par Eleuthere
Quelles que soient les raisons économiques et sociologiques qui ont conduit les Français des régions dites périphériques à se révolter contre la politique de l’actuel gouvernement, le mouvement des « gilets jaunes » transcende la simple rébellion de la partie déconsidérée de nos compatriotes. C’est l’expression de la souffrance de la France tout entière qui ne supporte plus le progressif déclin économique et la paupérisation de plus en plus palpable de notre pays qui en est la conséquence, au seul bénéfice d’une infime minorité. Mais au-delà, et de manière plus profonde, la France n’en peut plus de l’humiliation et de l’avilissement moral et politique à laquelle l’ont conduite depuis décennies des dirigeants aussi irresponsables qu’incompétents, ou qui ne sont rien d’autre, sinon, que des traîtres qui vendent la patrie à l’encan et la prostituent à Mamon et aux autres faux dieux de notre temps. Le doigt d’honneur du beau gosse du Président, à Saint Martin, restera à jamais le parfait symbole de cette humiliation de la France.
Il est vrai que le peuple de France a sa part de responsabilité. Nous avons collectivement cédé aux sirènes du consumérisme et confondu bonheur et bien être matériel, en cédant le pouvoir aux vauriens qui cherchaient à nous le faire accroire. Nous n’avons pas été suffisamment fidèles aux enseignements de nos pères. Il est temps de se ressaisir et de retrouver les vertus qui ont fait la grandeur de notre patrie, notre grandeur. Notre existence actuelle, est-ce là en effet la vie d’un peu1ple qui entend être libre ? Nous ne le sommes plus, mais nous pouvons le redevenir. Nous devons le redevenir, pour nos enfants et les enfants de nos enfants.
Une chose est certaine : il ne faut rien attendre de la caste politico-médiatique au pouvoir, qui suinte le mépris des gens comme un mur pourri dégorge son eau, et dont les mœurs odieuses feraient passer les libertins du passé pour des pères la vertu. Il ne faut rien en attendre, sinon la répression de cette révolte spontanée. Cela veut dire que rien ne se fera dans la légalité instituée.
Il y a toutefois une chance aujourd’hui de renverser le rapport de force, et de libérer enfin le pays de ses petits marquis tyranniques. Ceux-ci tremblent, car ils savent leur pouvoir fondé sur une fange inconsistante.
Maintenant, le défi est de taille. Il s’agit de durer et, au-delà, de se développer. Il faut donner au mouvement une ampleur d’action plus grande, jusqu’à être irrésistible. Mais pour cela même il faut aussi le structurer dans son discours, ce qui ne pourra se faire que si les gens se concertent et s’organisent. Il faut faire de la révolte une révolte ordonnée, qui puisse déboucher sur une véritable réforme du pays.
C’est pourquoi nous appelons à la formation d’Etats Généraux de la France, seule alternative à l’imposture de la représentation dite nationale, laquelle n’est que la traduction de la captation du pouvoir par les partis et les puissances d’argent qui les dirigent réellement. Il faut substituer à la légalité instituée une autre légalité, fondée sur la légitimité du peuple à prendre en main son destin en vue de son bien réel et effectif.
Ces états généraux devront constituer une représentation réelle des français. Pour cela, certaines conditions de représentativités sont requises, qui sont d’ordre géographique d’une part, d’ordre social de l’autre.
Quant au premier point, il convient sans doute de commencer dans un premier temps par des états régionaux, sur le modèle des Etats Provinciaux de l’Ancienne France. Ensuite de quoi, dans un deuxième temps, des délégués de ces états régionaux pourraient constituer des états généraux.
Quant au second point, pour être représentatifs, les états doivent se constituer d’abord en fonction des corps de métier, en envoyant des délégués des diverses branches professionnelles, et en puisant, par exemple, dans le vivier des chambres de métiers, d’agriculture, de commerce et d’industrie. Ils devront aussi être formés de représentant des communautés locales, et de membres des associations.
Quant à leur vocation, les états devront développer une analyse critique avant tout des impôts, en revendiquant l’antique droit de regard des états sur l’administration fiscale. A partir de là, ils devront développer une analyse de l’administration générale intérieure, selon ses grands domaines d’exercice, et revendiquer donc un contrôle effectif des politiques de l’Etat central.
Là se jouera le bras de fer avec le pouvoir constitué, qu’il conviendra de mener en prenant appui sur la légitimité que constitue une représentation réelle, et en dénonçant la représentation républicaine abstraite. La suite immédiate et logique sera de proposer des modifications substantielles des institutions, les états généraux n’étant pas voués à être une structure permanente, mais seulement récurrente, selon les besoins.
En somme, il s’agit d’imposer un changement institutionnel sur le fondement d’une légitimité incontestable qui ne pourra venir que de la représentation réelle, et du soutien effectif de la population, au nom de la justice et du bien commun du pays.
Pour parvenir à organiser de tels états, nous engageons les habitants des villes et des villages à commencer à se réunir pour former des groupes de travail, indépendamment des structures officielles déjà existantes, partis, syndicats ou autres structures politiques préexistantes. Ces groupes, selon la taille des lieux de vie, seront l’expression soit des communes (ou des quartiers dans les grandes villes), soit des structures professionnelles, soit des deux, selon un système mixte à déterminer. Une première mise en commun permettra d’élaborer de premières analyses, revendications et propositions, et d’élire des représentants pour les états régionaux. Etant entendu qu’il ne s’agit là que d’indications générales qu’il appartient aux acteurs du terrain de préciser et mettre en œuvre, et que l’essentiel est l’indépendance vis-à-vis de toutes les structures du pouvoir institué et la volonté d’œuvrer pour le bien du pays, dans l’ordre, le sérieux et, par-dessus tout, l’espoir en la renaissance de la France.
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