Pour sa 1ère visite en France, le pape François a fait un bref passage à Strasbourg, invité par le Parlement européen et le Conseil de l’Europe. Les discours étaient attendus, notamment en raison de certaines prises de position sur des sujets qui concernent l’Europe.
Qu’en a-t-il été ?
La tonalité a surpris plus d’un auditeur. On s’attendait à une énième commisération sur le drame de Lampedusa, une critique de l’Europe-forteresse ou une distance par rapport à l’héritage européen. Il n’en fut rien. C’est à une critique radicale du consumérisme, du droit-de-l’hommisme apatride, voire du mondialisme, que l’on a assisté.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je cite : « Il y a en effet aujourd’hui la tendance à une revendication toujours plus grande des droits individuels, qui cache une conception de la personne humaine détachée de tout contexte social et anthropologique, presque comme une « monade », toujours plus insensible aux autres « monades » présentes autour de soi ». Au conseil de l’Europe, il rappelait : « Nous avons, de fait, trop de choses, qui souvent ne servent pas, mais nous ne sommes plus en mesure de construire d’authentiques relations humaines, empreintes de vérité et de respect mutuel. » Certains y ont vu une référence au personnalisme. La critique du repli sur soi s’est accompagnée d’un appel à une Europe plus vigoureuse et fière d’elle-même. Je cite : « le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir l’Europe protagoniste, porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit des idéaux ».
Et sur l’identité nationale et l’ordre mondial ?
Le pape François a indiqué que « maintenir vivante la réalité des nations est un défi de ce moment historique, en évitant que leur force réelle (…) soit écartée face à la pression d’intérêts multinationaux non universels, qui les fragilisent et les transforment en systèmes uniformisés de pouvoir financier au service d’empires inconnus. »
Et la foi dans tout cela ?
Le pape a pris sa distance avec les lieux-communs contre le christianisme et la religion : « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence ». Le pape a également rappelé les persécutions des chrétiens.
Que peut-on conclure ?
Dans la mesure où les discours s’éloignaient du lénifiant politiquement correct, ils ont bien surpris. On pourrait parler de recentrage, notamment après les soubresauts du synode sur la famille.
Les médias s’en sont ils rendus compte ?
Non, ils ont dit ce qu’il voulaient entendre, un éloge de la construction européenne et une condamnation du fait que des immigrés clandestins meurent en mer en tentant de rejoindre le vieux continent…
33 Comments
Comments are closed.