La fin du désastre socialiste au Vénézuela ?

La dictature de Maduro au Vénézuela semble ébranlée. Si la foule des opposants se heurte aux défenseurs du régime, militants, miliciens ou policiers, le rapport de forces semble tourner à l’avantage des premiers. Cette fois, il ne s’agit plus d’une opposition de classes entre une droite bourgeoise et une gauche prolétarienne, parce que les quartiers populaires ont rejoint la révolte, et que seuls les partisans « chavistes », bénéficiaires du système ou fanatisés par l’image de l’ancien leader charismatique, soutiennent encore la présidence vacillante.

Le Vénézuela est une nouvelle fois la démonstration de l’ineptie socialiste. Partout où l’on a voulu que l’Etat dirige l’économie, décourage l’initiative individuelle au prétexte de redistribuer la richesse, le mécanisme a été le même : la dépense publique a non seulement étouffé la création de richesses, mais elle a freiné l’activité et l’emploi réel. Au nom de l’égalité, elle a aussi parfois accentué les privilèges des membres du système au détriment des exclus de celui-ci. Tous les socialismes ont généré cet étouffement mortel, y compris la Suède, qui, arrivée à 12% de déficit public et à plus de 50% de prélèvements obligatoires en 1993, a du abandonner son « Etat-providence » pour redresser son économie. Encore avait-elle trois avantages par rapport au Vénézuela : l’existence d’un secteur privé puissant et diversifié, notamment sur le plan industriel, une démocratie sans faille, et une mentalité protestante conjuguant la responsabilité personnelle et le devoir de solidarité. A Caracas, le socialisme est caricatural : il est parvenu à ruiner le pays le plus prospère d’Amérique latine !

On pourrait le décrire à la manière de Pagnol et du célèbre « coquetel à quatre tiers » dont César détaille la confection à Marius. Il y a un petit tiers d’idéologie verbeuse, le « bolivarisme », nationaliste et socialiste, portée par un officier bavard, admirateur de Cuba et hostile à l’oncle Sam, Hugo Chavez. Il y a un bon tiers d’armée politisée et favorisée par le régime. Il y a un troisième tiers constitué par le peuple des pauvres, celui des « Barrios », bénéficiaires du clientélisme organisé par l’Etat et le parti. Et puis il y a le « quatrième » tiers : le pétrole qui permet au système de fonctionner, et même d’être généreux avec les Etats-frères. Cette richesse liquide sur laquelle le « chavisme » s’est appuyé est considérable puisque le Vénézuela posséderait les premières réserves mondiales, mais il est devenu le poison du socialisme vénézuélien, lui permettant une gestion ubuesque. Correspondant à 95% des exportations, il a donné l’illusion aux gouvernants de pouvoir faire n’importe quoi. Le reste de l’économie s’est effondrée, et lorsque la « bise » de la baisse des cours est venue, la cigale chaviste s’est trouvée bien démunie, avec une inflation monstrueuse, et dans un pays riche, un appauvrissement généralisé en raison de l’absence de produits de première nécessité, de nourriture et de médicaments notamment. Certes, l’essence est encore la moins chère du monde, mais manger est devenu hors de prix ! Les pauvres condamnés à la soupe populaire n’ont plus l’image sainte de Chavez pour se consoler, mais le gras Maduro, son successeur dénué de charisme, et qui devient la figure des profiteurs du régime. La criminalité atteint des records puisque le Vénézuela subit le troisième taux le plus élevé au monde. Deux millions d’habitants ont fui le pays. Le précipice, qui sépare le discours idéologique de la réalité quotidienne, vide le pouvoir de toute légitimité. La seule institution qui a échappé aux élections truquées, le Parlement subsiste comme un moignon de démocratie dans la dictature de Nicolas Maduro. Son Président, Juan Guaido, destitué par la Cour Suprême (chaviste), vient de se proclamer Président par intérim. Tandis que des violences se produisent à Caracas entre manifestants et forces de l’ordre, de nombreux pays ont reconnu le Président intérimaire : les Etats-Unis, le Canada, la Colombie, le Brésil, le Paraguay, l’Argentine, le Chili, le Pérou, etc… Il y a quelques années, l’Amérique latine était dominée par des gouvernements de gauche. La situation s’est inversée, notamment en raison de leur échec économique, mais aussi de la corruption. La dictature vénézuelienne est désormais un épouvantail !

Le seul rempart contre la révolution est l’armée, secouée de temps à autre par des envies de coup d’Etat. Comme disait Talleyrand, « on peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus. »Il est probable que le régime soit renversé. On pourrait y voir l’écho sud-américain des manifestations qui ont abouti au renversement de gouvernements dans l’ancien bloc de l’Est ou dans les pays arabes. Cependant, malgré l’hostilité de Trump à l’encontre de Maduro, on ne saurait déceler dans cette révolte la conséquence d’une intervention extérieure. Le désastre économique, social et politique du bolivarisme est trop évident. La Russie continue de soutenir ses pions cubain et vénézuélien. C’est logique pour contrebalancer les misères qu’on lui fait à ses frontières, en Ukraine, par exemple. Mais le Vénézuela est un allié bien encombrant. On peut espérer que Moscou le lâche, dans le temps même où Bachar Al-Assad reprendra le contrôle total de la Syrie.

Related Articles

2 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • jejomau , 28 janvier 2019 @ 10 h 13 min

    Espérons que ce gouvernement de Gauchistes et donc de faiseurs de Fake-news s’écroule rapidement !

  • Jack , 31 janvier 2019 @ 11 h 08 min

    Difficile de comparer les pays d’Amérique latine et ceux de l’Europe. Population très hétérogène déjà, et l’illettrisme très répandu fait que seulement quelques clans familiaux se préoccupent de politique.
    Trop d’état ou trop de privé, un juste équilibre à trouver pour chaque pays.

Comments are closed.