Œdipe et Loi symbolique, par Louis Santeuil*
De nouveau, les politiques veulent en découdre avec les principes découverts par les anthropologues et par les psychanalystes. Ce n’est pas nouveau, ils sont les premiers à faire l’objet de doutes et de suspicions, dès lors que l’ignorance et le mensonge sont d’actualité.
La Loi symbolique, ignorée encore par le citoyen lambda, et manipulée toujours par les « élites », permet différenciation, structuration et distinction des pulsions de vie et de mort.
La différence des sexes est un des principes fondamentaux de la Loi symbolique ; la nomination de la parenté en est un autre ; le complexe d’Œdipe en est sans doute le principe fondateur, à l’œuvre dans toutes les grandes civilisations.
La différence des sexes détermine la concordance et la complémentarité qui assurent la sauvegarde de l’humain.
La complexité de l’éducation se mesure dans l’accompagnement d’un enfant par un père et une mère, clairement nommés, en un couple que le mariage conforte.
Le complexe d’Œdipe est l’archétype des interdits fondateurs et protège de l’inceste et du meurtre.
L’adoption naturelle d’un enfant par son père et par sa mère ressort d’une complexité naturelle éprouvante.
L’adoption d’un enfant par un couple composé d’un homme et d’une femme constitue un degré de plus dans la complexité.
“Devra-t-on considérer l’enfant comme un objet de désir transformable en chose du droit, ou bien devrait-on comprendre que l’enfant est d’abord un sujet de droit qui suivra la voie de son propre désir ?”
L’adoption d’un enfant par un couple d’hommes ou un couple de femmes constitue une équation impossible à résoudre.
Le rôle et la fonction d’un père et d’une mère vis-à-vis de l’enfant sont distincts et spécifiques, non seulement dans la distribution de la protection et de la formation de l’enfant, mais surtout particulièrement du point de vue de leur place respective dans l’inconscient.
L’introduction d’une invraisemblance dans la vie d’un enfant (deux pères, deux mères, aucun père, aucune mère : deux parents 1 et 2) détraque la filiation, laquelle détermine la distribution des rôles paternel et maternel, nécessairement différenciés, dans la régulation indispensable de leurs correspondants symboliques, c’est-à-dire les interdits fondamentaux (meurtre et inceste), la nomination de la parenté, la différence des sexes.
La confusion qui résulterait du mariage et de l’adoption (plus la PMA, plus la GPA) pour tous ne l’est pas sur le papier écrit par des fonctionnaires du légal, elle l’est pour les psychanalystes dignes de ce nom (qui ont des patients et qui les accompagnent dans le devenir soi-même et la sauvegarde de ce devenir).
Effacement des différences, absence de repères, narcissisation problématisée car investie par l’orientation homosexuelle, identification projective sont quelques uns des problèmes posés par l’appariement sans filiation naturelle d’un couple d’homosexuels, d’ailleurs pour sa seule satisfaction, au mépris du droit de l’enfant à disposer d’un socle conforme à la nature.
Car la question est bien là. Devra-t-on considérer l’enfant comme un objet de désir transformable en chose du droit, ou bien devrait-on comprendre que l’enfant est d’abord un sujet de droit qui suivra la voie de son propre désir ?
*Louis Santeuil est psychanalyste, psychothérapeute et membre de l’association Institut Français de Psychanalyse (site).
9 Comments
Comments are closed.