Tribune libre de Stéphane Chapus
« Il a dit la vérité, il doit être exécuté », dit la chanson. Et en France, c’est bien connu, tout finit par des chansons. Alors que la bonne presse reprend d’une même voix les critiques de nos associations antiracistes contre sa dernière chronique évoquant Christiane Taubira, on apprend qu’Éric Zemmour ne sera plus à l’antenne de RTL, le matin, en septembre : laissez passer les bien-pensants ! Le MRAP s’est dit « scandalisé » par une chronique « haineuse, raciste, et mysogine ». SOS Racisme a évoqué un « machisme grossier », et « l’expression radiophonique d’une haine quotidienne ».
Que nos bonnes âmes à l’indignation sélective se rassurent : Éric Zemmour vient de se voir offrir le droit au cri silencieux. Quant à ses auditeurs assidus, dont je suis, pour qui la chronique d’Éric Zemmour représentait une indispensable bouffée d’air frais, ils devront se rabattre sur autre chose… Gageons qu’ils ne tarderont pas à manquer d’oxygène. Sans surprise, on apprend que cette décision aurait été prise il y a plusieurs semaines. Bien sûr, la victoire de François Hollande était alors, déjà, à peu près certaine. Mais nous serions bien malvenus d’y voir un lien de cause à effet : circulez, il n’y a rien à voir. La campagne présidentielle qui vient de s’achever par la défait de Nicolas Sarkozy plus que par la victoire de François Hollande nous en a donné maintes fois la preuve : la presse française, et la plupart des journalistes, sont majoritairement à gauche.
Pour autant, cette campagne a été exemplaire à plus d’un titre, car elle a été, aussi, une campagne de la presse. Au soir du second tour, Nicolas Demorand, directeur de la publication de Libération, était à la Bastille, dans la tente VIP. Beaucoup de journalistes ont fait campagne, d’ailleurs nous attendons le prochain article de l’immense Edwy Plenel sur son blog payant Mediapartisocialiste pour savoir si l’éviction d’Éric Zemmour a quelque chose à voir avec la Lybie. D’ici là, laissons du temps aux journalistes : beaucoup d’entre eux attendent le soir du 17 juin pour savoir avec qui ils sont d’accord. Il en va aujourd’hui de certains journaux comme de certains médicaments, sur lesquels on aimerait voir cette mention préventive : « Ne pas avaler ».
Électron libre, homme libre, Éric Zemmour dérange : il est en effet plus facile de le faire taire que de le contredire, plus facile de l’insulter que de débattre avec lui. Et on l’a rarement vu pris en défaut par les thuriféraires de la pensée unique, qui écrivent tant de pages et si peu de choses. Mais si on lui reproche son cynisme, il dérange surtout par l’implacable justesse de ses affirmations : comme l’Alceste de Molière, Éric Zemmour s’obstine à nous montrer qu’il faut dire les choses telles qu’on les voit. Et dans la bienséance ambiante, sa vision faussée voit simplement les choses comme elles sont… plutôt que comme on voudrait qu’elles fussent. Cette mauvaise nouvelle de la fin annoncée de sa chronique matinale démontre une fois de plus qu’il y a deux choses que nos médias de gauche ne supportent pas : l’intolérance, et ceux qui ne pensent pas comme eux. Et dans l’État exemplaire de François Hollande, où le son remplace peu à peu la lumière, on ne peut penser à Éric Zemmour sans avoir envie de lui dire les mots de Churchill : « Ce n’est que quand il fait nuit que les étoiles brillent ».
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