Tribune libre d’Édouard Josse*
« Une poignée d’individus », voilà ce que nous sommes pour un ministre du gouvernement socialiste, en l’occurrence Arnaud Montebourg, ministre de la Bêtise crasse, de l’Étatisme pathologique et de la Misère sociale. Peu importe que les cinq kilomètres qui séparent la place de l’Étoile et l’Arche de la Défense aient été pleins à craquer, ainsi que les avenues Foch et Carnot. Peu importe que le peuple de France hurle désormais sans gêne sa colère, une colère qui monte inexorablement des tréfonds du pays. Pourquoi l’écouter ? Ils le méprisent, ils l’assassinent à petit feu et sans le moindre état d’âme. Faire voter le peuple, vous n’y pensez pas ! Vraiment, ce serait céder à un populisme éhonté. Seule l’oligarchie détient la vérité, elle est la seule garante du progrès, la seule autorisée à mener la marche de l’Histoire.
“Plus d’un million de Français, parfois très modestes, ont fait don de leur temps et de leur argent pour cette grande cause, car ils se sentaient les porte-paroles de millions d’autres, meurtris, humiliés, méprisés jusqu’au plus haut niveau de l’État et jusqu’au plus profond de leur conscience.”
Nous venions de toute la France, de toutes ses provinces, de toutes ses villes et ses villages, par-delà les frontières de la métropole. Il fallait s’acquitter d’une certaine somme, passer des heures dans un bus, à bord d’un train ou venir de bien loin en voiture. Plus d’un million de Français, parfois très modestes, ont fait don de leur temps et de leur argent pour cette grande cause, car ils se sentaient les porte-paroles de millions d’autres, meurtris, humiliés, méprisés jusqu’au plus haut niveau de l’État et jusqu’au plus profond de leur conscience.
Malgré toutes les intimidations et les entraves, le peuple a répondu massivement présent, prenant au dépourvu l’oligarchie au pouvoir. Les titulaires du brevet de la pensée régnante ont dû se répandre dans les médias pour minimiser l’élan historique qui prenait corps dans les rues de Paris. À grands renforts des journalistes qui, comme à l’accoutumée, n’ont pas eu le moindre scrupule à parler de « débordements » pour deux ou trois excités du GUD, ils ont voulu encore désinformer les Français. Les ordres indignes donnés aux commandants des unités mobiles par la préfecture ont été confirmés par Manuel Valls en personne, tandis que des officiers de police regrettaient en privé leur suivisme aveugle. Cependant, c’était déjà trop tard. Les chantres du vivre-ensemble et du penser-correctement ont montré leur véritable visage au monde entier, celui d’une gauche autoritaire, profondément antidémocratique, refusant quoi qu’il en coûte la parole au peuple. La violence de l’État socialiste à l’égard de manifestants pacifiques, dont des femmes, des enfants et des poussettes, a fait perdre toute légitimité au gouvernement et le monopole de la violence à l’État. Ce qui se lève aujourd’hui en France n’est pas quantifiable, mais c’est inexorable. Le gouvernement a réagi comme un pouvoir qui se sent vaciller, son acharnement à faire taire son peuple en est la parfaite démonstration. S’ils ont peur de la chute, c’est parce qu’ils la savent possible. Nous dirions désormais probable.
“Le gouvernement a réagi comme un pouvoir qui se sent vaciller, son acharnement à faire taire son peuple en est la parfaite démonstration. S’ils ont peur de la chute, c’est parce qu’ils la savent possible. Nous dirions désormais probable.”
À l’instant où le gaz a envahi les poumons d’enfants, risquant ainsi des œdèmes pulmonaires aux conséquences dramatiques ; depuis que leurs yeux se sont peuplés de larmes, traduisant tant leur souffrance que leur incompréhension ; la « Manif pour tous » ne peut plus se cantonner à la question du mariage et de la filiation. Depuis le 24 mars, la domination morale de la gauche est devenue insoutenable et visiblement de plus en plus dangereuse pour les Français. Si les oligarques sont dans l’obligation de violenter nos familles pour se maintenir au pouvoir, il est évident que les socialistes doivent abdiquer. François Hollande peut toujours éviter le pire pour lui et ses amis, il peut toujours empêcher le pays de sombrer dans le chaos, mais il doit pour cela dissoudre dès maintenant l’Assemblée nationale. Le président a été élu sur un malentendu qu’il nous faut aujourd’hui balayer. Pour ce faire, nous devons tenir sans fléchir, et amplifier encore davantage ce gigantesque mouvement populaire. Comme le disait si bien Henri Guaino face à la Grande Armée, nous ne nous tairons plus. Le temps où nous tendions l’autre joue est révolu, la « Manif pour tous » rentre dans une nouvelle phase, un état pré-insurrectionnel. Une troisième manifestation nationale est envisagée dès lors que le texte reviendra à l’Assemblée après le vote du Sénat. Un ton plus social et politique est désormais clairement donné, et l’ennemi clairement identifié : la gauche. Pour fédérer et faire venir ces nouveaux mécontents, un appel à la solidarité devra être lancé pour permettre aux membres des classes populaires de participer.
“Un ton plus social et politique est désormais clairement donné, et l’ennemi clairement identifié : la gauche.”
La comparaison que fait Rue 89 entre la Manif pour tous et le Tea Party américain (en l’occurrence les Tea Parties), est en ce sens loin d’être idiote ou même excessive. Si la question sociale et identitaire est greffée avec succès à la revendication de défense du mariage, cela pourrait éventuellement conduire à une redéfinition des valeurs à droite, clairement libérales-conservatrices. La tentative de dénaturation du mariage et l’oppression fiscale pourraient bien avoir raison du socialisme en France plus rapidement qu’on ne le croit. Nous ne pouvons plus reculer, saisissons notre chance maintenant, c’est notre plus sacré des droits et notre plus indispensable des devoirs.
*Édouard Josse est membre de l’UMP et co-président du Cercle des Célestins.
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