Tribune libre de Christian Vanneste*
L’UMP vacille au bord du gouffre qu’elle même a creusé à force de se vider de toute idée et de toute valeur pour ne laisser place qu’à des appétits insatiables et des ambitions dépourvues de légitimité. Le concours de sottises de ceux que le marasme actuel a propulsés sur le devant de la scène a le mérite d’être instructif. Ils parlent de « valeurs », mais le mot cachant souvent l’absence de la chose, seraient bien incapables d’en citer une à laquelle ils soient vraiment attachés. Ils évoquent les militants, mais c’est uniquement pour dénoncer les turpitudes de l’adversaire. Les plus bêtes vont jusqu’à dénoncer l’énormité des fraudes chez le concurrent et sous-entendent ainsi que la pratique a été générale, dans le plus grand respect des militants, bien sûr. Le pompon a été arraché de haute lutte par celui qui a avoué que la division ne se ferait pas, car les députés la jugeraient contraire à leur intérêt électoral. Eh oui ! La motivation première d’un élu, c’est d’être réélu. Vous n’imaginiez quand même pas que c’était le Bien Commun ? Que la vérité, la liberté, l’honnêteté, la famille, la Nation les empêchaient de dormir ? L’UMP implose aspirée par son propre néant, creusé jour après jour entre ceux qui ont tellement peur des idées, surtout si elles paraissent vaguement à droite qu’ils se réfugient dans le lieu commun confortable de l’humanisme et ceux qui méprisent tellement les idées qu’ils sont prêts à se saisir de toutes celles qui peuvent servir leur « intérêt électoral. » Les uns et les autres obtiennent le même résultat : réduire un concept fort au rang d’outil de propagande. Que l’humanisme, une philosophie qui anime toute la pensée occidentale et chrétienne, puisse être revendiqué politiquement est une injure à l’intelligence. Que l’identité nationale ait pu être manipulée avec maladresse par des politiciens à la recherche d’innovations tactiques est une insulte à notre pays.
Face aux décombres de la « droite », on peut aussi visiter les ruines de la gauche. Les deux paysages se ressemblent : des hommes sans conviction sincère, des mots sans idées, des contradictions inhérentes aux tactiques sinueuses, des politiciens faisant carrière en tirant les ficelles médiatiques de la déclaration provocatrice corrigée le lendemain et de l’effet d’annonce non suivie d’effet, au gré des « intérêts électoraux » supposés et des alliances nouées qui constituent la seule véritable différence avec le camp opposé. Trois exemples ont jalonné les derniers jours sans que l’opposition, toute à ses règlement de compte, fût à même de les utiliser. D’abord, ce fut François Hollande, devant les maires réunis en congrès, exhibant une « vastitude » d’esprit, aurait dit quelqu’un, devant laquelle on ne peut que s’incliner. Un maire dont la conscience se révoltera à l’idée de marier deux personnes de même sexe pourra déléguer à un adjoint. J’ai une pensée charitable à l’égard de tous les commentateurs qui se sont précipités sur cette évidence, inscrite dans la loi, comme si elle était une nouvelle. La question intéressante aurait été : que se passe-t-il lorsqu’aucun membre du conseil municipal ne veut y procéder ? Malheureusement, la réponse existe aussi. Mais on n’a pas eu le temps de la poser. Le Président, dès le lendemain recevait une association favorable à la loi en gestation, et avec fermeté lui disait… qu’il n’avait rien dit la veille. Comme la chauve-souris, les ailes un jour, les poils, le lendemain.
“Face aux décombres de la « droite », on peut aussi visiter les ruines de la gauche. Les deux paysages se ressemblent : des hommes sans conviction sincère, des mots sans idées, des contradictions inhérentes aux tactiques sinueuses, des politiciens faisant carrière en tirant les ficelles médiatiques de la déclaration provocatrice corrigée le lendemain et de l’effet d’annonce non suivie d’effet, au gré des « intérêts électoraux » supposés et des alliances nouées qui constituent la seule véritable différence avec le camp opposé.”
Rétropédalage identique chez Montebourg, qui, en bon avocat remplace l’action par les effets de manche. L’hécatombe de nos emplois industriels se poursuit parce que notre politique a tourné le dos à la compétitivité depuis plus de trente ans. Mais on va concentrer toute l’attention sur le ranch isolé attaqué par les méchants Indiens. La cavalerie arrive. La guerre est déclaré. Nous chasserons ces mécréants de notre territoire. Le canon de bronze de la nationalisation est sorti de son musée et vous allez l’entendre. C’était beau comme du Danton. Mais, comme lui, ça datait un peu. Le lendemain, Montebourg jurait qu’il n’avait pas dit ce qu’il avait dit. Mittal, c’est 20 000 emplois sur 150 sites, mais c’est aussi 18 milliards de dettes. La bataille industrielle ne consiste pas à défendre un bastion jusqu’à la dernière goutte du sang de ses défenseurs et en sacrifiant toute la ligne uniquement pour servir l’image du général. Si général il y a, celui-ci devrait davantage songer à améliorer notre compétitivité, à favoriser les industries innovantes et à assurer la reconversion des sites avant qu’il ne soit trop tard. Les lois existent sur ce dernier point et elles contraignent même les groupes de la taille de Mittal à y participer.
Enfin, puisque nous mettons les pieds dans le plat, mettons-y aussi un peu de verdure, parlons du boulet qui se trouve, lui, aux pieds de la gauche, parlons des Verts. Le vert et le rose au gouvernement. Le vert et le rouge autour de Nantes. Les pastèques n’ont pas toujours tort. L’Ayraultport de Notre-Dame des Landes est fondé sur deux justifications. La première est la saturation de l’aéroport actuel. Or, celui-ci, le dixième de France, connaît une croissance mesurée qui ne justifie en rien l’implantation d’une infrastructure plus importante. Nantes est par ailleurs desservie par les TGV, notamment à partir de Roissy, avec l’avantage de consommer cette énergie sans CO2, tellement écologique, notre électricité d’origine nucléaire. Reste la véritable raison du maire de Nantes, qui pense à ses électeurs : les avions font du bruit. On va donc gâcher des hectares de bonne terre agricole et la vie des paysans qui y travaillent pour le confort auditif d’une partie des Nantais. Pendant ce temps, le gouvernement défend comme il peut la Politique Agricole Commune à Bruxelles et les Verts continuent leur politique de destruction durable de notre pays en l’attaquant par les deux bouts : d’un côté celui des valeurs avec le mariage pour n’importe qui ou la toxicomanie pour tous, de l’autre celui de son avenir avec l’interdiction des recherches sur le gaz de schiste, les OGM ou les nanotechnologies.
Bon courage à la France pour relever tout ça. Il y a du travail, et c’est justement ce dont on manque !
*Christian Vanneste est un ancien député UMP du Nord.
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