L’exposition Vidéo Vintage consacrée aux œuvres fondatrices du vidéo art, de 1963 à 1983, vient de s’ouvrir au Centre Pompidou. La commissaire, Christine Van Assche, est une experte, par ailleurs directrice du Centre Multimédia de Beaubourg. Toutes les conditions semblent réunies pour avoir une exposition bien documentée et objective.
Or, même un étudiant en première année d’histoire de l’Art contemporain le remarquerait, il manque justement un des pionniers de l’Art Vidéo : Fred Forest. Oubli étrange puisque que Fred Forest, qui jouit d’une reconnaissance internationale, est un artiste français et que collectionner son travail ne devrait pas avoir été trop difficile : il a exposé au démarrage de l‘Art Vidéo, à Beaubourg même, avec de nombreux artistes américains, qui font partie aujourd’hui et des collections du musée et de cette exposition.
Seulement voilà, Beaubourg a acheté les américains et pas le pionnier français qui ne figure même pas parmi les 3000 vidéos dont le centre a fait l’acquisition. Une telle exclusion porte un nom : censure !
Pourquoi Forest est-il censuré ?
Première raison, il a beau être un pionner artistique, il est français, c’est-à-dire soumis à l’impôt, bon à fournir les subventions dont se gorgent les centres culturels. Mais pas question d’exposer un contribuable, non mais ! Le nombre d’artistes français, (et pas que vidéastes), restés sur le carreau est tel que le directeur de Beaubourg, Alain Seban, a fini par l’avouer dans un article du Monde du 22 avril 2007 : « … Longtemps, on a répugné à défendre les artistes français de crainte d’être accusé de nationalisme. La mondialisation a changé la donne. La Grande-Bretagne, l’Allemagne ou les Etats-Unis le font. Pourquoi pas nous ? Et nous le faisons bien pour le cinéma ou dans la musique… ». Cet entretien avec Michel Guerrin et Emmanuel de Roux s’intitulait « Je veux défendre davantage les artistes français », Seban venait d‘être nommé, aujourd‘hui il est en fin de mandat, on voit le superbe résultat et combien il a tenu parole… et paroles… et paroles : Beaubourg ou Dalida, même combat !
Deuxième raison. Forest est un artiste citoyen qui a voulu savoir ce que Beaubourg faisait de ses impôts. Comme les circuits d’acquisition lui paraissaient opaques, il a jadis, en 1997, intenté un procès au Centre Pompidou dont j’ai rapporté dans « Les mirages de l’art contemporain » l’issue malheureuse. L’oligarchie culturelle envoie donc un message fort aux artistes tentés de suivre son exemple. L’Art très contemporain est censé très critique de la société, très transgresseur. On voit comment Beaubourg dresse les rebelles. « Si vous voulez être exposés, bouclez-là ! ». Transgressez, SVP, mais là où ça nous arrange !
Conclusion : Beaubourg a force d’être cachottier et rancunier, tronque, truque l’histoire de l’art. Car Fred Forest n’est que la petite partie émergée de l’iceberg “Art caché” ! A l‘heure où la commission Secret défense veut déclassifier les écoutes illégales dans l’Affaire Bettencourt, et si nous demandions la déclassification des mécanismes secrets qui régissent Beaubourg ?
> Plus d’info sur le site de l’artiste.
> Le blog de Christine Sourgins