Lettre ouverte aux dirigeants de l’UMP…

Après avoir rejoint le RPR en 1977 et l’UMP dès sa création, j’ai rempli plusieurs mandats électifs avec ces étiquettes. A l’Assemblée Nationale, durant trois législatures, j’ai adhéré au groupe formé par les élus de ces partis. J’ai quitté l’UMP en 2012 lorsqu’une campagne totalement indigne y a été menée contre moi. Préoccupé depuis longtemps par la dérive de ce mouvement, dans son fonctionnement et dans le choix de ses représentants, profondément déçu par sa perte de valeurs, son manque d’idées et son incapacité de mettre en oeuvre les réformes indispensables au pays, je pourrais aujourd’hui me réjouir de voir mes craintes vérifiées, et plusieurs de ceux qui m’ont injustement attaqué, apparaître sous leur vrai jour. Je souhaite au contraire que cette expérience désastreuse soit l’occasion d’une prise de conscience salutaire.

L’UMP réunissait trois familles de pensée honorables. Le gaullisme incarnait le patriotisme, le libéralisme exprimait une exigence d’efficacité économique, le centrisme plongeait ses racines dans la Démocratie Chrétienne. Ces trois sensibilités n’étaient nullement incompatibles, et en chacune se manifestaient des tendances conservatrices ou progressistes, des conceptions plus ou moins favorables à la construction européenne. D’un grand parti fondé sur des traditions fortes et dont la diversité aurait dû alimenter un fructueux débat, vous avez fait une « machine à pouvoir »: une machine à prendre des places, y compris la plus haute, une machine qui permet à ceux qui se sont emparés des commandes de traiter les autres en rouages. Une machine n’a pas d’âme. L’UMP n’a plus aucune valeur qui lui soit indissociable. Elle est devenue une firme commerciale, qui vend sa marque en faisant élire ceux qui la portent, en payant ses logos et ses spectacles au prix fort mais sans se soucier de l’identité du produit. Il doit seulement correspondre à l’attente du marché révélée par les sondages. Un candidat au profil porteur, des thèmes qui fluctuent avec le temps, une inconsistance camouflée en pragmatisme ou en refus compulsif du conservatisme, telles sont les recettes qui ont assuré des succès stériles, puisque le pouvoir n’avait d’autre objectif que lui-même. Dix ans de gouvernement, dix-sept de Présidence n’ont pas enrayé le déclin évident du pays. Le vide sidéral de réflexion politique à réduit votre action à une suite de manoeuvres tacticiennes. Une dissolution stupide, un immobilisme consternant, une ouverture à gauche après une victoire à droite, des velléités écologiques à contre-temps, une politique de faux-semblants en matière d’immigration et de délinquance, un accroissement continu des déficits et de la dette… La liste est longue des démentis infligés aux électeurs fidèles qui ont continué à croire face à la gestion calamiteuse de la gauche que la « droite » était plus sérieuse. Sans souci pour le Bien Commun, ce que de Gaulle appelait « l’intérêt supérieur de la Patrie », sans égard pour les valeurs chrétiennes inséparables de notre Histoire et de notre Culture, sans même d’attachement aux libertés fondamentales, vous avez tour-à-tour subi les influences et les pressions des lobbys à la mode, allant jusqu’à plier votre discours à leurs mots d’ordre : développement durable et taxe carbone, discrimination positive et repentance, théorie « scientifique » des genres et union civile des personnes de même sexe. Il n’y a guère de sujets sur lesquels les élus de vos formations se soient battus dont vous n’ayez sans vergogne abandonné ou inversé les arguments. Vive le PACS, bravo la loi Taubira sur l’esclavage transatlantique, non aux lois mémorielles de « droite », mais oui aux autres. Etre parlementaire UMP consiste à voter comme le veut le groupe, c’est-à-dire le parti, et à courtiser les puissants du moment en son sein. Attention à ceux qui aiment le travail et l’indépendance, les cadeaux vont cesser, l’exclusion menacer. Pour avoir fait en 10 ans une seule intervention de deux minutes contre l’introduction de l’orientation sexuelle dans la Loi créant la Halde, le « lobby gay »m’a poursuivi de sa vindicte. Au mépris de la liberté d’expression et de nos statuts, vous lui avez donné raison. Votre ignorance et votre légèreté vous ont conduits à me retirer l’investiture en 2012, sans me donner la possibilité de m’expliquer, alors que le Conseil National m’avait investi. Or ce que j’avais déclaré était rigoureusement vrai, et ma position, conservatrice sur les valeurs familiales, parfaitement compatible avec nos statuts. J’ai été sanctionné par le parti sans jamais avoir été condamné par la Justice.

Ce procédé insoucieux de toute démocratie était révélateur d’un fonctionnement dédaigneux de toute morale. La machine se préoccupe d’une seule fin, le pouvoir, des quelques hommes qui en détiennent dans ses rouages, et des moyens pour en obtenir davantage, en ignorant l’éthique. L’un de vous a risqué, en connaissance de cause, le mot de mafia. Il est vrai qu’une « famille » qui exécute un de ses membres pour avoir déplu au chef, mais qui laisse ses portes ouvertes à ceux que la justice a condamnés, suscite un rapprochement. Vous avez présenté dans ma Région une liste conduite par un de ces exécutants dociles, servilement complices, et prêt à tout pour monter en grade. Mépris pour les électeurs nordistes, mépris pour le parlement Européen, mais récompense pour celui qui a participé aux manipulations comptables et électorales du parti ! Le coupable larmoyant fait un bouc émissaire idéal qui vous délivrerait de la peste à bon compte. Or la maladie est beaucoup plus répandue. Elle a touché la campagne présidentielle, le parti et le groupe de l’Assemblée. Cela fait plus d’un homme. J’avais déjà interrogé Jean-François Copé sur les comptes du groupe auquel je versais ma cotisation mensuelle. Je me demandais si le groupe n’offrait pas des facilités à « Génération France », le micro-parti qu’il avait créé. J’attends toujours sa réponse. Il est essentiel que les bénéficiaires des surfacturations soient connus. J’apprends aujourd’hui que mes cotisations ont été utilisées pour faire face au déficit des campagnes, donc de la législative menée contre moi. En 2011, j’avais participé à un colloque organisé par le Parlement Européen à Beyrouth, consacré à l’avenir des Chrétiens d’Orient. Présent à titre personnel, j’avais eu la surprise d’être le seul Français, et la joie de pouvoir y représenter mon pays et mon groupe politique, notamment en intervenant lors de la conférence de presse où l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie étaient présents. A mon retour, je me suis livré à un test en proposant que le groupe couvre une partie de mes frais. La réponse fut bien sûr négative. La comparaison entre cette anecdote et le financement du parti par le groupe, pour participer à des dépenses de campagne avec de l’argent public institutionnel non versé à cet effet, suscite une question : qu’est devenue la machine ? Un réseau de copains qui ne s’aiment pas et de coquins qui n’aiment pas la France qu’ils entendent seulement piller ? S’il y a le moindre doute que la réponse soit positive, alors mettez fin à cette imposture, cassez la machine et jetez les rouages défectueux, sans doute nombreux à son poste de commande.

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40 Comments

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  • PG , 28 juin 2014 @ 1 h 20 min

    C. VANNESTE rrefuse le constat : quand un véhicule est trop accidenté, il devient irréparable.

  • Cap2006 , 28 juin 2014 @ 8 h 17 min

    Merci à Mr Vanneste de m’apprendre qu’il a existé un courant “libéral” au sein de l’UMP.

    De toutes la longue période durant laquelle ce parti a été au pouvoir, le dirigisme économique n’a cessé d’empirer.

    Et encore aujourd’hui, dans la course à l’échalotte en vue de faire main basse sur le magot ( la dette ?) aucun des prétendants n’ose sortir d’une vision jacobine, dirigiste et déresponsabilisante.

    Quant à vous, il ne me semble que vous proposez la suprématie du peuple… avec une démocratie directe érigée en panacée…. Ce modèle là se passe très bien de partis politiques…

  • rorol , 28 juin 2014 @ 8 h 27 min

    bravo Christian Vanneste, il faudrait beaucoup d’homme comme vous pour éclairer les gens, la vérité blesse, tant mieux, sachez que nous aussi on y croyait mais plus du tout, au lieu de faire de l’anti-FN, qu’ils s’occupent donc des français

  • Charles , 28 juin 2014 @ 8 h 32 min

    Certes,Mr Vanneste,

    Votre témoignage est utile pour éclairer les naïfs

    Vous avez été ciblé par la sodo-sphère qui vous a tiré dessus à jet continu.
    Je veux dire, salve après salve,sans discontinuer.
    (j’aurai pu user d’un autre mot, mais restons bien élevés)

    En revanche, quid des gentils frères ??

    Vous ne pouvez pas ne pas les avoir vus autour de vous.
    Ils étaient vos amis,vos collègues. Aucun n’est venu à votre aide.
    Pour autant, vous n’en parlez jamais.Vous parlez de “mafia”.
    Vous savez bien que personne ne peut appartenir à ces mafias ,
    sans avoir été auparavant adoubé,donc tenus par les forces “marroniques” de Fronce.

    Tant que vous n’aurez pas craché le morceau sur la table,
    le débat poulitique se mord la queue.
    Il faut aller jusqu’au bout de votre parcours, car vous savez beaucoup de choses.
    je sais qu’il est difficile de tirer un trait sur un parcours public à l’assemblée.
    Si vous voulez encore être utile à votre pays et à celui de vos ascendants,
    prenez donc votre plus belle plume et racontez tout ce que vous avez vu.
    Y compris le pire et surtout le pire.

    Pour éviter les chicaneries juridiques ,vous pouvez donner un format
    de Roman a votre récit. Il suffit de changer les noms & les lieux.

    Les lecteurs motivés & attentifs sauront lire entre les lignes,
    mais la poulice poulitique UMPSS ne pourra rien faire pour interdire le livre.

    Comprenez bien que votre parcours politique est derrière vous,
    du simple fait de votre appartenance passée à l’empire de l’UMPSS.
    Les Français pauvres et les Français exposés ne veulent plus voir
    devant eux (ni derrière ) l’ombre d’une queue de politiciens UMPSS.
    Même les élus honnêtes qui ont du jouer le rôle d’idiot utile.
    Le rideau de la farce est tombé et il ne reste plus que des radeaux.

  • René de Sévérac , 28 juin 2014 @ 8 h 49 min

    Je souscris.
    Mais ça ne m’empêche pas de de regretter que chacun des transfuges en déduit qu’il faut chacun créer son propre parti (on y est si bien, mon cher Christian).
    J’ai observé avec regret le ralliement des 600 cadres LMPT, alors que le Rassemblement Bleu Marine a vocation à rassembler la droite gaulliste et le gauche chevènementiste dans un grand parti capable de diluer les quelques nostalgiques d’obédience JMLP.

    Le rêve : soixante millions de partis !

  • François2 , 28 juin 2014 @ 9 h 31 min

    Si, ce sont tous des pourris. La preuve, par exemple, depuis 10 ans par Jean Raspail (texte du 17 Juin 2004) :
    “Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’«éternelle» qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé.”

    Mais sauf preuve contraire, celui qui a à la fois très bien défini le problème (“génocide, démence, suicide”) et donné en même temps deux solutions principales (“mesures de survie”), c’est Jean Schmitt, il y a 28 ans :
    = 1986 = Jean Schmitt (livre « Fin de la France ? ») (finira directeur de la rédaction du Point) :
    «Il faut regarder la vérité en face et la dire : nous assistons actuellement en France à une altération et à une substitution progressives de la population de souche par des étrangers, autrement dit, à un génocide . »
    « Que doit-on penser des dirigeants français qui sont en train de laisser modifier l’identité de la nation française, de gaspiller son bien le plus précieux, son essence même ? C’est de la démence, du suicide ; et c’est d’autant plus impardonnable qu’il suffirait de quelques mesures pour tout sauver. »
    « Mesures de survie :
    1° Arrêt des francisations d’étrangers, qu’elles soient volontaires ou automatiques [ajouté par moi = suppression du droit du sol],
    2° Limitation stricte de l’immigration, en nombre comme en durée de séjour [ajouté par moi = remplacement des immigrés par des expatriés]. »

    Sinon la plus ancienne prophétie (bientôt 50 ans) me semble être :
    = 1965 = Georges Bidault (« D’une résistance à l’autre ») :
    « Les Français qui n’ont pas voulu de l’Algérie française auront un jour la France algérienne. »

  • jsg , 28 juin 2014 @ 10 h 04 min

    Parfaite votre analyse; le problème, c’est qu’elle ne sortira même pas les habitants de ce pays de la torpeur qui les avachit.
    Quant à “nos” chers “gouvernants” ils sont morts de trouille de faire sauter le couvercle de la cocotte sous pression. Ils prient pour que ce soit “un autre” qui en soit à l’origine, bien conscients dans leur for intérieur que le pays va sociétalement droit dans le mur.
    les Loges qui infiltrent tous les groupes sociaux, sont en grande partie responsables en se croyant à même de maitriser la situation.
    Bref, comme toujours, le clash viendra de là où personne ne l’attend; d’un groupe d’hommes qui se rebelle, d’un mouvement religieux, d’un pays qui se sentira humilié, ou simplement d’un rien…
    Bref, nous vivons une époque malsaine.

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