Éric Zemmour : La crise à l’UMP ou la victoire posthume de Philippe Séguin

Le Zemmour du mardi. “C’est une guerre d’hommes, de caractères, un affrontement brutal d’egos dépouillé de toutes considérations politiques ou idéologiques. Copé refuse de lâcher l’appareil du parti quoi qu’il en coûte. Fillon a déjà renoncé à être Président de l’UMP mais veut faire tomber Copé avec lui. Copé fait de la politique à la papa, tel Chirac dans les années 70, s’emparant à la hussarde du vieux parti gaulliste. Fillon veut prendre sa revanche devant les juges ou encore devant le groupe parlementaire. Mais la politique rattrape les hommes. L’idéologie rattrape les egos. Copé et Fillon étaient au départ des frères siamois, héritiers de la chiraquie, libéraux ayant intériorisés les contraintes de l’Europe et de la mondialisation. Mais après des mois de campagne, leur destin en ressort transformé. Fillon a incarné jusqu’à la caricature les notables qui le soutenaient en masse. Il a ressuscité Balladur, jusqu’à sa défaite finale. Copé a appliqué les consignes de Patrick Buisson et ses assauts sémantiques contre le politiquement correct. La violence de la lutte entre les deux hommes a exacerbé les différences idéologiques bien au-delà des volontés et des convictions réelles des deux gladiateurs. L’échec du ‘médiateur d’entre nous’, Alain Juppé, est révélateur de la fin d’une époque, de la fin de l’UMP, de cet hybride forgé en 2002 par Juppé avec Chirac qui reposait sur un compromis soigneusement dissimulé : au RPR les places, à l’UDF les idées. La ligne politique de l’UMP serait donc celle de l’UDF : libérale et européenne. Mais ce grand parti centriste de Juppé est mort. Les militants l’avaient condamné en ne donnant pas les clefs du camion à Fillon, les électeurs de droite eux-mêmes l’avaient déjà blessé à mort en plébiscitant la campagne iconoclaste de Nicolas Sarkozy sur les frontières.

“La violence de la lutte entre Copé et Fillon a exacerbé les différences idéologiques bien au-delà des volontés et des convictions réelles des deux gladiateurs.”

Contrairement à ce que répètent les médias, le clivage n’est pas entre les militants plus à droite et les sympathisants plus au centre, mais entre, d’une part, les militants et les électeurs ensemble, d’autre part les élus notabilisés qui sont demeurés, pour la plupart, sur la ligne centriste de l’UMP de 2002. Cet échec de Juppé fait remonter à la surface une vieille, très vieille histoire : en 1990, un combat encore plus féroce, encore plus âpre avait divisé le RPR d’alors. D’un côté, Séguin et Pasqua. De l’autre, Chirac, Juppé, Balladur et le jeune Sarkozy. Séguin et Pasqua reprochaient à Chirac et Juppé d’embourgeoiser le mouvement gaulliste, d’abandonner la ligne du Général de Gaulle, de transformer un mouvement populaire, social, national en un parti libéral européen, d’aligner le RPR sur l’UDF. Les deux hommes prophétisaient que le RPR perdrait et le peuple et la nation. Ils furent vaincus. Contrairement à Copé ou à Fillon, ils acceptèrent de bonne grâce leur défaite. Ils avaient vu juste : le RPR s’aligna sur l’UDF jusqu’à se fondre dans l’UMP. Juppé avait vaincu Séguin. Mais 30 ans plus tard, l’œuvre de Juppé explose. Séguin prend sa revanche posthume. Fillon et ses notables n’ont plus qu’à rejoindre les centristes de Borloo. Copé n’a plus qu’une solution : refaire le RPR pour affronter sur son terrain le FN pour une lutte à mort. Ils n’ont plus le choix.

Lire aussi :
> Éric Zemmour : Et si une UMP centriste remplaçait l’UDF ? Un FN gaulliste, le RPR ?

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6 Comments

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  • 0 / 10
  • mariedom , 27 novembre 2012 @ 12 h 45 min

    Pas le bon lien vidéo, il me semble ? J’ai Alain Duhamel à l’écran ….

  • Yohann , 27 novembre 2012 @ 15 h 08 min

    Bien sûr que Zemmour a raison, lors du départ de Borloo du gouvernement, Mr Fillon ne lui avait – il pas dit , je me sens aussi avec une sensibilté centriste. Alors avec Fillon c’est le retour avec Juppé dans la politique de Chirac. Nous ne voulons plus de cette politique rétrograde, nous devons aller de l’avant

  • Francis NERI , 28 novembre 2012 @ 8 h 37 min

    “Il semble bien que nos élites autistes, en France et dans d’autres pays d’Europe, aient généré un état de révolte qui travaille en profondeur le peuple et lui donne la tentation d’appliquer l’article 35 de la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen de 1793 : Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.”
    Christine TASIN

  • marie-france , 29 novembre 2012 @ 11 h 36 min

    ou est la vidéo de Zemmour?? parceque Duhamel………………….

  • Gust , 30 novembre 2012 @ 5 h 42 min

    moi un orchestre de musique

  • François2 , 3 décembre 2012 @ 10 h 20 min

    Seguin et Pasqua cela rappelle de mauvais souvenirs. Ce n’étaient pas la fause droite, mais la fausse droite nationale. Séguin avait fait une campagne on ne peut plus molle contre Mastricht (à croire qu’il avait été spécialement désigné par le RPR pour ce rôle) ce qui avait permis au oui de l’emporter de peu, alors que si les Français avaient été motivés par quelques leaders, en plus de Le Pen bien sûr, le oui aurait été balayé par ceux qui sont européens, mais pas pour cette Europe-là, celle des fédérastes..
    Il nous faut une Europe basée sur le bon sens : celui du principe de subsidiarité. Cela entraine une monnaie commune mais pas une monnaie unique. Un célèbre prix Nobel d’économie, français de surcroit, a dit en 1997 : “Dans la situation actuelle, la France doit garder l’entière maitrise de toutes ses possibilités de décision. Cela exclut totalement l’acceptation d’une monnaie unique pour le proche avenir.”

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