Non à la privatisation de la République ! Tel pourrait être le cri de ralliement des vrais républicains, c’est-à-dire de ceux qui considèrent à juste titre qu’il n’y a République, quelle que soit la forme de l’Etat, que lorsqu’il y a un peuple dont le Bien Commun est l’objet essentiel du pouvoir. La République est avant tout la communauté politique, autrement dit la Nation dès lors qu’elle est conduite par un Etat. Dans sa « République », Jean Bodin montre que la Monarchie peut être la meilleure des républiques, si elle est « bien ordonnée », c’est-à-dire si elle vise le Bien Commun des ménages qui la composent, et n’est donc pas tyrannique. Le principe constitutif de la République est la souveraineté, le pouvoir exercé légitimement sur un territoire et sur des hommes. Les utilisateurs de ce concept rabougri par la gauche le limitent aux régimes tâtonnants qui ont succédé à la monarchie et dont le dernier éveille encore et toujours des désirs de réforme constitutionnelle. Pour eux, la République n’est pas la communauté nationale, mais une forme particulière de gouvernement. Certains pays n’ont connu que celle-ci, comme la Suisse ou les Etats-Unis. La France en a connu une autre qu’elle n’a pas conservée, et à laquelle elle n’est pas revenue, comme l’ont fait le Royaume-Uni ou l’Espagne. L’ennui, c’est que non contents d’avoir coupé en deux le Roi et la Reine, ceux qui l’ont instaurée ont aussi pris le risque de couper en deux le pays, en introduisant les germes d’une guerre civile permanente. Celle-ci est rallumée périodiquement par des discours qui tendent à exclure une partie des Français de la République en fonction des opinions qu’on leur prête, alors que l’esprit républicain devrait être avant tout le sens de la communauté nationale et de la solidarité de ses membres.
La plupart des thuriféraires de la République lui associent à juste titre des principes comme la liberté, l’égalité, l’Etat de droit, bref les valeurs sur lesquelles reposent les démocraties libérales, lesquelles peuvent parfaitement être des monarchies constitutionnelles, d’ailleurs. Que la bonne ordonnance d’un gouvernement exige qu’il se conforme à des principes, Jean Bodin l’affirmait déjà. Que le vrai souverain soit désormais le peuple, il ne le souhaitait pas, mais il l’admettait dans la forme qu’il appelait l’Etat populaire. L’essentiel était que le souverain exerçât sa souveraineté. L’oligarchie hargneuse au pouvoir et la dilution du pouvoir dans les arcanes européennes font aujourd’hui douter de cette « souveraineté ». Mais les autres principes sont-ils pour autant respectés ? Non, on use du mot de république pour la confisquer au profit d’un parti et de son idéologie et on veut en exclure un autre parti en raison de ses arrière-pensées supposées. Ce procès d’intention qui consiste à bannir une formation politique qui rassemble un quart des électeurs et n’exprime nullement le souhait de changer les institutions ni la forme du gouvernement est un scandale. Il crée deux catégories d’électeurs inégaux entre eux et ôte à l’une d’elle la liberté de s’exprimer. C’est une attitude incompatible avec la République dans la mesure où elle réduit le Bien Commun des Français à des choix partisans fort peu républicains en fait. Une notion comme la préférence nationale, interdite de séjour dans le discours politique de notre pays, est évidemment républicaine puisqu’elle souligne la solidarité préférentielle que doivent se témoigner les Français qui se partagent la même République, et qui les distingue des étrangers. De même, la République est inséparable de la souveraineté nous dit Bodin. Être souverainiste est donc nécessaire pour être républicain, car dès lors que le lien entre le détenteur du pouvoir et le champ d’application de celui-ci devient flou, la République s’estompe. C’est bien le problème de la dérive européenne actuelle, que contestent les souverainistes, les vrais républicains.
On mesure aujourd’hui les ravages de ces discours où des intérêts électoraux de partis nuisent à la conscience nationale. Sarkozy pense que la destruction du FN est une condition de survie de l’UMP. En bon libéral américanisé, il cherche à éliminer le concurrent. Ce sont les « affaires » comme on dit dans le « Parrain » plus que de la politique, mais ça a le mérite d’être clair. C’est pourquoi tout en interdisant l’alliance afin d’emprisonner son concurrent dans un premier tour stérile, il s’empresse de lancer des clins d’oeil à ses électeurs à propos du cochon dans les assiettes par exemple. La position du PS et de Valls surtout est plus grave. Elle consiste clairement à remettre en cause la communauté nationale. Il y a longtemps que l’on sait que l’adjectif « national » provoque l’urticaire chez les dirigeants socialistes. On ne peut en revanche qu’être atterré devant la bêtise d’Estrosi désignant le FN non comme un adversaire mais comme un ennemi. Qu’un prétendu « gaulliste » ait à ce point oublié le sens des mots et celui de « Nation » en particulier en dit long sur le niveau des politiciens actuels. On ne peut être républicain en étant antinational !
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