Au grand jeu des impostures vers lequel tend avec de plus en plus de brio notre démocratie, les « verts » récoltent aisément le titre, juste devant les convertis au macronisme. Champion de la manipulation sémantique, le parti le plus idéologique qui soit, celui qui s’appuie davantage sur les peurs irrationnelles que sur des raisonnements cohérents, qui s’adonne avec délectation aux manoeuvres politiciennes, qui se fait élire plus facilement à Paris que dans le Larzac, est le seul qui ose s’affubler d’un nom à la résonance scientifique : écoLOGIE, la science de l’environnement. Ceux que l’on désigne familièrement comme des « pastèques », verts à l’extérieur, mais rouges dedans, rejoignent leurs prédécesseurs « radicaux », ces radis qui cachaient sous le rouge d’un mot fort la blancheur d’un opportunisme plus soucieux des places que des idées. Pas étonnant qu’ils se soient rejoints jadis pour le Grenelle de l’environnement. Pas étonnant non plus qu’ils cultivent les variations politiques en fonction du climat avec l’art de se faire une place au soleil, comme M de Rugy ou M. Placé, en changeant de serre. D’autres, après avoir acquis une image particulièrement juteuse sous les projecteurs, arrivent dans l’ombre rafraîchissante du pouvoir où leurs idées tombent comme des fruits mûrs et où leurs convictions sur le nucléaire ou le glyphosate se fanent. M. Hulot à défaut de transition écologique connaît un transfert vers le réalisme.
L’imposture trouve au Conseil de Paris son épicentre : soucieuse de préserver son électorat « bobo-écolo » de l’entre-soi intra-périphérique, Madame Hidalgo mène une guerre à outrance à l’automobile, banlieusarde et provinciale essentiellement. Sûre de l’importance mondiale de Paris, elle croit son combat primordial pour combattre le réchauffement climatique. Elle ne craint pas d’interdire les berges à la pollution que génère la circulation, et découvre avec stupéfaction que les gaz d’échappement se sont déplacés sur les voies parallèles, accrus inutilement par les ralentissements et les bouchons. La France, grâce à l’énergie nucléaire produit peu de CO2, mais n’a pu construire de ligne Maginot « écolo » pour interdire aux nuages de la Ruhr de nous envahir. Toute cette agitation médiatique et électoraliste ciblée sur un public certes stratégique, mais réduit, fait fi des moins riches et des moins jeunes, ceux pour qui l’achat d’une nouvelle voiture est impossible ou l’usage du vélo ou des transports en commun plus difficile. Sans doute faut-il classer ces mesures au titre de la discrimination positive chère à la gauche. Il est vrai qu’un habitant du XVIe plus très jeune et lui pas très pauvre, en même temps qu’il aura de plus en plus de mal à utiliser sa voiture, aura le plaisir de continuer à verser sa taxe d’habitation pour financer les lubies de Madame le Maire de Paris.
Narines bouchées ou pas par les micro-particules, les écolos du groupe EELV ne se sentent plus. Ils ont proposé une nouvelle appellation : ‘les journées du matrimoine » pour faire cesser cette discrimination langagière qui identifiait l’héritage à celui des pères. On ne saurait trop souligner l’importance des débats sémantiques. Depuis notre révolution, la volonté de changer les mots pour déterminer la pensée est toujours l’indice d’une orientation totalitaire, des jacobins jusqu’aux nervis de Pol Pot. Mais ici, on est davantage troublé par le hors-sujet obsessionnel et microscopique de cette question pour Paris où l’on ferait mieux de s’occuper, par exemple, de la propreté. Même, on se demande bien ce que ce problème a à voir avec l’environnement. Rien… si ce n’est le féminisme. Car pour ceux qui n’auraient pas encore compris, la pollution la plus redoutable sur terre est le mâle, accentuée, s’il est blanc. Cette posture politique qui se décore d’un nom apparemment scientifique est une idéologie, c’est-à-dire une vision du monde non scientifique, sans rapport avec le raisonnement ou l’expérience, mais énonçant des jugement de valeur et des choix politiques, portés par un discours qui possède sa propre langue et tend à satisfaire les intérêts d’une partie de la population. Reconnaissons à l’atelier sémantique « écolo » un savoir-faire sans pareil : qui oserait aujourd’hui ne pas faire suivre le substantif « développement » de l’adjectif « durable » ? La démocratie sera, désormais, nécessairement « participative ». Pour la « décroissance », ce sera plus difficile, d’autant plus que le fétichisme lexical vert se heurtera aux incantations présidentielles . Cette maîtrise verbale est une régression du langage : contrairement à la géniale définition cartésienne de Chomsky, le langage « vert » est univoque avec des mots positifs, comme « diversité » et d’autres négatifs, les « crime-pensée » d’Orwell destinés à stimuler les réflexes, et surtout le plus utile politiquement, la PEUR ! Pollution, contamination, nucléaire… ogm, adn, les mots et les acronymes transmettent magiquement de proche en proche un danger d’autant plus redoutable qu’il est mal défini. A cette culture de la peur, s’ajoute le désir de revanche, la joie de dénoncer le coupable et de le punir, qui ont toujours fleuri chez les terroristes de gauche, les marxistes, notamment. La lutte des classes étant passée de mode, celle des races ou des cultures, et maintenant celle des sexes ont pris la relève dans les esprits tordus qui veulent détruire notre civilisation, en commençant par notre pays.
La langue française est un joyau de notre patrimoine auquel nous sommes d’autant plus attachés qu’elle est notre langue maternelle. Sachons la respecter, ne pas la polluer par l’écriture inclusive, dont Mme Hidalgo nous dit que la ville de Paris va continuer à l’utiliser. C’est notre langue et notre langage. Ne brouillons pas inutilement l’usage qu’on y fait des genres.
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