RSI : ne pas se tromper de combat

Reprenant cette chronique interrompue par une mauvaise grippe, très fatigante mais sans gravité, je ne saurais rattraper tous les sujets d’actualité des dix derniers jours.

Cependant je ne peux pas passer sous silence, à défaut d’avoir pu y participer, le rassemblement protestataire des travailleurs indépendants et entrepreneurs individuels le 21 septembre, contre ce qu’on persiste à ne considérer que comme les “dysfonctionnements” du RSI.

Le Monde parle à ce sujet, plus pudiquement encore, de “carences” en précisant qu’il s’agit de “leur” régime de protection sociale.

Et cet incontournable journal de faire mine de s’interroger, de “décoder” : “Pourquoi la grogne contre le RSI ne retombe-t-elle pas ?” Arrêtons donc de “décoder” ! La “grogne” caractérisant les cochons, on ne saurait se montrer moins disgracieux et, à tout le moins, condescendant à l’endroit de ces professions, qui pratiquent si peu les 35 heures et au sein desquelles la CGT reste si peu représentée, si mal comprise sans doute.

Plusieurs millions de Français se trouvent ainsi additionnés, “assujettis”, autant dire incorporés de force, à des “régimes”, encore un mot piège, comme le RSI ou la MSA.

Les ressortissants du prétendu Régime social des indépendants, pour leur part, ont en effet vu fusionner en un seul organisme par la grâce de la réforme Fillon de 2003, les caisses maladie et vieillesse des artisans, commerçants et professions libérales.

Cette idée aberrante a circulé pendant des années, dans des réunions où on se congratulait entre élus “politiques” et permanents des chambres de commerce, sous le nom de “guichet unique”. Cette fausse bonne idée était alors présentée pour beaucoup plus simple, à vrai dire beaucoup plus simpliste. Plus simple était sans doute la guillotine réforme considérée comme humanitaire en son temps.

Il a fallu une bonne dizaine d’années pour que tous les dossiers soient rassemblés par cette nouvelle administration, héritière des anciennes Cancava, Organic et caisses régionales maladie.

Un surcroît fort dommageable de désordre en est résulté, des dizaines de milliers de dossiers tout simplement perdus, des centaines de milliers de mécontents, etc.

Prenons donc garde que la “réforme” qui prétendra “répondre” à ces dysfonctionnements ne propose, – l’idée commence à circuler, d’incorporer désormais, – après les élections de 2017, les professions indépendantes au régime dit “général”, supermonopole qui coifferait les mini-monopoles.

Il en résulterait, pour commencer, une nouvelle vague de désordres analogues au précédent. Le processus durerait probablement aussi, à son tour, une dizaine d’années, ce qui nous mènerait au moins à 2027 ou 2028. Combien d’entrepreneurs individuels auront entre temps disparu, fermé boutique, ou émigré vers des cieux plus propices à la libre entreprise ?

Dans l’immédiat cela prolongerait une tendance paradoxale et sournoise à une collectivisation rampante qui s’insère discrètement d’année en année alors même qu’on imagine la France officielle disposée à se réformer dans un sens moins socialiste. Observons à cet égard les “réformes” effectivement entreprises depuis 2012 par Cécile Duflot, Frédéric Cuvillier, et Marisol Touraine. Des mesures comme le tiers-payant généralisé, l’obligation de l’assurance complémentaire dans les entreprises, etc. s’accumulent ainsi dans ce sens mortifère, aboutissant à toujours plus de prélèvements obligatoires, toujours plus d’étatisme stérile.

Sans que le grand public y prenne garde, depuis 2012, la vraie tendance souterraine est à ne supprimer aucun impôt, aucune cotisation personnelle, aucune interdiction professionnelle, aucune contrainte : au contraire on tend a en créer de nouvelles. Mais nous devons observer aussi les solutions proposées par les oppositions : s’agit-il de plus de libertés, de plus de responsabilités, de plus de concurrence ou de plus de contraintes, de plus de répression, de plus de monopoles.

Demeurons vigilants. Nos amis, ceux que nous devons soutenir, sont ceux qui combattent les monopoles, certainement pas les autres.

Évoquer cette manif courageuse et nécessaire du 21 septembre nous impose donc de souligner que ce qu’il faut abolir ce ne sont pas les dysfonctionnements du RSI, c’est l’affiliation obligatoire, d’office, à tel “régime”, quel qu’il soit. L’existence de la libre concurrence et le libre choix réformeront ces administrations ankylosées beaucoup mieux que ne le feront les réformateurs autoproclamés, issus eux-mêmes de l’arrogante, insupportable et incorrigible administration prédatrice et centraliste parisienne.

> Jean-Gilles Malliarakis anime un blog.

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7 Comments

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  • Tibalou , 28 septembre 2015 @ 10 h 12 min

    De toute façon Ruquier est insoupçonnable, il est pour la paix des races !

  • Cap2006 , 28 septembre 2015 @ 15 h 58 min

    Excellent papier.

    Une des solutions pour redynamiser le pays est de sortir de la sclérose corporatiste, étatiste et administrative.
    Bien observé, AUCUN parti, ne propose la moindre suppression de monopole, de privilège, de protections administratives et corporatistes.

    Hors si la concurrence est bénéfique pour l’assurance auto, pour l’assurance vie, pour le téléphone… Elle l’est aussi pour les assurances sociales, avec le niveau européen de protection des consommateurs.

    Mais il faut aussi supprimer les autres privilèges…

  • Marino , 28 septembre 2015 @ 19 h 02 min

    Droite et gauche confondues présentent chacune leurs propositions pour régler la crise du RSI. Crise qui, rappelons-le, relève de l’entière responsabilité de Nicolas Sarkozy qui avait décidé dans la précipitation de réformer à moitié le régime de protection sociale des indépendants. Depuis, de nombreux signaux d’alerte ont été lancés sur l’état d’exaspération de milliers d’artisans et de petits chefs d’entreprise, touchés de plein fouet par les dysfonctionnements répétés du RSI.

    il convient de pérenniser le financement de la protection sociale des indépendants, en réduisant les coûts de fonctionnement qui s’élèvent aujourd’hui à près de 800 millions d’€ par an et en préservant la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) qui fait contribuer les très grandes entreprises au financement de la protection sociale des indépendants, mais est aujourd’hui menacée sous la pression du MEDEF, sans aucune solution de financement alternative.

    L’autonomie et la lisibilité : tels sont les deux principes cardinaux qui doivent gouverner une politique de refonte globale du régime social des indépendants.

    * Extrait partiel du Collectif Audace (jeunes actifs patriotes)

  • Gérard 971 , 29 septembre 2015 @ 0 h 13 min

    Pour Guillaume Sarkozy directeur de Malakoff Médéric frère de Nicolas Sarkozy, le RSI est devenue un énorme vache à lait. Depuis la création du RSI Malakoff Médéric est devenu le plus gros prestataire du RSI. Pure coïncidence bien sur que Nicolas Sarkozy ait été l’instigateur de la création du RSI.
    Et devant le chaos qui règne au RSI nombre des employés du RSI rêvent de se faire absorber par la Sécurité Sociale avec tous les avantages que cela leur conférerait. Donc pour eux plus ça cafouille mieux c’est.
    Pendant ce temps le assurés ont le droit de la fermer.
    Mais c’est entrain de changer.

    ,t

  • Parole , 29 septembre 2015 @ 9 h 33 min

    Mais le monopole…… ce sont les français qui ont voté pour ! Le socialisme a toujours été le roi de la paperasse et des taxes en touts genres…..ne vous étonnez pas la France à un passé dans le genre et ils recommencent à chaque élection à voter pour ces marionnettes….. ainsi font font font !!!

  • gerb , 29 septembre 2015 @ 12 h 17 min

    Les Français n’ont pas voté ça en 1945. C’est le ko post-guerre qui a permis aux cocos de faire tout passer, sans parler de l’absence perpétuelle de la prétendue droite, aux abonnés absents en 45, en 58 sous de gaulle puis sous sarkozy.

    De plus, je trouve que votre critique est absurde car elle mélange la question de la fondation d’une oppression avec celle des coups de griffes qui éraillent ou pas la carrosserie de cette oppression (des élections, tous les X années).

    Si vous-même ne savez pas distinguer les deux, vous n’êtes pas vraiment légitimes à critiquer les français là-dessus, non ?

  • borphi , 30 septembre 2015 @ 8 h 26 min

    Évoquer cette manif courageuse et nécessaire du 21 septembre nous impose donc de souligner que ce qu’il faut abolir ce ne sont pas les dysfonctionnements du RSI, c’est l’affiliation obligatoire, d’office, à tel « régime », quel qu’il soit.
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    Tout est dit !

    Que ne faut-il rappeler que la disparition des petits commerces et petits indépendants s’est amorcées dans les années 50 , soit 55 ans avant cette réforme du RSI.

    A l’origine de la protection sociale obligatoire des travailleurs indépendants étaient considérés leur modes de vie et de travail.

    A savoir qu’ils n’étaient cotisants à l’égal des salariés dans la mesure où ils tombaient très rarement malades , ce qui encore vrai aujourd’hui.

    Mais que nenni , les syndicats des indépendants ,les chambres des métiers , les chambres de commerces , les politiques de tout poil ont fait lobby pour aligner les cotisations sociales des indépendants sur celles des salariés au nom du progrès social.

    On voit le résultat !!!

    Oui , sans doute que la solution à ce problème serait le mixage d’une protection sociale obligatoire à minima et facultative à la carte.

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