Suite aux tueries de Paris opérées par des islamistes, les alterophiles n’ont pas cessé de répéter que cela n’avait rien à voir avec l’islam en excusant ces crimes par les injustices, l’exclusion et la pauvreté dont auraient été victimes les terroristes. Dans un entretien paru sur le site essoneinfo.fr en date du 16 janvier 2015, Edwy Plenel s’interroge sur l’origine de ces attentats : « Qu’est-ce que cela dit sur notre société, sur ce que notre République a déserté comme enjeux ? ».
Son seul et unique questionnement pose d’emblée la défaillance de la République comme cause de ces crimes barbares. Il poursuit en expliquant que « dans cette réflexion, il y a évidemment notre soucis – et tout le monde connaît la position de Médiapart là dessus – de combattre tous ceux qui voudraient se saisir de cet événement pour continuer à agiter des épouvantails qui peuvent produire des monstres nés du ressentiment, nés de la victimisation, c’est-à-dire ceux qui sont du côté de la bouquémisserisation, de l’essentialisation, de la désignation à la vindicte de nos compatriotes d’origine, de croyance ou de culture musulmane ».
Au lendemain de la parution de cette interview, notre maître censeur partageait un article sur son compte Twitter faisant état, comme il l’expliquait, de « l’enfance misérable des frères Kouachi ». Article « à lire impérativement pour se ressaisir ». C’est donc clair : la raison de ces actes terroristes est la zemmourisation de la société, l’incapacité de la République à ne pas intégrer les minorités et la misère sociale.
Chez Laurent Ruquier, samedi 17 janvier, les propos étaient tout aussi peu sérieux que ceux d’Edwy Plenel. Alors que Michel Onfray, philosophe athée critiquant toutes les religions depuis des années, s’exprime sur l’islam en expliquant que dans le Coran « vous pouvez prélever le meilleur, vous pouvez prélever le pire » et en ajoutant que « l’amalgame serait d’assimiler ceux qui prélèvent le meilleur à ceux qui prélèvent le pire », le duo du Bien absolu, Léa Salamé et Aymeric Caron, était insupporté par ces critiques de l’islam.
Aymeric Caron le lui expliquait en ces termes : « ni vous ni moi ne sommes des spécialistes de religion ». « Nous ne parlons pas arabe ». « Nous ne sommes pas des islamologues ». En somme, un non musulman qui ne parle pas arabe ne peut pas critiquer l’islam. Caron avoue ainsi par là même le caractère aveugle de son islamophilie puisqu’il fait l’apologie, et cela sans concession, de cet Autre tout en soutenant que nous sommes dans l’impossibilité de le comprendre et de le connaître.
Il continue en ajoutant que « maintenant, si on veut parler de l’homosexualité, des droits des femmes, on peut en parler… nos sociétés à nous occidentales ont été jusqu’à très très récemment en retard sur toutes ces questions…on peut en parler aussi ! ». Donc non seulement nous n’avons pas les capacités intellectuelles de juger ou de critiquer l’islam mais, en plus de cela, nous sommes très mal placés pour le faire.
Pour Léa Salamé, c’est tout aussi clair : « le sujet c’est les 17 morts et je ne pense pas que ça vient directement du Coran ». Circulez, il n’y a rien à voir !
Misère de la pensée. Le débat se clôt seulement après que Caron ait pu avoir le temps de reprocher à Michel Onfray de s’être rapproché, selon lui, des positions d’Eric Zemmour et de Michel Houellebecq (c’est la technique du nouveau faisceau d’indices de diabolisation). Pourtant, en tant qu’athée libertaire de gauche, celui-ci critique autant l’islam que le christianisme. Toute critique de l’islam, même si celle-ci provient d’une critique de la religion monothéiste et non de l’islam en articulier, n’est alors pas possible et est assimilée aussitôt à de l’islamophobie.
En essayant d’expliquer ces attentats que par des causes économiques et sociales et en nous sommant de n’y voir là aucun lien avec l’islam, cela ne peut que nous laisser inquiets pour l’avenir. Il y a pourtant quelque chose que je ne comprends pas…La République était-elle défaillante quand elle palliait l’absence des parents des deux frères Kouachi en les accompagnant jusqu’à l’obtention d’un diplôme professionnel afin qu’ils puissent avoir un emploi ? Alors que dans le foyer en Corrèze, où ils étaient pris en charge en tant qu’orphelins, ceux-ci étaient « parfaitement intégrés » selon le chef du service éducatif du centre (Francetvinfo.fr, 12/01/2015, Coulibaly et les frères Kouachi, itinéraire d’un trio terroriste), qu’est-ce qui les a poussé ensuite à se radicaliser ? Que s’est-il passé pour qu’ils se laissent endoctriner par un islamiste radical, Fardi Benyettou, rencontré dans une mosquée à Paris intra-muros ? Qu’est-ce qui a incité l’aîné des deux frères à partir au Yémen en 2011 pour suivre des cours dans un centre d’enseignement salafiste ? Le basculement dans l’islam radical de certains jeunes a-t-il obligatoirement pour cause la pauvreté alors que 84% des familles dont les enfants sont impactés par le discours de l’islam radical appartiennent aux classes moyennes et supérieures ? (rapport du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam : La métamorphose opérée chez le jeune par les nouveaux discours terroristes, 2014). Est-ce une misère sociale qui a poussé Maxime Hauchard, jeune français de souche normand né d’une famille banale et sans difficulté, à rejoindre l’Etat islamiste ? Qu’est-ce qui a poussé ce jeune, si ce n’est donc pas la misère sociale, à partir en Mauritanie, en 2012, dans une école coranique ? Et l’islam dans tout ça ?
Le site du Figaro, le 13 janvier 2015, a retranscrit un entretien avec Naser Khader qui a créé une association « des démocrates musulmans » et qui est victime de menaces de mort pour ses prises de positions sur l’islam. Celui-ci souhaite qu’ « une bataille s’engage à l’intérieur de la maison islam ». Il explique que « les islamistes radicaux sont les nazis de l’islam. Les gens les mieux placés pour les combattre sont les musulmans ». Il n’est pas d’accord que l’on puisse affirmer que les terroristes n’ont rien à voir avec l’islamisme. « En refusant de le reconnaître, les occidentaux ne nous rendent pas service, à nous les musulmans démocrates. Car comment se battre si on n’identifie pas clairement l’ennemi ? »
Le 11 janvier 2015, suite aux attentats ayant eu lieu à Paris, une soixantaine d’intellectuels et de personnalités laïques du monde musulman ont signé une déclaration intitulée Notre responsabilité à l’égard du terrorisme au nom de l’islam qui a été publiée dans le magazine L’Obs.
Cette déclaration commence par expliquer que « le monde est en train de vivre une guerre déclenchée par des individus et des groupes qui se réclament de l’islam ». Elle poursuit ainsi : « Aujourd’hui, la réponse à cette guerre ne consiste pas à dire que l’islam n’est pas cela. Car c’est bien au nom d’une certaine lecture de l’islam que ces actes sont commis. Non, la réponse consiste à reconnaître et à affirmer l’historicité et l’inapplicabilité d’un certain nombre de textes que contient la tradition musulmane. Et à en tirer les conclusions ».
Selon ces musulmans, les alterophiles feraient donc fausse route en affirmant que les attentats perpétrés par les islamistes radicaux n’ont rien à voir avec l’islam (faut-il encore qu’ils osent prononcer les mots islamistes radicaux pour désigner les terroristes…). En ne reconnaissant pas que ces crimes ont un lien avec l’islam, le Parti de l’Autre bloque toute possibilité pour la communauté musulmane française de faire une auto-critique. Le terme critique vient du grec kritikē qui signifie discerner. L’auto-critique permet de discerner ses propres limites, de reconnaître ses erreurs et de s’améliorer. Cette auto-critique permettrait alors aux musulmans français d’accorder totalement leur pratique religieuse à notre système de valeurs en France et en Europe.
Leur islamophilie aveugle et sans concession empêche même les musulmans de faire un onstat sur les dérives et les excès de leur pratique religieuse en France alors même que ce constat est nécessaire pour envisager toute auto-critique et remise en question. Ce constat est celui que dresse le spécialiste de l’Islam et philosophe Abdennour Bidar depuis des années, à savoir « une dégénérescence multiforme » de l’islam : « ritualisme, formalisme, dogmatisme, sexisme, antisémitisme, intolérance, inculture ou sous-culture religieuse » (Merah, « un monstre issu de la maladie de l’islam », Le Monde, 23/03/2012). Cet intellectuel, qui appelle les musulmans à une « complète refondation » de l’islam, estime qu’il « doit devenir évident pour beaucoup plus de musulmans encore que désormais les racines de l’arbre du mal sont trop enfoncées et trop nombreuses dans cette culture religieuse pour que celle-ci persiste à croire qu’elle peut se contenter de dénoncer ses brebis galeuses ».
Si l’on explique que les attentats islamistes n’ont rien à voir avec l’islam, la communauté musulmane de France sera donc exonérée de la nécessité de cette auto-critique. Les mosquées seront alors encore fréquentées par des islamistes radicaux. L’islam sera encore utilisée comme une arme politique et terroriste anti-occidentale tuant des personnes qui n’ont rien à voir avec la malheureuse et criminelle politique impérialiste de leur État. Les minutes de silence dans les établissements scolaires, qui se multiplieront au fil des ans, seront donc encore perturbées.
Samuel Laurent, consultant international, a écrit récemment un livre intitulé Al-Qaïda en France aux éditions du Seuil. Fort de ses nombreux contacts, il a interviewé un islamiste radical de cette organisation qui lui a expliqué, en parlant des français, ceci : « En France, les musulmans vous détestent. Vous êtes trop embourbés dans votre politiquement correct pour le voir et oser l’admettre ». Je ne pense vraiment pas qu’il s’agisse de tous les musulmans de France. Néanmoins, cette phrase en dit long sur la situation et sur l’angélisme des maîtres censeurs…
> Paul Haram anime un blog.
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