La France demeure tiraillée entre le boulevard de la liberté et l’impasse de l’égalité. Les deux soeurs ennemies progressaient de concert. Elles bénéficiaient de la prospérité économique qui gommait avec la misère les différences trop criantes et facilitait les appétits libérateurs. 1968 et les quelques années qui ont suivi ont marqué l’apogée du processus. Depuis, de crise en crise, l’ascenseur social s’est arrêté. Les droits nouveaux qui coulaient naturellement de la corne d’abondance ont pris un autre visage. Soit ils s’inscrivent à contre-sens de la réalité, comme la diminution du temps de travail. Soit ils se sont déplacés du social au sociétal, de l’économie à l’idéologie. Ce remplacement maintient le débat et possède la vertu de ne rien coûter dans l’immédiat. Les champions de cette stratégie sont bien sûr les socialistes. La prétendue droite française qui avait accompagné le mouvement d’émancipation tant il paraissait s’imposer n’ose pas devenir réactionnaire ou même conservatrice. Elle hésite entre la modération ou le retard dans les avancées et une résistance timorée à coups de demi-mesures, comme le « pacte d’union civile » au lieu du mariage unisexe. Bref, la « droite » n’est souvent qu’un ersatz de gauche, sauf dans certains discours sur l’identité, la sécurité, la fiscalité… aux effets peu perceptibles.
Il est pourtant facile de discerner l’opposition qui devrait exister entre la droite et la gauche. La première préfère la liberté à l’égalité. Elle associe à la liberté la responsabilité des choix plus que la libération à l’égard d’un ordre, familial, national qu’elle croit nécessaire. Elle pense que l’égalité des droits et des chances ne saurait devenir une égalité réelle parce que les différences personnelles et l’organisation sociale font de cette utopie un projet irréalisable, nuisible au bien commun, et de plus, totalitaire. La gauche pétrie d’idéologie nie le réel. Elle veut le détruire pour le reconstruire, et sur ce chemin, fait apparaître ses tendances liberticides. La gauche française est une fille de 1793 plus que de 1789. La droite est l’orpheline de l’Ancien Régime et de sa réforme jusqu’en 1791. La France paye ainsi l’échec de sa révolution qui, de dictature en restauration, de régime en constitution, a été un immense fiasco.
La droite se refusant à son identité, il faut mesurer ce qu’est la gauche pour évaluer la situation calamiteuse de notre pays. Au gouvernement, la Ministre de l’Education Nationale est un bon indicateur. On pouvait espérer à ce poste une personnalité experte du monde éducatif, compétente techniquement, assez pondérée dans ses jugements pour ne pas choquer la diversité des parents dont les enfants sont les usagers de l’enseignement, et capable d’entreprendre les réformes nécessaires pour rendre les formations plus efficaces sans les encombrer d’idéologie. Avec Najat Vallaud-Belkacem, on a tout le contraire : une communicante sans autre compétence, doublée d’une idéologue au petit pied, qui n’hésite jamais à menacer des libertés au nom de sa conception de l’égalité. Cette sectaire souriante fut « Lyonnaise de l’année », « révélation politique de l’année » en 2012. Elle plaît au microcosme médiatique. Produit d’un parti dont elle a été une apparatchik avant d’en être hiérarque, elle a connu les cabinets parlementaires et ministériels, les secrétariats, les mandats jusqu’à devenir ministre, plongée dans la vie politicienne, et au sein de celle-ci, avec deux spécialités : porte-parole et questions de société. Son époux appartient au même monde puisqu’il est secrétaire général adjoint de l’Elysée. Des représentants de l’oligarchie socialiste…militants de l’égalité pour les autres…
Ayant fort peu affronté la réalité professionnelle, faisant carrière en politique, elle se croit investie d’une légitimité suffisante pour imposer à tous ceux qui ne pensent pas comme elle, des préjugés qui les révulsent. Elle n’est pas en charge du Bien Commun, elle fait la guerre au camp d’en-face, et sa conception de l’égalité comme de la liberté se résume à provoquer ou à précipiter la ruine de l’ordre existant : conquérir de nouveaux droits sans se préoccuper de leur cohérence ni de leur lien avec l’intérêt général. Participant à un pouvoir élu d’une courte majorité, elle s’octroie le privilège de favoriser des minorités contre la minorité la plus importante, celle qu’on appelle l’opposition, et dont le respect doit être un pilier de la démocratie. Elle est donc favorable au vote des étrangers et soutient les revendications extrémistes du lobby LGBT, comme la Gestation Pour Autrui. Ministre des droits de la femme, on lui doit avec la Loi du 4/08/2014, le renforcement de l’accès à l’avortement, le retrait de la notion essentielle de détresse et la lutte contre le prosélytisme hostile à l’avortement qui est remboursé de manière privilégiée à 100% depuis 2013 .
Ministre de l’Education Nationale, avec son petit bagage de sociologie militante, là voilà qui veut briser la reproduction sociale, et éradiquer sans scrupule les idées transmises, afin de les remplacer par ses convictions. Les préjugés sont avant tout les idées des autres. La pensée que l’homme et la femme sont différents, et que même détenteurs de droits égaux, ils peuvent se distribuer les tâches en fonction de leurs aptitudes naturelles et sans doute de leur complémentarité psychologique, ne serait ainsi que le fruit de la bêtise universelle et séculaire. Il faut donc détruire les « stéréotypes sexistes ». De même, les jugements moraux négatifs sur l’homosexualité ne sont que de « l’homophobie » qu’il faut combattre. Enfin, l’enseignement du « fait religieux » doit être laïque. Qui ne voit qu’il y a dans ces démarches l’intrusion d’une idéologie d’Etat dans la sphère privée de la famille ? La chute des résultats de la formation dans notre pays, et son inadaptation aux besoins économiques sont pourtant plus préoccupantes. La volonté de supprimer les enseignements sélectifs comme le latin ou de cultiver « la culpabilité nationale » dans les programmes d’Histoire, selon l’expression de Pierre Nora, ne sont en rien des solutions.
L’idéologie confuse et contradictoire de notre ministre veut la diversité et l’égalité, quand la France a besoin d’affirmer avec fierté son identité et d’encourager l’émulation afin de générer de vraies élites. Il est inquiétant que l’action du Ministre de l’Education Nationale puisse se résumer à un tel contre-sens.
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