Les médias mettent en scène un combat entre Nicolas Sarkozy, Président de la république sortant et Alain Juppé, ancien Premier ministre entre 1995 et 1997. Le premier a annoncé son retour et le second voit sa popularité croître. Les deux sont désormais engagés dans un combat pour la présidentielle. Le combat des chefs à l’UMP permet opportunément de détourner l’attention des médias des difficultés du gouvernement : départ des frondeurs et livre vengeur à l’encontre de François Hollande.
Les deux hommes apparaissent comme ayant des personnalités opposées à François Hollande. Alain Juppé a l’image d’un homme de principes qui n’hésite pas à les appliquer. Il est « droit dans ses bottes ». Mais l’échec de sa réforme des retraites de 1995 reste dans les mémoires ; et certains lui reprochent sa froideur. Nicolas Sarkozy apparait très énergique et bon communiquant. Il sait entrainer les foules. Mais il a laissé l’image d’un dirigeant en décalage par rapport à une présidence normale.
Les deux hommes anticipent un duel contre Marine Le Pen en 2017. Dans cette configuration, il faut pouvoir rassembler au second tour la droite et le centre ainsi qu’une partie des électeurs de gauche. Chacun veut refaire le coup de Chirac en 2002 ; le futur candidat socialiste étant cantonné dans le rôle de Jospin. Les deux candidats vont ainsi présenter un programme consensuel qui puisse attirer les centristes et une partie des électeurs de gauche.
Alain Juppé n’est pas candidat à la présidence de l’UMP. Il préfère se réserver pour la primaire UMP à la présidentielle. Les deux prétendants devront s’affronter lors de la primaire que doit organiser l’UMP pour désigner son candidat. Une primaire réservée aux adhérents de l’UMP favoriserait Nicolas Sarkozy, le probable président de l’UMP en 2016. Une primaire ouverte serait plus avantageuse pour Alain Juppé qui peut compter sur davantage de sympathie au centre et à gauche.
Ce profil plus rassembleur d’Alain Juppé le fait apparaître plus dangereux pour le pouvoir. Il est possible que les socialistes aident discrètement Nicolas Sarkozy. Il pourrait bénéficier d’un non-lieu dans certaines affaires dans lesquelles il est impliqué avant la primaire UMP. Mais un procès pourrait être programmé juste avant la présidentielle pour embarrasser le candidat Sarkozy. Cette menace n’est pas possible pour Alain Juppé. On peut lui reprocher d’avoir été condamné par la justice. Toutefois il a déjà purgé sa peine.
Nicolas Sarkozy aurait préféré incarner l’homme providentiel appelé par le peuple pour sauver la France. Mais la réalité est plus terne. Son retour est uniquement plébiscité par les sympathisants UMP. Les dirigeants de l’UMP ayant des ambitions présidentielles sont contre ce retour ainsi qu’une partie des cadres du parti. Toutefois Nicolas Sarkozy est le grand favori pour être élu président de l’UMP.
Ce duel au sommet laisse dans l’ombre d’autres candidats potentiels. Ainsi François Fillon fait le pari que les électeurs s’intéresseront au programme des candidats lors de la primaire et pas seulement à leur posture médiatique. L’UMP est d’ores et déjà devenu un lieu d’affrontement entre des écuries présidentielles bien avant la tenue de la primaire prévue pour 2016. Les électeurs UMP auront alors une lourde responsabilité car le vainqueur sera le favori pour la présidentielle.
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