Votre apprentissage de ministre de l’Intérieur, ce poste auquel vous avez supplié votre président de vous nommer, risque bien d’avoir son apogée le soir du 31 décembre 2018 sur les Champs-Élysées. Pas seulement à cause de l’Acte 8 des Gilets jaunes qui ont décidé de s’y retrouver pour une fête festive et non-violente… car les festivités de moins en moins festives et de plus en plus violentes au fil des réveillons seront, cette année, votre cauchemar.
Cette année 2018 dont les dernières semaines vous auront gâché votre toute neuve fonction va donc s’achever sans que vous puissiez même imaginer ce qu’il risque de vous éclater à la figure.
Votre cellule de crise « réveillon » doit se poser certaines questions à quelques jours et heures de 2019. Allez-vous transformer l’avenue des Champs-Élysées et la place de l’Étoile en camp retranché ? Allez-vous permettre à la banlieue de venir s’y défouler avec le minimum de répression, comme l’ont fait vos prédécesseurs depuis des années ?
Je suppose que vous avez réalisé que cette fin d’année 2018 sera pourtant différente. Avec des fêtards, certes. Mais pas que… car se sont donnés rendez-vous sur la plus belle avenue du monde comme aiment la décrire nos journalistes, les touristes, enfin ceux qui auront osé bravé Paris, les bobos venus faire péter les bouchons de champagne, les casseurs venus s’éclater, les pilleurs de cités venus en découdre, et cette toute nouvelle classe sociale des gilets jaunes qui viendront avec leurs canettes de bière pour démontrer que leur mauvaise humeur est toujours aussi vive face à leur bête noire qu’est devenu Emmanuel Macron.
Un cocktail explosif. Bouteilles de champagne et de bière risquent fort et très vite, vides ou pleines, de devenir des armes par destination pour transformer les Champs-Élysées en champ de bataille. Que vous décidiez ou non de disposer trois ou quatre mille policiers tout au long des deux kilomètres d’immeubles et de boutiques, à raison d’un homme par mètre, ne changera pas grand chose au désordre qui va régner dès 22 heures. Avec ou sans blindés, avec ou sans canon à eau, avec ou sans grenades lacrymo et de désencerclement qui sèmeraient une panique telle, un tel mouvement de foule que vos statistiques personnelles ne voudront pas compter le vrai nombre de victimes.
Et c’est bien ce qui risque d’arriver pour ce réveillon parisien 2018 si vous ne prenez pas une décision sage mais radicale. Celle de fermer les Champs-Élysées et la place de l’Étoile en invitant les réveillonneurs à se retrouver sur un autre champ, celui de Mars et ses 24 hectares dominés par la Tour Eiffel. Une fête non pas de la Fédération comme ne juillet 1790, mais une explosion de joie sur un champ devenu celui de Jupiter. N’oubliez pas de suggérer aux Gilets Jaunes de se retrouver sur l’esplanade du Trocadéro. Aisni, casseurs et pilleurs resteront bien au chaud chez eux puisqu’il n’y aura rien à casser , rien à piller.
Et puis, de grâce, demandez à votre président de laissez les gilets jaunes s’exprimer sur les ronds-points et autres carrefours, exigez des préfets qu’ils ne les obligent pas, comme cela s’est fait, cette semaine, à y incendier crèches et sapins de Noël.
Oh !combien vous devez regretter d’avoir tout fait pour avoir un bureau Place Beauveau, sans avoir su écouter les avertissements de votre prédécesseur !
Mais il est trop tard pour reculer, n’est-ce-pas ? Alors permettez-nous de vous souhaiter une année aussi courte que possible.
Floris de Bonneville