Sans doute en votant contre la liste Bartolone aux dernières élections régionales les Franciliens ont-ils évité le pire.
C’est de ce fait en vain que le président socialiste sortant Huchon avait imposé au STIF, gestionnaire monopoliste et subventionnaire des transports publics de la Région, une tarification unique du Pass Navigo à hauteur de 70 euros par mois pour tous les types de déplacements, aussi bien pour les Parisiens usagers de leur bon vieux métro que pour les habitants des départements périphériques, Essonne, Val d’Oise ou Yvelines, qui ne payeraient plus que 770 euros par an, au lieu de 1 200 euros.
Approuvée en février 2015 cette disposition, “non financée” comme on dit dans le jargon technocratique, est entrée en vigueur en septembre, alors que les élections régionales devaient se dérouler en décembre.
La ficelle démagogique était énorme et le déficit qui allait en résulter pour le STIF de l’ordre de 450 millions d’euros sur un budget global de 9 milliards d’euros servant à financer 40 % du coût du transport des Franciliens. Cette situation subventionnaire, évaluée en 2010, va tendre à continuer de s’aggraver au fil des années.
Supportée par les entreprises de plus de dix salariés, une hausse du versement transport de 0,13 % dans les zones 1 et 2 avait permis de résorber quelque peu le déficit à hauteur de 150 millions d’euros. Restent à trouver 300 millions. Une bagatelle. Désormais présidé par l’autorité régionale, le STIF demeure le lieu d’un système d’intervention politique et de dirigisme chaotique.
Avec l’énergie, et l’aplomb, qu’on lui connaît, Valérie Pécresse prétendit alors prendre à son compte la gestion de cette promesse socialiste, sans pour autant toucher à la structure à la fois monopoliste et étatiste de l’offre de transport en région Ile de France. Rappelons en effet que celle-ci dépend à 90 % de la RATP et de la SNCF, deux entreprises d’État, les miettes restantes étant réparties de manière administrative entre 80 compagnies privées concessionnaires, sans aucune concurrence.
Après quelques mois il fallut bien se rendre à l’évidence : la baisse du prix du Pass pour les usagers périphériques n’était nullement compensée par une augmentation du nombre des abonnés ni par une diminution de la fraude, un grand cheval de bataille de Mme Pécresse.
Or, cette active femme politique est désormais statutairement présidente du conseil d’administration du STIF à la tête duquel elle a substitué au poste-clef de Directeur général Laurent Probst, un membre de sa garde rapprochée pour succéder à Sophie Mougard, celle-ci quittant après 10 ans de bons et loyaux services.
Sophie Mougard n’avait pas fait mystère, y compris en public, le 13 décembre 2014 lors d’un colloque à l’Assemblée nationale, de ses réticences à accepter une baisse de ressources de qui eût été 500 millions d’euros par an et a été compensée avant l’augmentation du taux de Versement Transport, c’est-à-dire par la fiscalité sociale imposée aux entreprises.
Tenant tête à Guillaume Pépy, roi sans couronne de la SNCF, Mme Mougard devait partir au nom de l’étatisme tout puissant dont Valérie Pécresse se trouve bon gré mal gré la continuatrice.
Un bras de fer allait donc opposer Pécresse au gouvernement. C’est un jeu auquel on ne risque pas grand-chose s’opposant à un camp adverse conduit par le roi de la guimauve Hollande toujours prêt à désavouer les velléités de fermeté de ses ministres.
Qu’a donc obtenu Mme Pécresse au terme de sa négociation ?
Pour “équilibrer”, en apparence du moins, les comptes du STIF subventionnaire en maintenant le tarif unique il eût fallu augmenter le Pass Navigo de 15 euros.
Mme Pécresse a su exiger du gouvernement qu’il prenne ses responsabilités : le Budget de l’État prendra à sa charge 80 % du surcoût, le Pass n’augmentant “que” de 3 euros, soit 4,3 %.
Cette augmentation prendra effet au 1er août. Dans un contexte d’inflation quasi nulle, la chose suscite des commentaires ironiques “L’Express” ou le “Huffington Post.”
Le vice-président chargé des transports à la Région, Stéphane Beaudet, a beau jeu de suggérer qu’une telle hausse du tarif du Pass’ Navigo représente “une augmentation normale du titre de transport, comme elle avait lieu tous les ans”, et qu’elle servira notamment à “la rénovation et au renouvellement du matériel roulant”, ce type d’entreprises d’État ayant du mal à concevoir un compte d’amortissement.
Quoi qu’il en soit, le reste sera réparti, selon les indications de Matignon entre “les usagers des routes franciliennes, via la modulation régionale de la TICPE, et enfin les employeurs de plus de 11 salariés via une hausse du Versement de Transport”. Les montants de la hausse du Versement de Transport et de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), n’ont pas encore été précisés. Mais il est clair que 80 % du coût de la décision démagogique de Huchon vont être supportés par les entreprises et par les automobilistes. Toujours plus de subventions, toujours plus d’étatisme.
Merci qui ?
> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.