Le paysage politique qu’offre la France ce matin est pitoyable. 24% des électeurs ont donc été fascinés par un joueur de flûte porté par l’oligarchie arrogante et inefficace qu’un très grand nombre de Français ne supportent plus. Ils ont cru voter pour un homme hors du système et qui s’exprime comme un télévangéliste avec l’apparence de la passion, de la pureté et de la sincérité et ils ont apporté leurs suffrages à un énarque, banquier d’affaires, membre de la commission Attali, et des clubs socialistes mondains comme les Gracques ou la Rotonde, pilier de la « Hollandie ». Il est la quintessence du système. Celui-ci l’a porté avec ses réseaux, ses médias, ses copinages et son argent. Les relations nouées ont été utiles et les services rendus au sein du microcosme ont été payés de retour. Quant à la mise en scène du spectacle, son professionnalisme doit évidemment éveiller les soupçons sur l’authenticité d’un personnage capable de dire tout et son contraire.
Le ralliement de François Fillon et du parti qui prétend parfois être, entre autres, l’héritier du gaullisme est lamentable. Ils prétendent que l’ennemi est le Front National, en raison de son histoire. C’est évidemment faux puisque le mouvement de Mme Le Pen a rompu avec son passé de façon claire. L’argument suivant lequel ses propositions économiques et sociales sont dangereuses est plus solide. Mais c’est lors des législatives que l’orientation sur ces sujets sera donnée. En revanche, l’opposition frontale sur les questions de sécurité et d’identité nationale n’est pas avec les patriotes mais avec la gauche, devenue de plus en plus le parti de l’étranger, du déclin et de la décadence. En soutenant l’héritier de François Hollande, les Républicains donnent évidemment raison au slogan accusateur LRPS. Leur choix est comme d’habitude tactique, dénué d’idées et de valeurs. C’est celui de la boutique, de l’officine de placement électoral, qui veut sauver ses meubles, comme elle l’avait fait dans les « Hauts de France » et « Provence-Alpes-Côte d’Azur ». Aujourd’hui dans la situation inverse, à ceci près que son candidat ne pouvait se maintenir, LR embrasse Macron en espérant pouvoir l’étouffer : on partage peut-être le pouvoir entre la présidentielle et les législatives, et on tente de s’assurer le maximum de sièges lors de ce scrutin. La main sur le coeur, ils vont affirmer qu’ils respectent la volonté populaire et veulent assurer la continuité de l’Etat dans la stabilité plutôt que d’ouvrir la porte à l’aventure, qu’il s’agit de préserver l’Europe et de barrer la route à l’extrémisme. Ce faisant, ils prennent le risque infiniment plus grave de poursuivre une politique qui a vu s’effondrer l’autorité de l’Etat, s’ouvrir les frontières à une immigration de moins en moins assimilable et de plus en plus porteuses de périls, s’accentuer notre déclin économique et le chômage qui en résulte. Que penser de ces misérables carriéristes prêts à tout renier pour préserver leur « métier » et ses prébendes ?
La séduction exercée de façon absurde par un produit médiatique, qui n’a jamais été élu à aucun niveau et n’a donc aucun bilan qui lui soit propre, n’est pas seule à soulever l’inquiétude quant à l’intelligence collective des Français. Comment expliquer que près de 20% d’entre eux aient pu choisir Mélenchon le bateleur d’estrade, le chantre de la révolution bolivarienne, dont le programme était dément ? Ont-ils seulement comme pour Macron applaudi au spectacle ? Oui, mais ce n’était pas le même. On peut préférer la chanson populaire ou le rap à l’idole des jeunes du moment. Beaucoup de voix se sont dispersés sur des candidats qui n’avaient aucune chance d’être élus. Avec celles de Dupont-Aignan, Fillon virait en tête. Asselineau poursuit un curieux chemin. Carré sur ses dossiers, l’homme d’un seul combat entraîne un bon nombre de militants qui ne mesurent pas la vanité de leurs efforts. Dans quel but ? Narcissisme personnel ? Volonté de participer à une majorité ? Mais laquelle ?
La démocratie telle que la concevait le général de Gaulle reposait sur l’expression claire de la volonté du peuple. D’ailleurs lorsque celle-ci manquait de clarté, le fondateur de la Ve République se remettait en question au-delà de ce que lui imposait la Constitution. Mais pour cela, il faut qu’il y ait un peuple, avec la conscience d’un destin collectif. C’est sans doute ce mirage nostalgique qui a suscité le ténacité de Fillon. En fait, cette triste campagne aura mis en lumière un des travers français. Contrairement aux Américains, par exemple, beaucoup de Français sont infiniment plus intéressés par l’argent ou le privilège du voisin que par l’avenir du pays. C’est ce qu’ils appellent fièrement la passion de l’égalité et qui n’est le plus souvent qu’un mélange d’envie et d’hypocrisie. Ceux-là, en prenant pour vraies et importantes les accusations dérisoires portées contre Fillon, ont cru devoir punir le mensonge et la malhonnêteté. Ils ont surtout sanctionné les avantages dévoilés, par ailleurs assez répandus, mais détenus par un homme que la gauche avait, selon son habitude cynique, choisi d’abattre en détruisant son image plutôt que de combattre son programme. Le fait que cet homme incarnait le meilleur projet pour le redressement du pays est devenu secondaire. Giscard avait subi cela en 1981, et la France continue d’en payer les conséquences !
Le choix décisif dans les semaines et les mois qui viennent est clair. Macron représente toutes les idées qui contribuent davantage encore à la dissolution du peuple français, privé de souveraineté au sein de l’Europe, colonisé économiquement par le mondialisme, remplacé par l’immigration, éclaté par le communautarisme, miné par le terrorisme et la délinquance des banlieues. La résistance est donc à l’ordre du jour pour que vive la France.
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