Pourquoi manifester le 5 octobre ?

(La manifestation. Dessin de Sempé)

Le dimanche 5 octobre La Manif pour tous organise à Paris son énième rassemblement. Au thème habituel du mariage de deux personnes de sexe identique dont le mouvement prône l’abolition à la faveur d’une reprise de pouvoir par la droite en 2017, se sont ajoutés, depuis un an, la question des études de genre appliquées au milieu scolaire, de l’ouverture de la PMA aux couples homosexuels et de la GPA. Les organisateurs de la manifestation appellent à la vigilance des familles, au retrait des circulaires ministérielles incitant à la clémence des juges sur les questions litigieuses de PMA, et au retrait des études de genre des activités péri-scolaires et des programmes.

Autour de la Manif pour tous, c’est tout une nébuleuse qui s’active dans le même sens, avec le courant pour une Ecologie humaine, animé par Tugdual Derville, avec les Associations familiales catholiques, les groupes vigi gender, mais aussi SOS Education ou le collectif pour l’enfance, Les Veilleurs, Les Sentinelles. La liste serait encore longue de toutes les associations qui se sont groupées dans ce combat pour la famille et la dignité humaine. Des groupes de juristes et de hauts fonctionnaires, ainsi que des cadres de partis politiques s’activent dans l’ombre pour promouvoir ces idées et les soutenir de leurs conseils et de leur influence.

La Manif pour tous est une machine importante qui a réussi à drainer, depuis l’automne 2012, des foules considérables et des bonnes volontés innombrables. On l’a vu échouer sur le mariage, mais parvenir à remporter des victoires de retardement capitales dans le domaine éducatif, pour le retrait, par exemple, des ABCD de l’éducation, appliquant l’idéologie du Gender, ou pour la déprogrammation de films défendant ces mêmes idées. Le succès fut également au rendez-vous pour obtenir que les questions de la PMA et de la GPA soient écartées des projets de loi famille de l’été 2013.

Mais ces succès sont fragiles et sans cesse remis en cause.

C’est bien pour cela qu’il faut se déplacer et manifester le 5 octobre. Certes, ces combats ne sont que de retardement, mais ils sont autant de mois ou d’années de gagnés pour le bon sens, en attendant que s’inverse la direction prise par notre société.

La politique est avant tout une question de rapports de forces. Vous ne pesez dans le débat public que si vous disposez des fonds suffisants, des relais d’élus ou d’affaires ou encore du nombre de militants adéquats pour faire peur à vos alliés de circonstance ou vos adversaires en les menaçant de marcher contre eux. La Manif pour tous n’a pas l’argent, ni les relais d’affaires et encore moins les élus en nombre suffisant, mais elle a le peuple. Que ce dernier vienne à manquer, que la marche du 5 octobre soit un échec, et elle n’aura plus qu’à plier ses bagages. Les associations réunies n’auront plus qu’à se disperser. Ce sera une nouvelle défaite car elle ne sera plus prise au sérieux par les pouvoirs publics, ni par les mouvements prétendument conservateurs, qui tireront comme conclusion de cet échec que la baudruche s’est dégonflée et que la défense de la famille n’a plus à faire partie des priorités politiques du moment.

Les défenseurs de la famille seront trahis et plumés s’ils ne marchent pas. Aucun homme fort de l’UMP, du Modem ou de l’UDI, et certainement pas du Front national, ne lèvera le petit doigt pour la famille si ces manifestations deviennent des échecs. Et les personnalités de second rang comme Hervé Mariton, Laurent Wauquiez, Henri Guaino, Xavier Lemoine, Christine Boutin, Marion Maréchal Le Pen ou Jacques Bompard qui se sont levés pour la famille et n’ont pas encore rendus les armes, seront devenus inaudibles dans leurs propres courants politiques. Que ces leaders de chapelles partisanes perdent leur puissance, et les courants qui progressent dans leur ombre, comme Sens commun, s’effondreront pour n’être plus que des clubs ultra-minoritaires.

L’enjeu est donc de taille. Le pouvoir politique, hélas, en démocratie, a besoin de la force de la rue pour s’affirmer. N’enlevons pas l’échelle à ceux qui défendent la famille au Palais Bourbon, au Palais du Luxembourg et dans les cabinets politiques conservateurs.

Certes, ce n’est à chaque fois que du retardement. La victoire ne sera pas partisane mais civilisationnelle. La société française s’est déjà désintéressée de la question du mariage pour tous, tout comme elle se désintéressera de l’euthanasie après que celle-ci soit passée, et comme elle semble s’être désintéressé de la PMA ou de la recherche sur l’embryon. L’absence de mobilisation sur la GPA est assez éclairante sur la mollesse à venir. Les Français ne sont occupés que de leur portefeuille. En période de crise on les comprend ! Mais avec un peu de clairvoyance ils verraient que sans défense de la dignité humaine et de la famille il ne peut pas y avoir de défense du travailleur et de vraie justice sociale. Hélas ! Les Français dans leur grande majorité sont loin de ces considérations et ils s’en éloignent chaque jour un peu plus au fur et à mesure que le christianisme et son cortège de valeurs s’effacent des esprits et des cœurs. La reconquête du juste et du vrai ne viendra que de la nouvelle évangélisation de la société occidentale. Mais en attendant il faut bien retarder l’ennemi.

En effet, pendant que progresse doucement cette nouvelle évangélisation, pendant que la nouvelle génération de chrétiens et de clercs se lève, le monde n’attend pas, et la marche du nihilisme continue. Plus il progressera plus il sera difficile de faire entendre la voix du Christ, dont la parole semblera incongrue, incompréhensible. C’est donc un devoir pour un chrétien ou pour tout homme convaincu du caractère essentiellement positif des valeurs du christianisme pour le monde, de manifester et de participer à sa mesure au combat politique.

C’est pourquoi nous devons nous déplacer le 5 octobre. Certes, ce n’est pas possible pour tout le monde. Certains ont des réunions de famille, des mariages, des baptêmes, des voyages prévus de longue date et qui ne peuvent être déplacés. Mais vous qui n’avez rien d’important ce jour-là, vous pourrez marcher. Et vous qui n’avez pas le temps, ou plus la force de marcher à cause de la maladie ou de l’âge, vous pouvez inciter vos amis et vos parents à se déplacer, vous pouvez soutenir financièrement ceux qui aimeraient monter à Paris et n’en ont pas les moyens en ces temps de crise. Il n’y a pas d’action inutile.

Rien ne sert de crier “on ne lâchera jamais rien”, si quelques mois plus tard nous restons chez nous, vaincus par un lâche “à quoi bon ?” Il y a là comme un air de déjà vu. Les chouans rentraient chez eux le soir après la bataille, et ils furent vaincus atrocement. Les manifestants de 1984 rentrèrent chez eux après avoir obtenu la victoire et l’Enseignement libre est aujourd’hui sous l’étroite dépendance financière de l’Etat. Les partisans de Combat pour les valeurs ou du Mouvement des citoyens groupes du défunt RPR ont baissé les bras devant l’ampleur de l’effort et ce qu’ils combattaient, l’Europe libertaire, la destruction des moeurs chrétiennes, s’est accompli. Vous aussi voulez-vous participer à la défaite générale, ou mener jusqu’au bout cette guerre d’escarmouches et de retardement en attendant le grand retournement ?

> Gabriel Privat anime un blog.

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53 Comments

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  • hermeneias , 30 septembre 2014 @ 8 h 41 min

    Oui , saida , peut être . Mais l’intégrisme de la qkhonnerie c’est quoi ?

    Au fait que vouliez vous dire d’intéressant et d’intelligent ? Je n’ai pas bien compris le sens de votre brillante intervention

  • Olivier , 30 septembre 2014 @ 11 h 00 min

    D’accord avec vous sur l’idiotie du slogan : “On ne lâche rien”.

    L’Eglise a tendance, comme l’Etat, à vouloir contrôler la vie des gens : leur sexualité, leur éducation… Elle en arrive à des compromis parce que, comme disait Staline : “Le pape, combien de divisions?”

    Le droit civil est un meilleur aiguillon qu’une espèce de théocratie. Le droit civil nous dit que le mariage crée un lien entre le père & ses enfants. La famille légitime est une barrière presque infranchissable. Que nous dirait un droit chrétien? Qu’il faut accueillir les enfants adultérins pour expier la faute, qu’il faut marier des hommes entre eux parce qu’il s’aiment, que l’enfant doit rester avec ses parents biologiques même s’ils meurent de faim…?

  • hermeneias , 30 septembre 2014 @ 13 h 42 min

    Si si alain

    la promotion continuelle de l’homosexualité , le “mariage” homo n’étant qu’un pas de plus vers la “normalisation” ( en fait ils se foutent du mariage et votre chiffre de 7000 mariages n’est pas pertinent ) qui détruit la famille en ce qu’elle bouleverse les structures , la culture , les repères , les comportements et les pratiques .
    C’est un élément de plus pour une société de plus en plus érotisée où l’on “fonctionne” selon les “envies” du moment plus ou moins suscitées et provoquées , selon les pulsions et les conditionnements de masse ….C’est parfait pour les marchands de soupe .
    La transmission intra familiale d’une histoire et d’une culture enracinées , de moeurs et de pratiques adaptées à travers les années et les siècles à la nature respectée et apprivoisée …. c’est l’ennemi !

    Vive le zombi mutant sans généalogie et sans identité , maléable et indéfini comme un ectoplasme.

    Bref que pensez vous des “bourgeois” “de droite” et catholiques ( non pas “catho” ) plus ou moins bien ou mal pensant selon les cas.

    Sortons des caricatures

  • Régis , 30 septembre 2014 @ 14 h 55 min

    Le problème avec vous est que vous semblez juger avant d’avoir écouté, et de partir dans la stratosphère intellectuelle sur un mot ou deux qui ne vous conviennent pas, et que vous ne comprenez pas parce que, pour rester prudent dans la connaissance que je perçois de votre façon d’interpréter le réel, vous ne prenez pas ces mots dans leur contexte.
    Quand vous dites : « Quand j’entends parler de « sens commun » , cet espèce de voiture balais de lump pour récupérer les catholiques « bon teint » un tantinet dés », je réponds par la distanciation « qui ne tente rien n’a rien » à vos propos insultants de « voiture balai » : car mettre un rapport de force dans l’UMP est une stratégie qui ne parle pas de dialectique, mais de réalité.

  • Régis , 30 septembre 2014 @ 15 h 11 min

    C’est bien gentil de me dire « j’ai l’impression que vous ne le voyez pas » et d’accepter d’introduire un petit doute dans vos convictions; précisément je lutte dès le départ contre ces idéologies égalitaires et contre-nature, et je n’ai nullement besoin que vous m’instruisiez la-dessus.
    D’autant que vous lisez en diagonale, car le « pour notre plus grand bien » s’adresse au message de l’Eglise.
    Le salut universel est le don fait à l’Eglise par le Christ, et il constitue un « message universel », raccourci pour dire message à répandre dans tout l’Univers, avec comme référence de l’Univers, la Création toute entière d’avant le péché originel.
    Après que certains croient bon d’en rester à Mater et Magistra et de voir dans l’enseignement de l’Eglise actuelle une dérive, c’est un autre débat.

  • Louis , 30 septembre 2014 @ 20 h 51 min

    Je comprends bien votre point de vue… Et le partage ! Néanmoins je m’y rendrai pour ne pas que le faible nombre de manifestants ne servent à la communication de nos “dirigeants” politiques…

  • Régis , 30 septembre 2014 @ 22 h 46 min

    gueulez, gueulez mais ne vous cassez pas la voix. Souvent un peu d’intelligence porte plus de fruits que les vociférations, et les apparences extérieures sont la cible des médias qui n’attendent que cela pour discréditer. La force d’une telle manifestation est dans son nombre et sa tenue « normale », non pour coller à la normalitude du président, mais pour caresser dans le sens du poil le consommateur de 20h télévisés.
    « Le pouvoir politique, hélas, en démocratie, a besoin de la force de la rue pour s’affirmer.”

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