La 3e voie est toujours difficile. C’est apparemment celle choisie par François-Xavier Bellamy : être sur l’Europe, entre ceux qui veulent une Europe fédérale, et ceux qui veulent une Europe des Etats-Nations, entre fédéralistes et souverainistes, pour une Europe repensée et remise sur la bonne voie. Il semble logique que sur l’avenir du continent dans le cadre des élections européennes, on ait ces trois choix. Et pourtant la tête des listes des Républicains a évoqué une autre alternative beaucoup plus pertinente : soit transformer, soit transmettre, et ce choix-là dépasse largement celui de l’Europe pour se situer au niveau de la civilisation et de chacune des nations qui y participent. Cette opposition est celle du progressisme et du conservatisme. Même si, comme dans son parti, le mot fait peur, même si on a brandi en tout temps, de l’UNR à LR, en passant par le RPR, le totem du progrès, même si on a constamment souhaité des réformes nécessaires, la transmission du bien commun, de « l’héritage indivis », pour parler comme Renan, demeurait prioritaire, et les réformes n’avaient pour but que de rendre la conservation plus solide. Par exemple, les réformes économiques devaient améliorer la compétitivité de la France, pour lui donner les moyens de demeurer une grande puissance indépendante. La différence entre la droite et la gauche repose sur ce clivage : la droite veut transmettre et la gauche veut transformer. La droite, c’est la vie, qui évolue, mais qui repose d’abord sur sa transmission de génération en génération. La gauche, c’est au contraire, sous d’apparentes bonnes intentions, la destruction des conditions mêmes de la vie. La droite, c’est la famille et la priorité de la vie des enfants à naître. La gauche, c’est l’individu, et le bon plaisir de celui-ci face aux générations futures. Tout se tient : la droite, c’est l’héritage, et la gauche, c’est sa captation au profit d’un Etat dépensier à court terme. La droite, c’est la recherche de l’excédent en période favorable, de manière à garantir l’avenir, comme le fait Singapour, ce modèle du conservatisme, avec deux fonds souverains appuyés sur des excédents budgétaires et non sur des richesses du sous-sol. La gauche, c’est l’endettement de la facilité pour redistribuer dans l’immédiat sans prévoir les conséquences à long terme. L’exemple du Vénézuela, ruiné et endetté jusqu’au cou, malgré ses gigantesques ressources pétrolières, et phare aujourd’hui éteint de la révolution bolivarienne, c’est l’anti-Singapour absolu !
La gauche est pour l’égalitarisme en marche constante, comme si l’inégalité n’était pas une dimension irréfragable de la vie qui ne se développe que par la compétition et la protection. La droite reconnaît l’inégalité, mais ne la prend que comme un levier pour assurer le bien commun de la nation, en rendant celle-ci plus compétitive, et par là même plus capable de protéger les plus faibles. On voit donc que l’essentiel pour la droite est de maintenir les foyers de vie que sont la famille et la nation : la famille qui transmet la vie et l’éducation du mode de vie ; la nation dont l’Etat garantit la protection de ses membres, la transmission et l’accroissement du bien commun. Si l’initiative individuelle, la libre entreprise, la propriété, une fiscalité raisonnable, et un Etat centré sur les missions régaliennes favorisent la santé économique d’un pays, c’est à l’Etat de le protéger contre les dangers extérieurs de toute nature, et d’assurer un ordre juste à l’intérieur. Il n’y a rien de plus contraire à ces impératifs que de déléguer à un « machin » supranational et technocratique, la souveraineté qui appartient à la nation et est exercée par l’Etat. Or l’Europe des progressistes est celle d’une foule solitaire issue des familles déconstruites, dont les Etats ne sont plus à même d’assurer la compétitivité, ou de transmettre l’identité civilisationnelle face à l’immigration de remplacement.
Tel est donc le choix binaire des élections européennes entre ceux qui appellent « progrès » notre disparition programmée, et les conservateurs qui sont les véritables progressistes, parce que seuls ils préparent l’avenir… Face à ce choix, les trois principales listes de droite : RN, LR et DLF devraient se trouver du même côté !