Le libérisme : voilà l’ennemi !

Je vous fais partager ici une synthèse très succincte d’une réflexion qui mériterait qu’on s’y attarde bien plus, ce que je ferai (ou que d’autres feront) quand j’aurai plus de temps.

Des années que nous sommes profondément gênés par les ambivalences du terme « libéral » dans la sémantique politique.

A priori, nous sommes dans une société dite « libérale ». Celle-ci se définit par :

  • Une liberté d’opinion, même encadrée.

  • Une démocratie représentative.

  • De nombreux droits individuels.

  • Une économie capitaliste, libre-échangiste.

Les pourfendeurs de la « civilisation libérale », de la droite traditionnaliste à l’extrême-gauche, rejettent souvent :

  • Un esprit général relativiste en tout, son absence de sacrée.

  • Une démocratie représentative qui se transforme en oligarchie et en ploutocratie.

  • Une course effrénée transformant tous les désirs individuels en « droits ».

  • Une économie qui tend à donner tout pouvoir aux acteurs privées au détriment de la force publique.

Les raisons de critiquer la « société libérale » sont nombreuses et légitimes, d’autant que « l’idéologie libérale » est manifestement, aujourd’hui, autant partagée par les politiques de la droite parlementaire que de la gauche parlementaire, et ce presque partout en Europe. .

Un gros problème demeure cependant : le mot « libéralisme » recouvre plusieurs réalités, dont certaines sont tout à fait bénéfiques pour une société.

Par « libéralisme », beaucoup entendent :

  • liberté d’entreprise, développement de l’activité.

  • baisse des charges et des impôts.

  • liberté de la presse, etc.

Aussi, quand des courants politiques et intellectuels dénoncent la « société libérale » ou la « civilisation libérale », poussant jusqu’à incriminer « l’ultralibéralisme », nombre de bons esprits s’insurgent, imaginant que ces détracteurs seraient par nature des « communistes » souhaitant écraser les entreprises et les foyers sous le poids des impôts, ou souhaitant brimer la liberté d’expression.

Pour ces bons esprits, dont beaucoup sont entrepreneurs ou de professions dites « libérales », la société n’est en aucun cas victime d’un libéralisme exacerbée, notamment quand ils voient leurs impôts augmenter régulièrement depuis des années, et des aides sociales pleuvoir sur des « assistés ».

Pour prendre un exemple parlant, nombreux sont les hommes et femmes politiques (y compris au Front National) qui vont dénoncer dans une même phrase « l’ultralibéralisme » et « les politiques d’austérité », celles-ci étant bien entendu la conséquence de celle-là. Or, il est bien possible qu’un petit entrepreneur ne comprenne en rien que le « libéralisme » puisse justement être la cause de l’augmentation de ses prélèvements obligatoires et du tarissement de la consommation. Il y a de fortes chances pour qu’il y voit au contraire les restes d’un Etat encore trop omnipotent et bureaucratique. Pour que cet entrepreneur comprenne cette logique perverse et à priori incohérente, il faudrait lui expliquer, entre autres, qu’en Europe, la lutte contre l’inflation est en particulier dans l’intérêt des banques et des grosses fortunes qui ne veulent pas voir déprécier leur capital ou leurs actifs, ou bien que c’est en vertu des milliards que les Etats doivent rembourser aux banques chaque année que les impôts augmentent, etc. Les raisons qui démontrent que c’est bien à « l’ultralibéralisme » que nous devons l’austérité sont nombreuses et exposées en détail ailleurs, mais cela ne tombe pas sous le sens au premier regard, et implique donc de nombreuses incompréhensions.

Par conséquent, toutes les critiques à l’égard du libéralisme actuel – même lorsqu’il est appelé « ultralibéralisme » – tombent dans le vide chez beaucoup de nos compatriotes.

Ce quiproquo et ces malentendus induits par les ambivalences du terme « libéral » neutralisent ainsi légion de discours politiques.

Pourtant, il faut bien dénoncer une idéologie, des principes, une praxis – qui font que :

  • les sociétés s’atomisent jusqu’à l’anomie, développant un individualisme extrémiste qui rompt les solidarités et les cohésions nationales et républicaines (droits à tout et n’importe quoi, rupture avec les traditions, communautarisme).

  • Tout pouvoir est donné aux multinationales et à la finance (les banques) qui, en tant qu’acteurs privés les plus puissants, s’accaparent rapidement une domination complète, au détriment de la chose publique mais également des petites et moyennes entreprises.

La question est – puisque nous avons déjà dit que le terme « libéralisme » n’était pas satisfaisant – sous quel vocable dénoncer ces maux ?

Libérisme :

Le libérisme (dérivé de l’italien liberismo) est un idiotisme italien introduit d’abord en anglais par le politologue Giovanni Sartori et qui désigne une doctrine du capitalisme libéral.

Sartori a importé ce mot de l’italien afin de distinguer entre le social-libéralisme, qui est généralement considéré comme une idéologie politique qui prône une intervention étendue de l’État dans l’économie, et le libéralisme économique qui propose de pratiquement éliminer cette intervention. De façon informelle, le libérisme recouvre des concepts tels que le libre-échange, le néolibéralisme, l’idéologie libertarienne et la notion française de laissez-faire.

En Italie, le libérisme est souvent identifié avec les théories de Gaetano Mosca, Luigi Einaudi et Bruno Leoni. Au niveau international, le libérisme est considéré défendu par l’École autrichienne d’économie, par exemple par Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek.

Wikipédia

Par « libérisme », nous entendons donc : idéologie cherchant à donner tout pouvoir aux forces privées, et donc, en dernières instances, aux plus puissantes de ces forces privées : les banques et les multinationales, qui finissent immanquablement par biaiser les principes mêmes du libéralisme en mettant en place des situations monopolistiques et en asservissant toutes structures publiques/politiques qui seules peuvent protéger les plus faibles (et par faibles nous entendons non pas seulement des individus, mais aussi des forces privées de type PME/PMI).

Par « libérisme », nous entendons aussi : idéologie dont les seules mesures sont l’individu et ses désidératas au détriment de la société, de ses traditions, coutumes et cohésions diverses.

Le « libérisme » concourt donc naturellement à l’effacement des frontières (libre-circulation des hommes, des capitaux et des marchandises), à la disparition des Etats-nations et à la légitimation de tous les désirs individuels, réduits bien souvent à des objets de consommation.

Enfin, pour ceux qui n’auraient pas encore compris : être opposé au « libérisme », c’est tout de même souhaiter rester dans une économie de type libéral, vouloir libérer les forces productives, baisser impôts et charges et garantir une concurrence saine.

En somme, être un vrai libéral dans ce que le libéralisme a de meilleur, c’est être contre le libérisme qui, de surcroît, le biaise et l’entrave profondément.

> le blog de Julien Rochedy

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18 Comments

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  • 0 / 10
  • V_Parlier , 29 août 2014 @ 9 h 43 min

    Ce qui n’empêche pas la Suisse d’être protectionniste et stricte en matière de réglementations de tous ordres, ceci dit en passant. Et çà marche.

  • J'écris ton nom , 29 août 2014 @ 10 h 09 min

    Julien Rochedy, vous mélangez tout !
    Et vous êtes vous même infecté par un préjugé étatiste, qui veut que le public fasse mieux que le privé, en l’occurrence parce que “si on laisse faire le privé, ce sont les très grandes entreprises privées qui domineront”.

    Chacune de vos assertions pourrait être réfutée simplement.

    Je me contenterai, pour le mérite de la simplicité, … d’une simple assertion, sous forme de question :
    Croyez-vous vraiment que les grandes entreprises multinationales, financières ou autres, aient attendu qu’on transfère le pouvoir au privé pour accaparer ce pouvoir ?

    En pratique, par le jeu des lobbys officiels, du financement des partis et des hommes politiques, et par beaucoup plus d’autres moyens plus ou moins licites, ces grandes entreprises contrôlent DEJA les appareils étatiques. Le pouvoir accaparé par les appareils étatiques sert de fait ces groupes trans-frontières, au détriment immédiat des classes moyennes, et PME-PMI, et au détriment à plus long terme de toute la population.

    Voulez vous bien relire le CV de notre très “socialiste” nouveau ministre de l’économie ?
    Qui vient d’être embauché par Monsieur “mon ennemi, c’est la finance”. Quelle autre preuve voulez-vous de l’assertion ci-dessus ?

    La réponse des libertariens à ces situations et ces phénomènes est d’interdire à l’état d’accaparer plus de pouvoirs qu’il ne lui est strictement nécessaire. Un état se concentrant sur ses fonctions régaliennes, taxant peu, laissant les citoyens libres de faire ce qui leur plaît sauf raison impérieuse, et les tenant responsables de leurs actes, un tel état serait plus respectueux de ces citoyens et génèrerait (beaucoup) plus de richesse et de justice sociale.

    Ce que nous voyons maintenant se dérouler sous nos yeux n’a rien de libéral, libérique, ou tout nom équivalent que vous voulez bien lui donner. C’est un état obèse, corrompu jusqu’à l’os, vendu à des intérêts étrangers, spoliateur de nombreuses et de plus en plus nombreuses libertés, dont celles d’entreprendre et celle de s’exprimer, et qui est en train de d’auto-détruire. A qui le crime profite-t-il ?

    Cet état est cependant libertaire, dans son objectif avoué de casser les institutions familiales et relations sociales qui s’y rapportent, qui sont depuis toujours le garant d’une forme de société que les actuels contrôleurs de cet état ont décidé de détruire.

  • cmi , 29 août 2014 @ 10 h 53 min

    La France n’est pas libérale.Le budget de l’état avec 57%du PIB est prédateur,il stérilise toute l’économie.Il y a beaucoup de libéralismes,tous demandent a l’état de ne s’occuper que des fonctions régaliennes ” sécurité intérieure police et justice,sécurité extérieure armée “Dans notre pays on est complètement corseté par trop de lois ,normes,règlements,les nombreux codes ,travail,impôt,etc s’enflent toujours plus,deviennent des maquis,ou seuls ceux qui en ont les moyens peuvent naviguer,pour les autres ,ils sont en permanence hors “ces lois” par ignorance .

  • PABerryer , 29 août 2014 @ 11 h 31 min

    L’auteur fait une confusion qui malhereusement fait perdre à son propos tout son intérêt.

    Il part de l’idée qu’un marché libre donnerait tout le pouvoir aux multinationnales et aux banques.

    Rien n’est plus faux.

    Si de telles entitées ont de tels pouvoir aujourd’hui c’est à cause du “capitalisme de copinage” cad quand des institutions privées ou para publiques utilisent la puissance de l’Etat à leur avantage.

    C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui et ce que contre qui se battent les libéraux, en particulier les memebres de l’Ecole Autrichienne.

    Si vous supprimez le poucvoir de l’Etat dans l’économie et que cette dernière est réellement libre alors banques et multinationales seront soumises à la concurrences et si les droits de propriétés sont protéger et la justice efficace alros les craintes de l’auteur ne se réaliseront pas.

    Ce qu’il décrit est un mal et ce dernier trouve sa sources dans les relations incestueuses entre l’Etat et l’économie.

  • laroche , 29 août 2014 @ 12 h 59 min

    Je vois où vous voulez en venir et c’est vrai que vous n’avez pas tord quand vous dîtes que ces lois sont inspirées d’une mentalité “judéo-chrétienne”.

    Mes c’est une mentalité “judéo-chrétienne” et des valeurs chrétienne qui sont biaisées au services des désirs et des pulsions des individus.

    Le gros problème dans votre état d’esprit si je comprends bien c’est que vous croyez que l’être humain est une construction de l’esprit et qu’il peut se choisir, se décider et exister par lui-seul.

    Or l’être humain est soumis à beaucoup de déterminismes (familiaux, sociaux, personnels) et contraintes extérieures qui font qu’il est le produit de la société, de ses parents, de son vécu…

    L’Homme a besoin de structures solides (le mariage en est une) qui lui donnent des repères et qui permettent de faire un compromis entre sa sécurité et son libre-arbitre; ses désirs et les désirs des autres.

    La société libérale que vous voulez est une utopie, comme l’est le communisme. Elle nie la complexité, l’ambivalence et l’histoires qui composent individu.

    L’Homme a besoin de la société et la société a besoin de lui. Attention Il n’est pas question que la société écrase les individus, nie leurs droits fondamentaux et que l’Etat se substitue à eux; mais si l’Homme a des droits, c’est parce qu’il a d’abord des devoirs.

    Il y a bien des excès de libéralisme comme il y a des excès de collectivisme.

  • Reine Marie Anne , 29 août 2014 @ 13 h 17 min

    Ne tombons pas dans le piège d’évacuer le mot libéralisme sous prétexte qu’il est habillé de multiples vêtements pour le rendre plus attrayant, le meilleur contre poison pour avoir un bon discernement des esprits est de lire le livre de l’Abbé Séralda : “le liberalisme est un péché” où il décortique toutes les conséquences du LIBERALISME dans toutes les sphères de la Société.
    je communique également le lien qui donne accès au condensé qu’en a donné l’Abbé Philippe Marcille qui m’a aimablement permis de le recopier sur le site des “royalistes du Nivernais Berry” dont je suis rédactrice principale. (j’ai recopié uniquement la partie correspondant au libéralisme dans la Société Civile, la partie concernant le libéralisme dans l’Eglise n’étant pas du ressort des laîques sauf à titre d’information prudente mais comme le Trône et l’Autel ces deux sociétés parfaites doivent marcher en bon entente mais séparés le premier prenant conseil de l’autre, je laisse le dossier sur le libéralisme religieux aux gens d’Eglise.
    Cette étude est à très bien étudier et permet un remarquable discernement des Esprits pour ne pas se fourvoyer et se laisser embobiner par les raisonnements spécieux surtout si on a des responsabilités politiques
    http://www.allianceroyalenievre.com/pages/Anatomie-et-physiologie-du-liberalisme-3898729.html

  • Reine Marie Anne , 29 août 2014 @ 13 h 27 min

    je vous remercie par avance d’aller consulter le billet que je viens de rédiger le 29 aout à 13 h 17 en réponse à toutes les réflexions précédentes y compris la vôtre.
    amicalement
    CT

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