Tribune libre de Bernard Debré*
Voici de nouveau le temps (socialiste) de la repentance. François Hollande va demander à la France et donc aux Français de se repentir. Dans Jeune Afrique, il a souligné qu’il « [était] temps que la France présente ses excuses pour les 132 ans de colonialisme en Algérie ». Rien que ça !
De quoi devons-nous nous excuser ? Des infrastructures ? Des voies ferrées, des aérodromes, des ports industriels ? Des procédés d’irrigations ? Des améliorations agro-alimentaires ? Des progrès sanitaires ? Des campagnes de vaccination ?
À moins que la France doive s’excuser du sacrifice mémorable des dizaines de milliers de Harkis, massacrés pour avoir trop aimé la France. De celui des centaines de milliers de militaires du contingent qui ont offert leur jeunesse, parfois leur vie, allant au devant de la mort sur ordre du Gouvernement (socialiste) de l’époque. De celui enfin des milliers de Français, Pieds-noirs, égorgés, torturés, violés, qui ont du choisir entre la valise ou le cercueil ?
Cette repentance est absurde, démagogique. Nous avons déjà subi le discours de Madame Royal à Dakar, point n’est besoin d’avoir sa molle copie.
Va-t-on s’excuser pour les guerres napoléoniennes ? Nous n’en sommes pas loin puisque la Marine nationale a envoyé un bâtiment au bicentenaire de Trafalgar, sans oser fêter Austerlitz… Mais demain, vu la manière dont l’histoire est enseignée, nos enfants ne connaîtront même plus le nom de ces batailles.
Va-t-on s’excuser pour les guerres de religion alors que des exactions ont eu lieu dans les deux camps ? Va-t-on s’excuser de l’Histoire de France et des actes de nos aïeux, dont pour beaucoup, nous ne connaissons que bien mal le contexte et les raisons profondes ? Quelle arrogance !
L’Histoire est un tout. Elle ne doit pas être découpée en ombres et lumières. L’ombre deviendrait la nuit, la lumière un éblouissement insupportable. L’Histoire est un tout, un tout qui doit être connu de tous et en particulier des enfants. C’est la bonne connaissance de cette Histoire qui assure le creuset d’une société, transmet l’expérience d’un peuple, développe l’intelligence et l’esprit critique des individus. Ce qui peut sembler poussiéreux, ce sont nos racines et la vie quotidienne de nos parents.
Dans chaque pays, des ombres existent, des lumières aussi. Dans chaque pays, l’Histoire est enseignée, ce n’est pas le parent pauvre face à des sciences exactes. Ne transformons pas nos écoles en confessionnaux, nos pupitres en « prie-Dieu ».
Quant à vous, Monsieur Hollande, remisez votre soutane de grand inquisiteur de l’Histoire et de la France, qui est aussi ridicule que le « boubou » qu’arborait alors Madame Royal car précisemment, nous ne tenons pas à revivre une Nouvelle Inquisition.
Si vous avez écrit cette phrase, c’est pour séduire les Français d’origine algérienne. Vous leur vendriez Marianne mais prétendez devenir Président de la République, quelle ironie ! Quel mépris de nos concitoyens. C’est indigne, ignoble. On ne brade pas la France pour des bulletins dans une urne.
*Bernard Debré (site) est député de Paris et ancien ministre.
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