«Les hommes naissent libres et égaux en droits»

Tribune libre

Le premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen énonce l’ensemble des droits naturels et leurs conditions de mise en œuvre.

Aujourd’hui, ce droit inaliénable se prépare à subir des retouches, par une loi prochainement présentée au Sénat, en vue de satisfaire les revendications d’une minorité qui souhaite redéfinir le principe même du droit naturel.

En effet, lorsqu’une femme met au monde un enfant, l’individu accouchant, et l’individu nouveau-né, ont déjà toute une histoire derrière eux, même si elle ne fait commencer.

On ne réécrit jamais l’histoire d’un enfant. Il est conçu, porté, et mis au monde.

Pendant la grossesse, les échanges intra-utérins, entre le sang maternel et le sang fœtal, partagent les substances indispensables à la croissance de l’enfant. L’enfant et sa mère partagent également les peines, les joies, les frayeurs, les deuils, tout le ressenti de la femme.

Tout ce vécu à la fois concret et psychologique, sera conditionnant pour la construction humaine et sensible de l’enfant.

Toute son histoire a déjà commencé. C’est pourquoi tant de grands psychiatres et psychanalystes, ont étudié ces rapports entre la mère et l’enfant, avant même que celui-ci ne fut né.

Donald Winnicott, pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais, a consacré ses études aux interactions entre l’individu et son environnement. Il s’est particulièrement arrêté sur « la préoccupation maternelle primaire », c’est à dire les compétences innées, et l’intuition de la mère des besoins de son enfant. Winnicott étudie également le rôle fondamental de la mère concernant l’existence psychosomatique de son bébé.

Quelle que soit leur histoire, quelle que soit l’identité de la mère biologique, son rôle est déterminant dès la grossesse et aura des conséquences sur la vie psychique et affective de l’individu.

La mère tentée de tomber dans « l’abîme de la maternité », conséquence possible de l’attachement construit par la préoccupation maternelle primaire, aura besoin du relais du père pour que celui-ci l’aide à décentrer le regard de l’enfant, de sa mère au monde. Lorsque l’un ou l’autre disparaît ou se révèle incapable de tenir ce rôle, l’enfant a besoin de trouver dans son entourage immédiat, dans l’identité de ceux qui prennent le relais des parents naturels, donc par exemple, en situation d’adoption, de se référer à ce même schéma d’identité : un homme et une femme. Un père et une mère. Si l’un ne remplit pas son rôle, l’autre ne pourra jamais y pourvoir à sa place, car un père n’est pas une mère, et réciproquement.

C’est donc la complémentarité homme-femme qui est à l’origine de la construction individuelle de l’enfant en tant qu’individu.

L’enfant adopté aura le même besoin d’identification, et cherchera tout d’abord à s’identifier à ses parents adoptifs, avant de ressentir le besoin d’accéder à ses origines, souvent lors de l’adolescence.

Toute cette construction, toute cette histoire naturelle, ne peut être niée. Si les parents sont faillibles, ils n’en restent pas moins des parents. Qu’une mère le veuille ou non, le fœtus ressentira ses émotions, goûtera les mêmes aliments, et cela aura des conséquences intrinsèques sur son développement. L’enfant, plus tard, se tournera vers la dualité homme-femme, afin d’obtenir son équilibre en tant que personne. Il s’appuiera sur leurs goûts, leur histoire, dans une posture transgénérationnelle qui lui permettra lui-même de devenir un individu accédant à la filiation.

Pourtant, tout cela est aujourd’hui menacé, et, aussi paradoxal que cela puisse paraître, au nom du même article de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, parce qu’une minorité de personnes, souhaitent accéder à la même construction, à la même histoire, sans que le droit naturel n’y puisse quelque chose.

Mais au delà des différences de point de vue sur ce droit naturel de naître libres et égaux en droits, c’est toute la question de l’amour qui est étudiée : les personnes homosexuelles sont libres d’aimer, d’apporter de l’amour à autrui, d’en bénéficier, d’en recevoir. L’enfant, lui aussi, a surtout besoin d’être aimé, c’est indéniable. Mais il a également besoin de se construire, de se repérer, d’éprouver sa sécurité, ce que permet la définition naturelle de la complémentarité homme-femme. Et malgré tout l’amour que des personnes homosexuelles pourront donner à un enfant, ils feront l’expérience à deux de ce que vivent parfois des personnes seules, de la difficulté de leurs enfants à se construire sans cette complémentarité, comme ce que vivent parfois douloureusement les familles mono-parentales. L’absence de l’un, ou de l’autre, marque et risque de conditionner sa vie psychique, sa vie affective, sa liberté.

Pourquoi, alors, fabriquer et produire sciemment les mêmes effets que les situations engendrées par de la souffrance ? Pourquoi fabriquer des difficultés, que d’autres auraient préféré ne pas vivre ? Peut-on maîtriser les besoins fondamentaux et naturels, partagés par tous les êtres humains ? On ne peut que les défendre.

Nous ne défendons pas « une aventure humaine », comme si une aventure pouvait être maîtrisée, enfermée dans un projet issu d’une volonté propre. Une aventure, c’est une découverte recherchée, une exploration de l’inconnu, mais qu’il ne nous appartient pas de créer. On la vit, on ne la fabrique pas.

C’est la formidable, la grande, l’immense aventure humaine, que nous revendiquons, que nous voulons défendre. C’est la définition de notre droit à l’existence, en tant qu’être humain, libre de la volonté de tout autre.

Le dimanche 24 mars, une majorité de familles, de jeunes, une multitude de personnes ont pris sur eux de venir témoigner de cette complémentarité fondamentale, pour le droit à l’existence de tout individu, dès sa naissance. Le droit à exister, par le processus de maturation présent dès et après la vie utérine.

“C’est la formidable, la grande, l’immense aventure humaine, que nous revendiquons, que nous voulons défendre.”

Malheureusement, dès les débuts de ce rassemblement, dont le premier eut lieu en novembre 2012, les garants de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, les protecteurs en titre de la démocratie, le Gouvernement français et certains de ses membres, ont choisi d’ignorer et de passer outre nos revendications.

Ils en ont orchestré le déni, minimisant notre nombre, nous stigmatisant selon notre appartenance sociale, religieuse, ou politique, jetant à la poubelle des centaines de milliers de courriers (700 000 exactement), pourtant rassemblé par des centaines de bénévoles soumis parfois à des pressions effroyables de menaces de mort reçues jusqu’à leur domicile personnel.

Ils ont choisi de nous ignorer, dans un mépris violent et provocateur.

Ils ont choisi d’ignorer plus d’un million de citoyens, pourtant « libres et égaux en droits ».

Ce déni, ce mépris, ces attaques contre la vérité naturelle, correspondent à ce qu’il convient d’appeler l’embuscade de dimanche soir : plus d’une centaine de policiers et CRS, munis de gaz et de gel lacrymogènes, de canons à eau, ont reçu l’ordre d’attendre “sagement”, pour mieux accueillir le ras le bol que les provocations gouvernementales et celles des lobbys, avait engendré.

À l’autorisation officielle de la manifestation, après avoir offert un cadre légal à nos revendications, ils ont substitué la répression, tendant à notre ras-le-bol bien légitime, une embuscade honteuse ordonnée par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, provoquant l’écœurement de nombres d’entres eux, selon les témoignages que nous avons reçus.

Nous interdire les Champs-Élysées, et y installer des CRS, des gendarmes et des policiers, pour mieux nous parquer, commes des citoyens de seconde zone, nous emprisonnant pour mieux nous ignorer, voilà la provocation, voilà la violence, voilà le véritable extrêmisme.

Monsieur le Président, Monsieur le ministre de l’Intérieur, Madame le garde des Sceaux, on ne parque pas des jeunes et des personnes, qui marchent pour leurs convictions, qui marchent pour défendre l’être humain, dans ce qu’il a de plus cher : sa liberté, et sa dignité, l’essence de son existence.

Alors nous avons commencé, sur les Champs-Élysées, notre chemin de résistance.

Résistance à votre dictature née du déni de nos revendications : nous avons investi la liberté que vos barrières tentaient de nous interdire. A l’instar de ces enfants, qui, plus tard, chercheront à escalader les barrières de leurs origines, pour construire leur propre identité, nous avons gravi le mur de vos interdictions.

Résistance face à votre déni de démocratie : nous avons escaladé vos barrières de métal, et nous avons soumis nos poumons à vos gaz nauséabonds et destructeurs.

Au panache de notre jeunesse, vous avez opposé la bassesse de votre haine, qui ne supporte pas que nos convictions remettent en question vos mensonges.

Au mouvement pacifique des familles d’une marche sans heurts, vous avez organisé et commandité l’oppression, sans hésiter à toucher des enfants et des personnes innocentes, qui n’avaient même pas contrevenu à vos diktats policiers.

À votre violence, et à toutes vos tentatives de nous décourager, nous choisissons de nous opposer, en construisant une alternative contre laquelle aucune loi ni personne ne pourra rien faire …

Béatrice Bourges, porte-parole du Collectif pour l’enfant, propose de construire la meilleure réponse à toutes ces violences :
Celle qui reste fidèle aux convictions et aux revendications que nous lui avons confiées, celle qui sait répondre clairement et avec dignité à des journalistes ou des politiques qui cherchent à la piéger, nous envoie “construire l’Espérance”.

Alors nous construirons l’Espérance, la petite fille chère à Charles Péguy, une enfant toute simple, qui nous prendra par la main et conduira chacune de nos actions et chacun de nos combats.

Maintenant, permettez-moi de me tourner vers ceux que vous avez bafoué en les enfermant dans des étiquettes injustes et imméritées :

Vous tous, qui avez osé, qui avez gagné les lettres de noblesse, d’une jeunesse libre et prêt à beaucoup sacrifier au bénéfice des plus faibles, vous qui avez bravé les gaz et les interpellations infondées, vous qui avez osé saisir ce qu’on refusait de vous donner, je demande :

La résistance a-t-elle commencé ?

Hélène Julien, avec le concours de Béatrice Bourges, porte-parole du Collectif pour l’enfant, et de Frédéric Pichon, avocat.

Revivez le début du Printemps français sur les Champs grâce à ces nouvelles images signées Nouvelles de France :

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31 Comments

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  • 0 / 10
  • Néo , 27 mars 2013 @ 0 h 21 min

    À Éric Martin : il faut mettre
    « La résistance a-t-elle commencé ? » dans une police plus grande !

  • Néo , 27 mars 2013 @ 0 h 23 min

    Sinon, la réponse, j’espère, est « OUI !!! ». Avec courage mais avec prudence, avec intelligence mais avec un brin de folie, et par tous les moyens, même légaux !

  • Eric Martin , 27 mars 2013 @ 0 h 23 min

    Ok !

  • Edmée Ladier , 27 mars 2013 @ 1 h 34 min

    Parfaitement bien dit, néo !

  • JSG , 27 mars 2013 @ 4 h 58 min

    “…En effet, lorsqu’une femme met au monde un enfant, l’individu accouchant, et l’individu nouveau-né, ont déjà toute une histoire derrière eux, même si elle ne fait commencer….”
    Je me demande par moment si ceux qui en sont à l’origine, n’en sont pas déficients, considérant que chaque être humain est un asticot, qui n’a aucune raison de connaître son patrimoine, ses racines, et pourquoi il est comme il est ?
    Veulent-ils fermer les yeux sur leur propre histoire qui les a amené à se comporter de la sorte, a être ce qu’ils sont ou ne sont pas ?
    Veulent-t-ils se persuader qu’ils sont ce qu’ils sont par génération spontanée, se persuader sous couvert d’égalitarisme forcené, qu’ils ne sont pas différents ?
    Si ces revendicateurs professionnels avaient le courage de répondre à ces simples questions, ils redeviendraient peut-être des individus fréquentables, respectés par leur prochain.

  • Pierre-François Ghisoni , 27 mars 2013 @ 8 h 52 min

    Excellent article, dont il faut lire toutes les lignes avec attention, puisqu’il y est aussi question de fidélité.

    Manifestement la ligne éditoriale de Nouvelles de France (devoir explicatif et préparation à l’action) se maintient et s’amplifie.

    Continuons !

  • Charly , 27 mars 2013 @ 9 h 05 min

    Excellent.
    Toutes ces paroles sont réconfortantes… sauf que va devenir ce “printemps français” si le collectif Manif pour tous se divise ?

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