse les gouvernements précédents, et se livre ensuite à un bricolage, dont on peut penser qu’il ne réparera rien, qu’il agrandira les fuites, et laissera cependant une facture exorbitante. Il veut de la croissance, mais entre les mesures qui diminuent le pouvoir d’achat de ceux qui ont un vrai travail et bénéficiaient des heures supplémentaires défiscalisées et celles qui veulent l’augmenter en faisant croître l’assistance, entre l’accentuation de la pression fiscale sur les entreprises et l’usine à gaz du crédit d’impôt-compétitivité-emploi, il n’a pas choisi entre l’offre et la demande, alors que le choix de la première est vital, notamment pour notre industrie. De cette absence de vision à long terme est particulièrement symbolique le déblocage de l’épargne de participation. Il s’agit d’augmenter artificiellement la consommation pendant un temps limité avec de l’argent destiné à l’investissement à long terme ou à compenser un changement structurel de situation. Comme pour l’allocation de rentée scolaire, rien ne dit que cela ne favorisera pas les importations, alors que le bâtiment, auquel était prioritairement réservée la liquidation de cette épargne, soutient l’emploi national. Mais cette mosaïque incertaine de mesures confuses et contradictoires, les unes détricotant l’ouvrage du prédécesseur, les autres le poursuivant comme c’est le cas pour le financement des retraites, les troisièmes mêlant les messages politiques aux solutions économiques, n’a qu’ un objectif, à force d’emplois artificiels et d’injections éphémères de pouvoir d’achat : avoir d’ici la fin de l’année un mois où le nombre des chômeurs sera en baisse. Aucun des obstacles structurels à la croissance de notre pays n’aura été surmonté ! Le seul fil conducteur, la seule logique du discours, c’est de couper les têtes qui dépassent : la « platitude », la « platitude », vous dis-je ! Même l’universalisme de la politique familiale sera remis en cause. La richesse, dans ce pays doit être punie ! Elle est par nature coupable. Au pays de PPR et de LVMH, quelle intelligence !
Chirac, c’était le paraître. Il n’a rien fait, mais il a revêtu l’habit. Sarkozy faisait, parfois défaisait et souvent confondait action et agitation communicante, mais il n’a jamais tant paru Président que depuis qu’il ne l’est plus. Hollande ne fait, ni ne paraît : ni par le ton, ni par le propos, encore moins par son contenu, il n’EST PAS le Président des Français. Il a choisi d’ignorer les uns, de stigmatiser les autres, de les diviser au lieu de les représenter en les rassemblant. Pour cela, il lui fallait un courage et une hauteur de vue capables de proposer aux Français un grand dessein et de le réaliser avec eux, sans tenir compte des agitateurs de brasserie. Il a choisi, au contraire, de rester dans le brouillard du plat pays des politiciens professionnels.
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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