Si vous avez suivi l’interview, pardon l’interrogatoire de Laurent Wauquiez par Ruth Elkrief sur la chaîne du macroniste Patrick Drahi, vous avez évidemment été surpris du ton et souvent des expressions de la journaliste face à un invité très clairement à l’aise.
Madame Elkrief pensait que le nouveau président des Républicains allait demander pardon, qu’il allait s’excuser sur ce plateau-confessionnal. Si elle avait su que, bien au contraire, il venait pour confirmer la presque totalité des confidences faites à la trentaine d’élèves de l’EM de Lyon, elle se serait passée de cette invitation.
La journaliste allait donc trouver une tactique pour contrecarrer les « convictions fortes » de son interlocuteur. En l’attaquant de front, parfois avec une agressivité à peine dissimulée par un sourire pas franchement amical. Alors, nous sommes restés sur notre faim de tout savoir sur les explications qu’auraient pu nous donner Laurent Wauquiez sur ses propos que d’aucuns parmi la classe politique ont jugé outranciers.
Dès que Laurent Wauquiez a tenté de prendre en comparaison les déclarations immodérées du Président de la république, Ruth Elkrief les écartait d’un geste. Et Wauquiez d’oser citer ce que Macron avait dit à Mayotte « ça pêche pas beaucoup ou alors seulement du Comorien”, en parlant d’êtres humains qui se noient dans des embarcations de fortune. Si moi, j’avais dit ça, que de polémique aurait-on entendue ! ». Et d’enchaîner sur le deux poids deux mesures qui lui ont coûté quatre jours de « défouloir médiatique ». Allons, lui répond Ruth Elkrief, c’est un argument de forme, mais Wauquiez persiste à citer Macron : « A-t-il présenté ses excuses aux Français quand il les a traités d’alcoolique, d’illettrés, de gens qui ne sont rien, quand il a dit que les retraités étaient des privilégiés ? Moi, je n’ai jamais méprisé les Français ». Ce à quoi, et aussi sèche qu’on peut l’être, Ruth, lui rétorque, avec un air sévère et tendu : « n’êtes-vous pas en train de faire ce que vous dites, de faire du bullshit médiatique ? Là, vous faites de la pire politique-politicienne pour essayer de vous défausser ». Et Wauquiez de lui demander pourquoi elle n’a jamais interrogé Emmanuel Macron sur les propos qu’il a tenu aux Français. « Allons, n’esquivons pas. On parle de vous. » Et la réplique vient comme une balle traçante : « Mais, madame Elkrief, c’est tellement typique de votre comportement pour mettre toute la poussière sous le tapis. Vous n’interrogez pas Macron sur ce qu’il a dit, mais sur moi. Quel déchaînement médiatique.”
Et vlan, oubliés les mauvais mots de Macron, oubliés sa politique qui mène au désastre, on passe à autre chose, et hélas, cet autre chose n’est pas du tout ce que nous espérions entendre. Des questions qui demandaient des réponses détaillées. Par exemple… Darmanin, pourquoi ne lui promettez-vous pas un grand destin ? Précisez votre pensée sur les députés guignols. Sur Sarkozy, mais vous étiez ministre alors, vous êtes-vous séparés de votre téléphone avant un conseil des ministres ? Fillon ? Donc vous croyez au Cabinet Noir puisque vous dîtes que « le machin a été totalement guidé ». Justin Trudeau ? Son islamophilie vous fait-elle peur ? Sur la France, vous avez dit que ça va péter très très mal et très très dur… Précisez votre pensée, c’est tout de même le plus important pour un chef de parti, non ?
Mais non, Ruth Elkrief avait sûrement oublié sa complicité affichée et photographiée avec Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Nous, nous l’avons encore bien en tête, et face à Laurent Wauquiez, elle nous l’a rappelée…
Floris de Bonneville
Lire aussi :
5 Comments
Comments are closed.