Lettre ouverte au Président de la République après la rafle des Champs-Élysées du 25 mai 2013

Monsieur le Président de la République,

Jeune officier dans la Réserve Opérationnelle de l’Armée de Terre, arrêté arbitrairement lors de la Rafle des Champs-Élysées le 25 mai 2013 et détenu pendant 24 heures, je vous prie de vouloir bien me retirer mes décorations militaires. Le déshonneur que vous m’avez fait subir ne me permet plus de porter dignement le symbole de respect qui m’était consenti par la Nation.

Juriste dans le civil, diplômé de l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr et d’un master 2 de relations internationales Sécurité Défense, je pensais être digne de la République en ayant su intégrer les valeurs et les vertus enseignées tout au long de mon éducation.

N’étant pas habitant de notre Capitale mais simple provincial, je me dirigeais vers la tombe du Soldat Inconnu afin de me recueillir auprès de nos aïeux tombés pour notre Liberté. Je remontais l’Avenue des Champs-Élysées lorsque des mouvements de foule m’ont interpellé. Je me suis naturellement rapproché de ce qui semblait être le centre d’une action de protestation. J’ai reconnu des drapeaux de « La Manif pour Tous ». Je ne voyais que des jeunes gens obstinés mais pacifistes.

Entrainé pour des missions de protection du territoire comme Vigipirate, je venais d’apprendre que l’un de mes camarades fut blessé sur le parvis de la Défense en effectuant sa mission quelques heures auparavant. Troublé par tant d’agitation parisienne, je restais spectateur et stupéfait de la violence avec laquelle nos forces de l’ordre agissaient contre ces jeunes. Les images parlent d’elles- mêmes. Je connais la difficulté de maîtriser une foule et je ne remets pas en cause les agissements individuels de notre Police qui exécute les ordres hiérarchiques.

Cependant, je suis indigné par les arrestations complètement arbitraires organisées à la veille d’une manifestation autorisée par la Préfecture.

J’ai été neutralisé alors que je n’étais que passant curieux et spectateur silencieux ! Un commandant me pointant du doigt et ordonnant à ses subordonnés de « m’embarquer » après un échange de regard… Était-il trop clair pour sembler innocent ? Ma coiffure d’officier leur semblait-elle trop courte pour incarner le simple badaud, pourtant chef de Piquet d’Honneur d’une commémoration quelques jours auparavant pour le 68ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945… les mots prononcés par le Préfet me résonnent encore à la lecture du message de Monsieur Kader Arif, Ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants qui a dénoncé les pratiques politiques des nazis sur les individus jugés indignes. La jeunesse française éduquée et instruite vous semble-t-elle indigne Monsieur le Président ?

Oui, nous pouvons parler d’une RAFLE. Organisée par vos services ce soir-là. Aucune de mes (nos) libertés n’ont été respectées. Arrêté sans aucune raison, je n’avais ni signe ostentatoire partisan, ni comportement agressif. J’ai été embarqué avec véhémence comme un vulgaire délinquant, sans aucune sommation, sans aucune explication, sans aucune considération. Je n’ose parler des conditions de détention. Vingt-quatre heures de garde à vue Monsieur le Président, permettez-moi de vous rappeler que « la force sans le droit rend la vérité abjecte ».

Je ne me permettrais pas de qualifier votre opération de rafle si des arrestations massives et improvisées n’avaient pas été constatées. Ces vingt-quatre heures de détention ont au moins eu le mérite de permettre l’échange avec mes codétenus… les nombreux cadres dirigeants et étudiants supérieurs qui m’entouraient me faisaient penser à ces élites que l’on enferme par crainte qu’ils deviennent des vecteurs de conscience.

Déshonoré par ces méthodes, je suis profondément blessé et vous prie de vouloir bien me retirer mes décorations militaires qui me rendaient fier d’incarner l’Amour profond de Notre Patrie et les devoirs qu’elles impliquent.

« On meurt pour une cathédrale non pour des pierres, pour un peuple non pour une foule. On meurt par amour de l’homme s’il est clé de voûte d’une communauté, on meurt pour cela seul dont on peut vivre », Antoine de Saint-Exupéry.

Afin de vous faciliter les démarches administratives, puisqu’ayant subi des retards répétitifs relatifs à ma solde, je prends bien naturellement des précautions d’usage en vous transmettant mon identifiant défense, communément appelé, le matricule : 0739020120.

Vous remerciant par avance pour votre Diligence,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de mon profond respect.

Addendum 17/06/2013 : Exclusif : l’officier qui avait dit ses quatre vérités à Hollande suspendu jusqu’à nouvel ordre de ses activités de réserve

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233 Comments

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  • Louis A. F. G. von Wetzler , 31 mai 2013 @ 16 h 21 min

    Oui tout à fait, c’est du Prince de Bismarck, mais je crois que ce texte a une actualité très importante sans doute

  • Christiane , 31 mai 2013 @ 18 h 31 min

    Bismark était franc-maçon, il était fait pour s’entendre avec les
    républicains issus de l’idéologie de 1789 en France et dont les
    ambitions rejoignaient celles de Bismark. Le siège des Illuminati
    se trouve à Frankfort. Cela explique bien des choses.
    Napoléon III ne serait jamais tombé dans le piège de la guerre
    de 1870 sans la trahison de Gambetta, juif et ennemi de l’Eglise.

  • Louis A. F. G. von Wetzler , 31 mai 2013 @ 19 h 12 min

    le Prince von Bismarck jamais a été mason, c’est ne pas vrai. Bismarck est de confession luthérienne. Il reçoit des cours de religion de Friedrich Schleiermacher, qui le confirme lors de ses 16 ans dans l’église de la Trinité de Berlin (Dreifaltigkeitskirche). Bismarck se penche à l’époque sur la religion d’un point de vue philosophique ; il est notamment influencé par Spinoza et Hegel. Il semble au départ être plutôt déiste et panthéiste que réellement croyant. Bien que son retour à la religion ne change pas fondamentalement sa personnalité et que, comme il déclare, « Si je croyais à tout ce qui se trouve dans la Bible, je serais devenu pasteur», Bismarck revendique durant toute sa vie sa foil 12. Son christianisme familial a notamment joué un rôle décisif pour surmonter les moments difficiles, comme la mort de son amie Marie von Thadden-Trieglach. Je suis surie qui il a été très chretienne, mais au même temps anti catholique, il avais un gran mépris pour la Maison d’Autriche, comme tout le monde connais bien les Habsbourg Lorraine on été les champions du Catholicisme en Europe. A propos je suis d’origin autrichien et monarchiste aussi.

  • Louis A. F. G. von Wetzler , 31 mai 2013 @ 20 h 07 min

    Je viens d’écrire une lettre au Financial Times de Londres, en anglais “High quality global journalism requires investment. Please share this article with others using the link below, do not cut & paste the article. See our Ts&Cs and Copyright Policy for more detail. Email [email protected] to buy additional rights. http://www.ft.com/cms/s/0/6c1a1cde-c877-11e2-8cb7-00144feab7de.html#ixzz2UtVynz8l

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    May 31, 2013 6:01 pm
    France is marching against markets, not homosexuality

    Christopher Caldwell By Christopher Caldwell
    Gay marriage is the cherished priority of an elite-driven political system
    Illustration by Luis Grañena of a wedding cake with a gay couple©Luis Grañena

    The crowd that marched against gay marriage last weekend in Paris was large – at least 150,000 people. That is only half as many as took to the streets in January and March, but there is an explanation: the gay marriage controversy is, from a legislative standpoint, over. France’s first gay marriage was carried out in Montpellier on Wednesday. Yet the marches continue. Manif Pour Tous, the group behind them, is a real grassroots movement.
    This may be the most passionate mobilisation over a domestic issue since 1984, when François Mitterrand claimed new powers to regulate the country’s religious schools.

    Of the countries where same-sex marriage has been legalised, France is where it has met the fiercest resistance. The French are as surprised as anybody. The unpopular Socialist president François Hollande is the protesters’ main target, not just for forcing gay marriage through parliament but
    for ignoring economic problems to do so. The UMP opposition may be more damaged still. Party leader Jean-François Copé called on UMP members to march; his arch-rival François Fillon urged them to stay at home. Nor did Marine Le Pen, leader of the populist National Front, see the gay marriage question coming. No established political force benefits from the protests. That is the sign of a problem.

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    Le Monde recently convoked a virtual symposium on the protests. The newspaper’s premise was that the protests, however misguided, showed grudging admiration for the student movement of 1968. Some of the smarter contributors disagreed. They put more blame on the Hollande government, for which 1968 is a touchstone. Jean-Pierre Le Goff, a participant in the protests half a century ago, remarked on the youth and easy-going nature of this year’s marchers. He faulted his contemporaries for imposing their societal experiments on others and casting those who disagreed as reactionaries. “One of these days,” wrote Mr Le Goff, “the left is going to have to admit that this is all getting more and more unbearable to a large part of the population.”

    The French rebels of 1968 have become a ruling caste of fogeys. The philosopher Chantal Delsol accuses them of “totalitarianism”, borrowing Hannah Arendt’s definition of totalitarianism as the
    belief that “everything is possible”. Ms Delsol is heartened that young people now approach politics in a more “Orwellian” way, respecting human limitations. She called on politicians to protect the social institutions in which people live, just as they protect the ecosystems in which polar bears do.

    These institutions reflect idiosyncratic French ideas about politics and sex. Legalising abortion in
    the 1970s did not leave lasting scars on France,
    as it did on the US.
    France does not
    punish politicians for extramarital dalliances. It has generally been easy-going about homosexuality. France’s Pacs law, permitting civil unions regardless of sexual orientation, dates from the last century. It is wrong to see this year’s marches as driven by bigotry.

    One sexual issue, though, helps clarify the protests
    in a surprising way. The French distrust surrogate motherhood, especially if money is involved. They believe it subordinates sexuality to a capitalist ethic. Non-traditional child-bearing and rearing often seem one step away from prostitution or slavery. The philosopher Jean-Claude Michéa has described the surrogate mother as “a mere proletarian whose ‘labour-power’ must be put at the disposal of those couples who have the capital necessary to rent
    it for temporary use”.
    The feminist philosopher Sylviane Agacinski wrote in 2009 that France’s reluctance to embrace in vitro fertilisation was a sign of its resistance to join the “market in bodies”. Because gay couples cannot produce children themselves, gay marriage will favour recourse to reproductive technologies, which France tightly regulates.

    French thinkers do not divide liberalism into “good” and “bad” kinds
    as readily as Americans. The French tend to see free markets and free
    love as part of the same liberalism. Proponents of gay marriage are thus in
    a tough position. They must make many of the same kinds of arguments that France’s elites have been making for decades – that certain traditions are superannuated, that certain moral codes are illogical and unfair, that certain institutions built up to protect the poor are actually retarding them, that borders are a barrier to freedom.

    That is why the French are in the streets. Gay marriage is the cherished priority of an elite-driven political system. That system has so little of substance to offer the middle and working classes that the very process of passing legislation discredits it. If Mr Hollande ever passed a serious economic plan, the French would probably march against that too.

    The writer is a senior editor at The Weekly Standard

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    Report Prince Clemens von Metternich | May 31 6:58pm | Permalink
    The French government had reacted in a quite authoritarian manner against a vast majority, which is opposed to “le marriage pour tous”, last Sunday some 1,2 million rallied the streets and avenues in Paris expressing their opposition to the same sex “marriage”, and after a quite tranquile march, were attacked by the police following orders of the Communist minister of Interior Manuel Valls. It is understandable the view point of M. Hollande, he was never married, he had his children with Ségoléne Royal, just living together, and currently he lives in Le Elysée with his “official mistress”, who unlawful is acting as the French first lady, which by obvious reasons she isn’t at all. M. Hollande is openly anti Catholic and hates all the traditional Christian movements inside France. But enough is enough, his terror policies will bring for him huge consequences, I am sure that his Socialist Party will loose the elections, his actions will invigorate all the convervatives inside France, and even the small monarchical movement. May 2013 will be for Hollande and his clique, what was May 1968 to Charles de Gaulle. This is the begining of the end for the French left.”

  • Louis A. F. G. von Wetzler , 31 mai 2013 @ 20 h 10 min

    Mes excuses, quelque chose a passé, raire, alors je viens d’écrire cette lettre dans le Financial Times de Londres, en anglais.

    “The French government had reacted in a quite authoritarian manner against a vast majority, which is opposed to “le marriage pour tous”, last Sunday some 1,2 million rallied the streets and avenues in Paris expressing their opposition to the same sex “marriage”, and after a quite tranquile march, were attacked by the police following orders of the Communist minister of Interior Manuel Valls. It is understandable the view point of M. Hollande, he was never married, he had his children with Ségoléne Royal, just living together, and currently he lives in Le Elysée with his “official mistress”, who unlawful is acting as the French first lady, which by obvious reasons she isn’t at all. M. Hollande is openly anti Catholic and hates all the traditional Christian movements inside France. But enough is enough, his terror policies will bring for him huge consequences, I am sure that his Socialist Party will loose the elections, his actions will invigorate all the convervatives inside France, and even the small monarchical movement. May 2013 will be for Hollande and his clique, what was May 1968 to Charles de Gaulle. This is the begining of the end for the French left.”

  • nicole , 31 mai 2013 @ 21 h 29 min

    @ lt.col PM :
    Il est surprenant qu’un homme de qualité tel que vous puisse tenir un langage aussi grossier et faire preuve d’un manque d’honneur..
    Ce qui me fait douter de votre grade.

  • martel Charles , 1 juin 2013 @ 11 h 31 min

    Vous ,vous avez dû être fini à l’urine pour sortir de tels propos ,abruti !!!

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