Un ancien résistant de 89 ans agressé chez lui par des policiers

Né en 1925 dans une roulotte, Raymond Gurême est un ancien résistant qui a connu les camps allemands.

Alors qu’il n’a que 15 ans, des gendarmes viennent arrêter toute sa famille. Ils sont d’abord parqués dans une usine à Darnétal près de Rouen puis transférés à Sotteville les Rouen avant d’être conduits dans des wagons à bestiaux jusqu’à Brétigny en région parisienne. « Ca le mettait en colère mon père se voir prisonnier sur le sol Français, arrêté et gardé par des Français, lui qui avait fait la guerre de 1914 et avait même été gazé. Quand il disait aux gardien qu’il était Français, ils ne savaient pas quoi dire et se débinaient. »

Il s’évade la première fois alors qu’il n’a que 15 ans et se fait reprendre rapidement, dénoncé par le maire de la commune à qui il avait demandé de l’aide. Arrêté plusieurs fois, déporté en Allemagne, il participera finalement à la libération de Paris.

64 ans plus tard, le 23 septembre 2014, des policiers font une descente sur le terrain dont il est propriétaire dans l’Essonne. Ils s’introduisent dans son domicile et lui demandent d’en sortir, ce qu’il refuse de faire. Voici le témoignage d’un membre de la famille :

“le commissariat d’Arpajon a décidé le 23.09.14 de se déplacer à notre domicile en opération coup de poing armé de gomme cogne, matraque télescopique 9mm, taser, bombe lacrymogène, se sont autorisés a rentrer et fouiller dans nos domiciles sans mandat de perquisition ».

Face à l’opposition du vieil homme et de sa famille, la réaction policière est immédiate. Un témoin raconte : « une femme portant son bébé dans les bras a été gazée, une femme enceinte frappée et gazée, une mineure de 16 ans et sa mère la défendant, le fils du propriétaire a été massacré par 4 de leurs hommes après s’être défendu, un autre de ses fils a été salement amoché et la maman de la mineure a été transférée a l’hôpital pour coup aggravé. »

Raymond Gurême s’est rendu chez un médecin pour faire constater les violences policières. Celui-ci constate des ecchymoses sur l’avant-bras et le thorax ainsi que des contusions à l’épaule et sur le crâne. Il a déposé plainte contre les policiers.

Nous vivons une époque formidable où 3 présumés terroristes, fichés et recherchés peuvent franchir la douane d’un aéroport sans être inquiétés mais où un vieil homme de 89 ans, ancien résistant se fait frapper par la police parce qu’il refuse qu’on fouille sa maison sans raison.

Nous attendons avec impatience la version policière qui nous apprendra certainement que Monsieur Gurême du haut de ses 89 printemps s’est jeté sur les policiers, les a roué de coups avant de les plaquer au sol puis s’est fait repousser par d’autres vaillants représentants des forces de l’ordre sans qui leurs camarades auraient probablement succombé aux coups meurtriers du nonagénaire terroriste.

Il serait bon que dans ce pays, à défaut d’apprendre à certains policiers les règles d’usage de leurs armes, on leur apprenne au moins l’histoire de France et celle des résistants à qui ils doivent aujourd’hui de vivre dans un pays libre. Vichy, c’est fini. Apparemment, tous ne le savent pas.

Courage Monsieur Gurême. Si certains policiers salissent leur uniforme en ripostant de manière manifestement disproportionnée face à la menace considérable qu’un homme de 89 ans représente pour leur sécurité, nous n’oublions pas, nous, tout ce que nous vous devons.

> Philippe Alain anime un blog.

Related Articles

63 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Christin , 28 septembre 2014 @ 10 h 06 min

    En effet, on n’a aucune explication sur ce que lui reproche la police. Et si sa famille a été amochée, c’est que la police ne s’attaquait pas à un vieillard… Pas clair, ce texte.

  • Gaudin , 28 septembre 2014 @ 10 h 11 min

    Je ne crois pas à une irruption soudaine de la police sans fondement. Si des policiers viennent à l’improviste m’arrêter ou arrêter les membres de ma famille présents, on répondrait à leurs questions et on les suivrait dans les locaux de la police pour connaître l’accusation, assistés ou non d’un avocat.

    Qu’est-ce que c’est que cette famille pas intégrée, ne connaissant pas ses devoirs et ses droits.

    Ce préambule de “Résistance” n’est pas plus croyable que déporté il soit présent à Paris en août 1944. C’est la famille Entourloupe. G.

  • pas dupe , 28 septembre 2014 @ 11 h 03 min

    Que penser ? J’avoue que je suis perplexe.
    J’aimerais bien savoir d’où vient cette info ? Les quelques sites consultés renvoient à ndf !
    Aucune presse ne la relaie ? Bizarre.

    A cette même époque il y a des opérations coup de poing de la police dans le département de Valls pour rechercher les agresseurs de deux CRS.
    Là, il est écrit que le commissaire d’Arpajon s’est déplacé. Est-ce qu’un commissaire de police se déplace juste pour agresser une famille ??

    Médiapart fait même la publicité pour le livre de ce monsieur.

    Simple réflexion : Si un commissaire se déplace, je suppose qu’il a l’autorisation d’un juge. Ce n’est donc pas anodin. Cela veut dire qu’une enquête semble en cours. Et si cette famille a résisté et refusé d’obtempérer, alors la police n’avait que la force pour les faire obéir.
    Cette action ne cacherait-elle pas quelque chose ?
    Y a t-il un non-dit ?

  • Psyché , 28 septembre 2014 @ 12 h 21 min

    Raymond Gurême est l’auteur d’un livre “interdit aux nomades”
    Il fa

  • Psyché , 28 septembre 2014 @ 12 h 32 min

    Auteur d’un livre “interdit aux nomades”, Raymond Gurême fait ou faisait partie de cette communauté des gens du voyage qui vit aux crochets des français et pense que tout lui est permi en toute impunité.
    Son titre de déporté est certainement exact car déporté “Rom” comme toute sa famille et on en parle pas assez dans les médias car il n’y a pas que la communauté juive qui a été visée par les déportations mais aussi les gens du voyage ainsi que les homosexuels et les “vrais résistants” que l’on oublie trop souvent.
    Le titre de “résistant” apposé au nom de Raymond Gurême dans cet article est certainement lié à sa résistance à la loi et aux forces de l’ordre.
    L’accueil de la “famille” aux forces de l’ordre a du être plutôt disons “incivil” et à mon avis a justifié la réaction.
    L’article signé Philippe Alain ne fait que jeter l’anathème sur des forces de l’ordre qui font leur travail ainsi que la confusion aux yeux des lecteurs en ne leur précisant pas tout.

  • Psyché , 28 septembre 2014 @ 12 h 40 min

    Une note biographique sur l’histoire de Raymond :

    Raymond Gurême est né en 1925 à Meigneux en Seine et Marne.
    Son père avait un cinéma ambulant et un chapiteau.
    Lui, il était circassien, acrobate.
    Ils tournaient en France, un peu en Belgique et en Suisse.
    Ils étaient des voyageurs, français depuis des générations.
    Ils ont le statut de forains en 1912.
    Raymond Gurême se définit comme voyageur (différent de nomade), roulottier, circassien, descendant de Manouches.
    Le 6 avril 1940 les forains n’ont plus le droit de circuler, interdiction signée par Albert Lebrun, président de la IIIe République.
    Le 4 octobre 1940, à Petit-Couronne, en Normandie, la gendarmerie arrête tout le monde, les emprisonne à Darnetal dans le camp de rassemblement des nomades, puis les transfère à Sotteville-lès Rouen, et de là, entassés dans des wagons à bestiaux, ils vont jusqu’à Brétigny-sur-Orge.
    Les gendarmes et les policiers les conduisent dans la soirée à travers bois et champs à Linas-Montlhéry. Ils sont dans le dénuement le plus complet : pas de lait pour les gosses, pas de feu, pas d’électricité, pas d’hygiène.
    Des bébés sont morts de froid et de faim.

    Après diverses évasions, arrestations, prisons et camps jusqu’en Allemagne pour faits de résistance, Raymond Gurême retrouve sa famille en Belgique en 1952.
    Ils ont été libérés sans rien.
    De retour à Darnetal, le père n’a rien retrouvé, ni l’argent, les bijoux, les caravanes, le matériel, tout a disparu. Ils n’ont eu aucune aide, aucune compensation.
    Il déplore le carnet de circulation (qu’il faut faire tamponner tous les trois mois par la police ou la gendarmerie) auquel les Tsiganes sont encore soumis.
    En faisant référence à la situation actuelle des Roms, souvent rejetés, Raymond Gurême conclut qu’il faut combattre les préjugés en éduquant les jeunes pour éliminer la discrimination et le racisme.

  • Psyché , 28 septembre 2014 @ 12 h 43 min

    Une note biographique sur l’histoire de Raymond :

    Raymond Gurême est né en 1925 à Meigneux en Seine et Marne.
    Son père avait un cinéma ambulant et un chapiteau.
    Lui, il était circassien, acrobate.
    Ils tournaient en France, un peu en Belgique et en Suisse.
    Ils étaient des voyageurs, français depuis des générations.
    Ils ont le statut de forains en 1912.
    Raymond Gurême se définit comme voyageur (différent de nomade), roulottier, circassien, descendant de Manouches.
    Le 6 avril 1940 les forains n’ont plus le droit de circuler, interdiction signée par Albert Lebrun, président de la IIIe République.
    Le 4 octobre 1940, à Petit-Couronne, en Normandie, la gendarmerie arrête tout le monde, les emprisonne à Darnetal dans le camp de rassemblement des nomades, puis les transfère à Sotteville-lès Rouen, et de là, entassés dans des wagons à bestiaux, ils vont jusqu’à Brétigny-sur-Orge.
    Les gendarmes et les policiers les conduisent dans la soirée à travers bois et champs à Linas-Montlhéry. Ils sont dans le dénuement le plus complet : pas de lait pour les gosses, pas de feu, pas d’électricité, pas d’hygiène.
    Des bébés sont morts de froid et de faim.
    Après diverses évasions, arrestations, prisons et camps jusqu’en Allemagne pour faits de résistance, Raymond Gurême retrouve sa famille en Belgique en 1952.
    Ils ont été libérés sans rien.
    De retour à Darnetal, le père n’a rien retrouvé, ni l’argent, les bijoux, les caravanes, le matériel, tout a disparu. Ils n’ont eu aucune aide, aucune compensation.
    Il déplore le carnet de circulation (qu’il faut faire tamponner tous les trois mois par la police ou la gendarmerie) auquel les Tsiganes sont encore soumis.
    En faisant référence à la situation actuelle des Roms, souvent rejetés, Raymond Gurême conclut qu’il faut combattre les préjugés en éduquant les jeunes pour éliminer la discrimination et le racisme.

Comments are closed.