Mais il ne faut pas le dire.
Encore une fois, l’intelligentsia qui fait la une des médias dits “de gauche” a déclenché une tempête dans un verre d’eau à cause de questions pas “féministement” correctes de la journaliste Clara Dupont-Monod. Oser demander à une féministe si, dans le cas de la parité, le biologique ne pourrait pas primer sur la compétence ou si certaines femmes ne rêvent pas d’émasculer les hommes c’est, au choix, pour Le Point, une interview “rétrograde”, “venue d’un autre temps” pour Rue 89, et “surréaliste” pour Les Inrocks. Et on ne dira rien du lynchage de Clara Dupont-Monod sur les réseaux sociaux ! “Festival de poncifs !”, “ignorance !”…
On pourrait en rire. On ne le fera pas, parce que, non seulement la carrière d’une journaliste est en jeu, mais oui car telle est notre société, il est exigé de ceux qui font les grands messes médiatiques de ne pas prononcer un mot de travers ; mais, surtout, cela montre, une fois de plus, que nous vivons dans une société totalitaire qui impose, par la violence (fût-elle seulement verbale) et, encore plus grave, le chantage à l’emploi, une pensée “correcte”, une vision du monde “correcte”.
Nous sommes passés en 40 ans des cris d’orfraie poussés devant certaines phrases (sottement provocatrices pour certaines, impardonnables pour d’autres) de Jean-Marie Le Pen à l’interdiction absolue pour chacun de dire un mot de travers, fût-ce en privé, fût-ce par jeu de mots, par esprit de provocation ou par ironie, ou tout simplement parce qu’il y a une réalité à dire.
Avec l’esprit français c’est la liberté qu’on enterre.
On n’épiloguera pas sur le fond de l’affaire, mais pour une fois qu’une journaliste a l’esprit caustique et évoque les dérives du féminisme, on devrait rire de bon cœur et passer à autre chose, non ? Parce que, des dérives, il y en a eu et il y en a encore, comme dans tous les “ismes”, et ce que l’on entend dans la bouche de certaines qui vouent – mais oui, il y en a en 2013 – une haine pathologique aux hommes est mille fois pire que les petites provocations de Clara Dupont-Monod ! Même des petites choses sont capables de rendre certaines dames enragées, alors, imaginez le reste ! Il y a des conversations impossibles à tenir avec certaines. Par exemple quand il s’agit de défendre l’orthographe de “auteur”, “professeur” etc., que je persiste à utiliser pour le masculin ET le féminin (ô crime de lèse-féminisme) on croirait parfois que je tue leur père et mère…
Et Dieu qu’il est délicieux d’avoir de sacrées différences avec les hommes ! Ne les nions pas, savourons-les. Un petit coup de provocation pour la route ? Je ne vois pas pourquoi, si j’aime faire la cuisine et que l’homme de ma vie préfère réparer les voitures (ce n’est pas vrai, mais imaginons) je devrais m’obliger à mettre les mains dans le cambouis (beurk ! et mes douces mains ?) sous prétexte que des folles dingues ont considéré que j’aurais été conditionnée dans mon enfance et que c’est inacceptable…
Par ailleurs je n’ai pas peur ni honte de dire que je suis, en vraie républicaine détestant communautarisme et discrimination positive, une adversaire de la parité. Il a fallu se battre pour que les femmes aient le droit de faire de la politique, de se faire élire… Ensuite ce n’est plus du domaine de la loi, à chacune de faire ce qu’il faut pour être en position éligible, et s’il faut travailler 10 fois plus que les hommes en place, où est le problème ? C’est la vie, du début à la fin, et c’est comme ça qu’on forge des gens heureux et fiers d’eux. Il appartient à chacun de faire sa place et il est inadmissible qu’il obtienne quelque chose parce qu’il est femme, étranger, issu de quartiers défavorisés etc.
Mais tout cela va, forcément, contre le politiquement correct. C’est-à-dire contre la dictature de la pensée. La dictature tout court.
Combien de temps encore les Français vont-ils l’accepter ?
> Christine Tasin est professeur agrégé de lettres classiques et préside l’association Résistance républicaine.
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