Ce dimanche, alors qu’aucun parti de masse ou grande organisation de la société civile n’appelait à manifester, le très hétéroclite collectif “Jour de colère” composé d’une soixantaines d’associations ou de structures se limitant parfois à une page Facebook a réussi à rassembler entre 17 000 (police) et 160 000 personnes (organisateurs) dans les rues de Paris.
#JDC D'un ami compétent en chiffrage plus de 60000 personnes a la manif ! C'est le début ! La prochaine nous serons 1 million! #FH ouille !
— Christine Boutin (@christineboutin) 26 Janvier 2014
Un écart impressionnant qu’explique notre confrère Slate.fr.
La cible commune des manifestants ? L’oligarchie politico-médiatique, comme le résume cette manifestante :
Le gouvernement nous pisse dessus. Les meRdias nous disent qu'il pleut #JourDeColere #JDClive pic.twitter.com/XGucFPFidE
— Bdr pour tous (@AgirBDRpourtous) 26 Janvier 2014
Conservateurs, catholiques, musulmans, libéraux, identitaires, militants pro-laïcité, fans de Dieudonné, groupes de lutte contre la pédophilie des élites, paysans en colère, nationalistes, simples mécontents… Une telle diversité de manifestants, de personnalités (Alain Soral, Christian Vanneste, etc.) et de slogans n’avait pas été observée en France depuis bien longtemps.
En début de parcours, des militantes Femen ont tenté de perturber l’événement, avant d’être interpellées par des policiers :
Selon nos informations, elles ont été relâchées dans l’heure.
Violences policières. En soirée, de violents affrontements ont eu lieu entre jeunes et “forces de l’ordre” :
Des tensions entre manifestants et policiers ont également été relevés vers Odéon (photos ici et là). Il semble que la police ait reçu les instructions de lancer les hostilités 8 minutes après 18h, ainsi que le montre ce témoignage d’une manifestante :
“Petit témoignage rapide sur la façon dont les manifestants se sont fait piéger. 10 mn après l’annonce de la fin de la manif, je descends l’avenue de Breteuil en direction du XVe, pour rentrer chez moi. Pas envie de me faire embarquer, je pars donc à l’opposé de l’Elysée vers la sweet home ! La majorité des gens en font autant. Soudain, mouvement de foule. Un premier cordon de CRS avançait vers nous. 10 mn encore après, alors qu’on regardait ça sans vraiment comprendre, on se fait gazer une première fois. On retrouve deux amies qui ont été bloquées en essayant de rentrer chez elle côté Vauban. Nous sommes encerclés, et la manif n’est pas finie depuis 30mn !! Au final ils ont laissé partir les manifestants par petits groupes, jusqu’au moment où ils ne les ont plus laissé passer du tout. On a vu, de loin, la rue bloquée définitivement. C’est ce qui s’appelle chercher l’affrontement… côté CRS en tout cas.”
D’autres témoignages confirment que la Préfecture de police a cherché l’affrontement :
Première manif où je vois la dispersion officielle et calme bloquée par les CRS afin de faire dégénérer #JDC pic.twitter.com/SbmZEwFyKA
— Florent #PCD (@Florent75015) 26 Janvier 2014
“Moins de 5minutes après la dispersion, je quitte la place Vauban par l’avenue de Breteuil pour rejoindre Montparnasse.
A 20 m de la place il y a un barrage de CRS avec barrières anti-émeute. Le chef des CRS nous indique un passage de 2m de large sur le trottoir de gauche. Je lui fait remarquer que le dispositif n’est pas approprié car tout le monde va vouloir sortir par là (c’est le métro le plus proche) et que ça va mal finir. Il me répond par un large sourire.
Je me dirige vers le trottoir de gauche où 10 CRS filtrent déjà les passants. La foule grandissant, 7 d’entre eux rejoignent leur camarades au milieu de l’avenue laissant les trois autres isolés (sympas la cohésion, c’est pas avec eux qu’on gagnera une guerre).
Les trois derniers rejoignent comme ils peuvent leurs camarades. Un coup de bouclier pas si méchant fait bousculer une mamie, un jeune répond par un coup de poing sur le bouclier, un flic en civil invite le jeune (auteur du coup de poing) à le suivre, des houuuuu sortent de la foule, puis des pétards et l’affrontement.”
La police de Manuel Valls (vexé d’avoir été comparé à Hitler dans la vidéo diffusée place Vauban ?) qui ne s’embarrasse pas face aux avocats :
Ce soir, les CRS ont frappé un avocat qui essayait de négocier pacifiquement la sortie des manifestants pris comme des rats. #JDC
— Bline (@dvocata_nostra) 26 Janvier 2014
Selon les sources, entre 150 et 260 personnes ont été arrêtées à l’issue de la fin de la manifestation, dont deux journalistes. Regroupés rue de l’Evangile avant d’être répartis dans les commissariats de la capitale (pour ceux qui seront placés en garde à vue), leur détermination semble intacte (voir ici et là), malgré l’humidité, le froid et la faim. 19 policiers auraient été blessés.
La couverture du Jour de Colère par les médias français est très décevante (cf. les JT de 20h de TF1 ou de France 2 par exemple).
Non vous ne rêvez pas: #TF1 n'ose pas parler de #JourDeColere dans les titres. #DictatureSocialiste #Merdias #PeupleBaillonné !
— Stop hollande (@StopHollande) 26 Janvier 2014
Heureusement, il y a CNN International :
"Jour de colère" à l'instant troisième titre du journal de CNN international après la Syrie et l'Ukraine #JDC
— Damien Lempereur (@dlempereur) 26 Janvier 2014
Destitution. Dans un communiqué, les organisateurs de ce Jour de colère estiment qu’
“il ne reste qu’une issue à cette crise : les parlementaires doivent immédiatement prendre les responsabilités que la constitution de la Ve République leur confie. Selon l’article 68 de la constitution, il appartient aux élus des deux assemblés de se constituer, par un vote, en Haute Cour de justice, afin d’engager la procédure de destitution du Président de la République pour « manquement grave » à l’exercice de ses fonctions. La ruine à laquelle il a conduit la France, alors qu’il ne se préoccupe lui-même que de ses turpitudes privées, ne lui permet plus de se parer du titre de Président de la République.
Le Jour de Colère exige solennellement des députés et des sénateurs qu’ils engagent cette procédure de destitution immédiatement. Le peuple, souverain de notre démocratie, leur adresse cet ultimatum et saura le leur rappeler dans les semaines qui viennent.”
Béatrice Bourges, porte-parole du Printemps français (une des soixante associations ou groupements à l’origine de “Jour de Colère”), a d’ailleurs déclaré place Vauban, où la manifestation s’achevait, “engager un jeûne complet jusqu’à l’ouverture de la procédure de destitution du Président”. Il est possible de la soutenir en entamant à son tour une grève de la faim, mais aussi via cette page Facebook ou par courriel ([email protected]).
Comme l’écrivait Saint Thomas d’Aquin dans sa Somme théologique, « La colère est bonne, (…) lorsqu’on recourt à la colère quand il convient, contre qui il convient et dans la mesure voulue » (2a, 2ae, q.158, a.3). Merci à Philippe Ariño pour la citation !
“Hollande, il vaudrait mieux pour lui qu’il se retire tout de suite”, prévenait dans son dossier de presse le collectif, sinon “‘Jour de colère’ ira le poursuivre dans la rue avant de le chasser dans les urnes”.
Comme l’oligarchie n’a pas l’air décidée à lâcher le morceau, voici à titre didactique une vidéo de la prise d’assaut il y a quelques jours d’un bâtiment public de Vinnitsa, en Ukraine :
Dispersion avec une promesse… "Nous reviendrons, plus nombreux encore"
#HOLLANDEDÉGAGE
#JDClive
— Я Faustine Я (@jeunefrancaise) 26 Janvier 2014
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