L’Élysée économisera 400 000 euros avec le départ de Madame Trierweiler. À part ça, ce vaudeville renseigne sur la façon dont circule l’information.
On doit au socialiste dissident René Dosière ce petit calcul mental : le départ de Valérie Trierweiler rapportera 400 000 euros au budget de l’Élysée. Hollande ne venait-il pas de nous promettre une « réduction de la dépense publique »… C’est parti mon kiki !
Il est tellement économe, François Hollande, qu’il a même offert une campagne promotionnelle gratuite à sa starlette. Car selon Le Journal du dimanche, « jusqu’à présent, on n’avait jamais réussi à lui faire faire la couverture d’un grand magazine ».
Plus sérieusement, chaque nouvel acte de ce vaudeville démontre la pertinence de toute une série de questions que d’aucuns voulaient étouffer au nom du respect de la vie privée : statut de la Première dame, failles dans la sécurité du Président, voire possibilité de disposer d’un moyen de pression sur lui…
Habileté mitterrandienne
La journaliste canadienne Alexandra Szacka l’a révélé à l’émission « Mots croisés » : avant la conférence de presse de François Hollande, les journalistes s’étaient promis de creuser la question taboue. Finalement, ils n’ont guère insisté. Cela tient à l’habileté de l’intéressé qui, avant d’être Président, fut brièvement journaliste dans les années 1980.
Hollande a toujours su manœuvrer les journalistes. Ce jour-là, il en invita même quelques-uns après sa conférence de presse, pour la « débriefer » (source : Le Monde). Auparavant, il s’était d’emblée placé sous le signe des grands principes, renvoyant dans les limbes de la presse tabloïd toute question de vie privée. Cela déclinait le stéréotype suivant lequel il ne faut surtout pas voir les choses par le petit bout mesquin de la lorgnette. De quoi culpabiliser les journalistes qui auraient eu des velléités de revenir à la charge.
Puis il a répondu sèchement à la question d’un journaliste d’Associated Press : « Pour nous, ça fait partie de ce que nous pensons être un certain nombre de valeurs et de principes ». Manière subliminale de jouer sur la corde antifasciste : le spectre du suicide de Salengro suite à son dénigrement par la presse d’extrême-droite des années 30. Ce grelot idéologique avait déjà été agité lors des affaires Strauss-Kahn et Cahuzac.
À partir de là, nul ne voulut s’y risquer. Voilà pourquoi les journalistes restèrent plusieurs mois sans vendre la mèche au sujet de la relation clandestine de Hollande… comme ils étaient jadis restés plusieurs années muets au sujet de la fille cachée de Mitterrand (affaire révélée par Minute et Jean-Edern Hallier).
Le revirement des journalistes est à la mesure de leur auto-censure. Que de chemin parcouru, en quinze jours, depuis les premières révélations sur l’affaire Gayet. En parallèle, que de chemin parcouru aussi depuis la conférence de presse de Hollande. À la volonté d’y croire des premiers jours a succédé le scepticisme. Au chèque en blanc accordé au soi-disant réformiste libéral-social, a succédé l’expectative. Somme toute, hormis le « licenciement » de Valérie, Hollande n’a, pour l’instant, encore rien fait qui aille dans le sens d’une réduction des dépenses publiques.
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