Coup d’œil du critique : Sur la route est un film qui se prend très, mais alors très au sérieux ! Inspiré du roman autobiographique de Jack Kerouac, On the road (1957), il retrace les pérégrinations désespérées de deux garçons et une fille aussi fréquentée que les Champs-Élysées un 14 juillet. Sexe, drogue et instabilité vont donc rythmer le quotidien de ces jeunes gens étourdis par la poésie et les rêves de liberté. Road-movie hésitant (de nombreuses scènes se passent dans des lieux fixes), cette quête n’est bien entendu qu’un cheminement personnel vers le grand rien, à moins que ce soit le grand tout, ou alors le grand rien du tout ?.. Bref, c’est beau.
Aussi beau que les longueurs abyssales de Pierrot le Fou, que vous êtes obligé d’aimer sous peine d’être un inculte crasseux et fasciste, aussi puissant que l’ennui, aussi profond qu’un sommeil mortuaire…
Désorienté, l’homme a parfois l’audace du suicide, ceux-là ne l’ont même pas. Triomphe de la vie ou de la mollesse, ils songent à se supprimer la main tremblante, les yeux perdus dans Proust, dont Du côté de chez Swan trône triomphalement sur les tables de nuit et à côté des machines à écrire.
Bien loin de dénoncer ce qu’il montre, le réalisateur joue les intellectuels à Cannes, devant un parterre de journalistes panégyriques. Connaître le monde, c’est d’abord l’expérimenter, explique-t-il crânement. Dans les années 50, c’était tenter l’aventure. Aujourd’hui, c’est répéter les erreurs. Faire l’expérience du délire stupéfié, des partouzes liquides, de l’adultère bien plus assumé que la paternité, était une nouveauté pour des soixante-huitards à la gueule de bois à présent douloureuse : leurs moutards votent FN.
Bon allez, il faut que je vous laisse. Je dois aller me carboniser la main gauche histoire de faire l’expérience que le feu, ça brûle…
Bande-annonce :
Une critique publiée en partenariat avec lecran.fr.
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