Tribune libre de Michel Geoffroy
Décidément les censeurs du politiquement correct ont fort à faire en ce moment, alors que les faits divers mettant en scène les comportements violents ou criminels de personnes étrangères ou d’origine étrangère « donnent le sentiment » (ça, c’est du politiquement correct !) de se multiplier.
La malheureuse affaire de Rennes qui a vu la mort d’un élève de 5e, Kylian, âgé de 13 ans, étranglé par un autre âgé de 16 ans, en donne une nouvelle illustration.
Ainsi le journal Le Monde, lorsqu’il présente les faits dans son édition du 26 juin 2012, se surpasse. Mais à vouloir trop en faire il finit quand même par nous faire découvrir une triste vérité. Les faits sont têtus, disait Lénine !
Celui qui n’a pas de nom
On sait que le prénom de l’auteur du meurtre a été changé : il s’appelait Souleymane, mais le journal l’appelle Vladimir, on ne sait trop pourquoi.
Mais ce changement cosmétique ne nous égare pas car l’auteur de l’article, Serge Le Luyer, nous précise quand même qu’il était issu « d’une famille de réfugiés tchétchènes » et qu’il avait des « problèmes linguistiques ». La référence au terme « réfugiés » est sans doute destiné à faire pleurer dans les chaumières. Mais on aura quand même traduit : Kylian n’a pas été assassiné par un Breton de souche…
Evidemment, le journal ne nous dit par contre rien de la victime ni de sa famille. Ils n’intéressent pas, ils dérangeraient même. La seule mère qui est citée est, bien sûr, celle de Souleymane. C’est d’ailleurs une constante médiatique dans ce genre de situation : ne jamais donner la parole aux proches des victimes, mais uniquement aux proches des prévenus ou des coupables. Avec eux, en effet, on ne risque pas le dérapage !
La mère et les amis éplorés (du meurtrier)
Que nous dit en effet cette pauvre mère ? D’après l’avocat elle « ne pleure pas seulement sur le sort de son fils mais aussi sur la vie fauchée de Kylian ». On appréciera la poésie des Tchétchènes : le pauvre Kylian a vu sa vie « fauchée ». Une fatalité en quelque sorte. Inch Alllah ! La pauvre dame est tellement triste qu’elle ne semble pas avoir établi de relation de cause à effet entre le sort de son fils (il a été écroué) et la mort de Kylian.
Autre constante médiatique : on « ne comprend pas », bien sûr, le geste de Souleymane. C’est en tout cas ce que disent « les jeunes membres de la communauté tchétchène de Rennes ». On découvre donc qu’à Rennes il y a une « communauté » tchétchène et qu’ils se sont rassemblés devant le tribunal « par solidarité avec notre ami ». Par solidarité, vous avez bien lu. Des fois que Souleymane ait été injustement mis en cause, sans doute. Ah ! Toujours cette maudite tchétchénophobie !
Un collège bien tranquille
On nous explique aussi que le quartier de Cleunay où se situe l’établissement scolaire qui a été le théâtre du drame était « paisible » et que tout le monde y est « sous le choc » depuis les faits. C’est encore une constante du politiquement correct : tous les quartiers où se déroule ce genre de drame sont réputés « paisibles » ou « sans histoires ». C’est à se demander ce que serait un quartier « chaud » pour les médias. On y tirerait à l’arme automatique ou au mortier, sans doute.
Quant à l’expression « sous le choc », il faut la traduire par tout le monde a peur en réalité, ce qui est évidemment moins médiatique.
La justice en marche
Mais heureusement la justice, l’implacable justice française, suit son cours. L’article insiste longuement, en effet, sur l’extraordinaire découverte faite par les magistrats : « L’autopsie a permis de confirmer que le décès résultait bien d’une strangulation, les constatations étant bien compatibles avec les déclarations de la plupart des témoins qui ont vu le mis en cause serrer le cou de la victime », a ainsi déclaré le procureur de la République. Voilà qui doit nous rassurer. Nous sommes dans un État de droit, que diable ! L’autopsie a établi que le fait de serrer le cou correspondait bien à une strangulation. La criminologie, c’est quelque chose.
Des témoins ou des spectateurs ?
Ce qui nous rassure moins, c’est que le drame a eu de nombreux témoins, justement.
L’article nous dit qu’un surveillant a demandé (sic) à Souleymane de lâcher prise ; puis que ce même surveillant et deux professeurs ont essayé de ranimer la victime ; puis que les élèves qui ont « assisté à la scène de violence » (resic) sont retournés en classe et que leurs professeurs ont « évoqué la violence dans les établissements scolaires ». Ah ! Les braves professeurs ! Toujours la fibre pédagogique. Bravo la « communauté éducative » ! Enfin, une cellule psychologique a été mise en place avec des médecins scolaires…
Mais, bien sûr, tout ce petit monde, qui a suivi le spectacle, a été incapable de s’interposer ni d’empêcher Souleymane d’étrangler Kylian. Mais c’est vrai que Souleymane, nous dit-on, « pratique la boxe en club ». C’est sans doute pourquoi des adultes n’ont pu le maîtriser ?
Mais, au fait, quel est le mobile du crime ? On ne sait pas, sinon que les regards de Souleymane et de Kylian « se sont croisés ». L’auteur de l’article, comme l’avocat, reviennent lourdement sur cet échange de regards. Comme si tout le monde semblait trouver normal que l’on tue pour un regard dans une école.
La solution : le lâcher de ballons
Enfin l’apothéose : on apprend qu’un lâcher de ballons aura lieu lundi à 14 heures à l’endroit même où le meurtre a eu lieu. Le lâcher de ballons est, comme la marche silencieuse avec ou sans bougies, un modèle du genre. Car les marches silencieuses comme les ballons ont l’avantage de ne pas faire de bruit : avec elles, pas de risque de voir poser les bonnes questions. C’est la panacée, le remède miracle contre la délinquance, contre la voyoucratie, contre la loi des bandes et des caïds dans nos villes, nos cités et nos écoles. Au Moyen Age on faisait, dans la même veine magique, des processions contre les épidémies.
En voyant ces gentils ballons s’élever dans la cour du collège de Cleunay, nul doute que les criminels vont se repentir et que le calme et la sécurité reviendront dans les écoles.
Pleure comme une femme ce que tu n’as pu défendre comme un homme, dit une légende arabe !
Cet article est publié en partenariat avec la Fondation Polémia.
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