La vie politique d’aujourd’hui est comme une nébuleuse : ses contours sont approximatifs et ses repères flous. Dans cet environnement, où le réel perd la boussole, l’analyse devient aléatoire et tout le monde se prend les pieds dans le tapis. La gauche n’est plus la gauche, la droite ne sait plus où elle habite et se morcelle en chapelles diverses, les souverainistes et les patriotes sont incapables de s’entendre, et chacun tire la couverture à soi. Bref, c’est désespérant. Démêler l’écheveau, devient quasiment impossible : qu’on le prenne par un bout ou par un autre, on n’arrive nulle part. Mais par contre, en fond sonore, on nous fait entendre le tintamarre mélenchoniste, que les médias se délectent à mettre en musique, et tout autant, les discours lénifiants du macronisme au pouvoir. Au gré des circonstances, on peut aussi ouïr deux ou trois olibrius, d’obédience indéterminée, qui ne demandaient rien à personne, mais à qui on donne la parole pour ne rien dire ; ou pour nous persuader que le personnel politique parle encore ? Malheureusement, on tendra vainement l’oreille : les discours demeurent passablement inaudibles…
Manifestement, six mois après l’élection présidentielle, tous les partis sont, encore, sonnés par leurs défaites. Après avoir fait beaucoup de bruit pour rien, même Mélenchon devient aphone, c’est dire ! On pourrait pousser un “Ouf !” de soulagement, mais, malheureusement, venant de son propre camp, il y a encore quelques agités du bocal qui continuent à dire n’importe quoi… À part ça, tous les autres sont largués : la gauche et la droite ne digèrent toujours pas d’avoir été éliminées dès le premier tour et le Front national, pourtant arrivé au deuxième tour, avec, au final, un score honorable, ne se remet toujours pas du débat raté de l’entre-deux tours de Marine Le Pen, et des départs de Florian Philippot et de Marion Maréchal-Le Pen. Subis ou provoqués, ces faits risquent de rester comme des fissures dans une tactique jusqu’alors bien huilée. À moins que la refondation annoncée débouche sur une révision de la stratégie dynastique, une ouverture sur la société civile et un plus grand professionnalisme. En tout cas, il s’avère qu’une totale mise à plat – du fonctionnement de ce parti – est devenue plus que jamais nécessaire, et pourrait être salvatrice. Mais il ne faudrait pas “jeter le bébé avec l’eau du bain” ou rater la marche en déclenchant un suicide collectif. À suivre, de très près.
Paradoxalement, quand nos élites semblent avoir la tête dans les choux, la société française, elle, exprime un malaise où les mots et les maux se ressemblent de plus en plus, et les situations aussi. C’est clair : les Français sont au bord de la crise de nerfs ! Ils ont un besoin urgent de changements radicaux et, surtout, ils demandent qu’on les écoute, que l’on prenne en compte leurs préoccupations. Toutes les enquêtes d’opinion corroborent qu’ils souhaitent plus de fermeté envers le terrorisme islamiste, un contrôle drastique de l’immigration et le retour de la France dans le concert des Nations. Cela devrait suffire à avertir nos gouvernants et nos responsables politiques. Encore faudrait-il qu’ils arrivent à identifier, distinctement, la détresse de leurs administrés : ce n’est pas gagné ! Pour l’instant, ils ne semblent obnubilés que par le sexe des anges et cherchent encore pourquoi les Français se détournent d’eux. Il serait temps qu’ils découvrent très vite la faille et qu’ils s’occupent, enfin, des vrais problèmes, autrement plus prégnants que l’écriture inclusive ou le harcèlement de rue. Qui ne sont que des leurres, lancés par les idiots utiles du système avec l’aide des médias aux ordres, et qui permettent à Macron de faire mieux passer sa politique antisociale et européiste.
À ce rythme, si l’on continue comme ça, sans un sursaut salutaire, la classe politique dans son ensemble risque d’être balayée par des forces nouvelles et des mouvements autrement plus souples, plus ouverts, plus pragmatiques, que les partis traditionnels complètement repliés sur leur idéologie, et qui, de ce fait, peinent à mobiliser les énergies. Et, probablement que, dans ce contexte incertain de questionnement politique, les cartes vont se redistribuer d’elles-mêmes. Pour les plus perspicaces, il ne restera plus qu’à tirer la meilleure. Pourvu qu’elle soit efficace !
Claude Picard
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